Mine d’or, mine de rien
Sanso, petite ville au sud-ouest du Mali. Une mine d’or dont l’exploitation a été confiée à la firme Somadex (filiale de Bouygues). Il était prévu l’extraction de 120 tonnes dor en 11 ans.
Mais le code minier du Mali accorde une exonération de taxes pendant les trois premières années de l’exploitation.
La Somadex a donc concentré la production sur les trois premières années d’exonération en faisant travailler les mineurs 12 heures par jour, 6 jours par semaine. Sur ces trois ans, elle a ainsi produit 83 tonnes d’or.
Normalement la Somadex aurait dû payer des primes de rendement aux ouvriers. Elle n’en a rien fait. En juillet 2005, le comité syndical de Somadex a lancé une grève de 72 heures, pour l’obtention des primes.
Mais aussi pour le manque des soins de santé, les logements des ouvriers sans eau, électricité ou égouts, les contrats de travail falsifiés... et la forte utilisation de cyanure et d’arsenic dans le traitement des minerais qui pollue aussi bien l’air que la nappe phréatique et empoisonne ainsi la population.
Aussitôt la Somadex a licencié dix-sept mineurs pour faits de grève et accuse le secrétaire général du comité syndical, Amadou Nioumanta, de détournement de fonds. Elle le diabolise et en fait le « communiste à abattre ».
Le comité syndical transforme alors la grève de 72 heures en grève illimitée. Le 31 juillet 2005, après 25 jours de grève, Somadex essaie de briser le mouvement en imposant un lock-out aux 530 mineurs. Des descentes musclées de la milice de Somadex et de la gendarmerie terrorisent la population des cinq villages miniers de la région. Des familles entières sont soumises à des interrogatoires.
Aujourd’hui, avril 2006, neuf membres de la section syndicale sont en prison, dans des conditions très dures. Cinq responsables syndicaux ont pris le maquis.
Une pétition demande la libération des neuf emprisonnés, la réintégration des travailleurs licenciés, la réouverture des négociations. et met en cause l’entreprise Bouygues à laquelle elle reproche de bafouer en toute impunité les droits des travailleurs au Nord comme au Sud.
Au-delà de Bouygues et des mineurs de Morila, c’est la question de l’impunité des multinationales qui est posée, et des formes de résistance et de solidarité Nord/Sud à mettre en place pour le respect, ici et ailleurs, des droits économiques et sociaux.