L’argent sans frontières irrigue le terrorisme
Les réseaux armés savent profiter eux aussi de la déréglementation financière et de son opacité. Justice et Etats restent démunis. L’Amérique, désormais « hyperfragilisée », a promis à son peuple « d’éradiquer le terrorisme » avec l’aide de ses alliés. La riposte militaire qui, selon George W. Bush, doit « mener le monde à la victoire » semble avoir pour cible première la mouvance radicale islamiste implantée en Afghanistan, incarnée par Oussama Ben Laden et dont on rappellera que les factions les plus extrémistes ont été financées par la CIA pendant les années de guerre froide.
L’argent, justement, celui du terrorisme et du crime confondus, voilà bien un autre « mal » qu’il conviendrait aussi de diaboliser.
« La criminalisation des moyens de financement » des organisations mafieuses de toute confession est une actualité permanente, confirme Jean-Luc Marret, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. Ces groupes atomisés s’appuient sur le banditisme, les revenus de la drogue, mais aussi les fraudes au budget communautaire, pour mener à bien trafics et actions armées, via paradis fiscaux et corruption à grande échelle.
Un marché prospère...
De l’avis des experts, le chiffre d’affaires mondial de l’ensemble des organisations criminelles, représentait quelque 800 à 900 milliards de dollars (870 à 877 milliards d’euros) à la fin des années 1990, soit l’équivalent du produit intérieur brut (PIB) de la Chine à l’époque ! « En dix ans, ce sont au bas mot 3 000 milliards de dollars (3 227 milliards d’euros) qui ont été accumulés par les mafias dans le monde », assurent les juges Bertossa, Gialanella, Dejemeppe, Van Ruymbeke, Joly, Vichnievsky, auteurs de l’ouvrage « Un monde sans loi »
... et protégé
Cet argent « sale » n’a pas d’odeur, c’est bien connu, mais pas davantage de pavillon. Il est proche-oriental, tchétchène, chinois, colombien... En revanche, il dispose d’un savoir-faire que les années de libéralisation des places financières et des mouvements de capitaux liées à la mondialisation de la planète ont grandement facilité.
A titre d’exemple, le montant des actifs boursiers détenus par les cartels de Cali et de Medellin est évalué à 10 milliards de dollars. Dont une bonne partie était placée en valeurs de haute technologie, à l’origine de l’éphémère boom de la nouvelle économie, avant d’être réinvestie ailleurs dès que le vent a commencé à tourner.
Flexibilité et mobilité maximale, retour rapide sur investissement, nomadisme et globalisation dictés par la rentabilité locale, pensée émue pour la libéralisation des systèmes financiers et le démantèlement des restrictions aux mouvements de capitaux ; les « criminels de la mondialisation » ont parfaitement intégré les préceptes du libre marché. Et ceux de l’Etat minimum.
Eradiquer le terrorisme politique et idéologique est ambition noble, partagée, autant que processus d’envergure. Mais éradiquer les centaines de milliards de dollars d’argent « sale » qui continuent à circuler quasiment en toute impunité de par le globe requiert le même degré d’exigence.
Serge Marti
(pour le journal Le Monde)
(NDLR : rappelons que, depuis son élection, George W. Bush s’est opposé à la signature de nombreux accords internationaux comme le traité sur les mines anti-personnel, le protocole sur les armes biologiques ; la Cour pénale internationale ; le protocole de Kyoto sur le réchauffement climatique .... et les initiatives de l’OCDE contre le blanchiment et les paradis fiscaux. Et c’est justement de ces paradis fiscaux que provient le financement du terrorisme qui vient de frapper les USA)
Les profiteurs
Quelques minutes après l’annonce des attentats, le nom de domaine WorldTradeCenterAttacks.com est déposé sur Internet par un habitant du Wisconsin, pour 15 dollars. Aussitôt, il le remet en vente sur Internet . Après des enchères très disputées, le nom est adjugé le jour même pour 21 000 dollars (23 200 euros).
Un habitant de Singapour propose World.Trace.Center.tv mercredi matin 12 septembre pour 500 dollars. En quelques heures, les enchères atteignent 14 000 dollars !
Tout n’est pas perdu pour tout le monde !
Note du 11 septembre 2006 :
Et si ce n’était qu’une horrible machination ?
Il y a des éléments troublants
Une autre vidéo pose des questions
Si vous préfèrez la version originale en anglais, c’est ici :
http://video.google.fr/videoplay?docid=1336167662031629480&q=Painful+Deception