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Insécurité, délinquance en 2005
Il faut au moins reconnaître au gouvernement une chose positive : la transparence. Les chiffres sont donnés, même s’ils ne sont pas bons, même s’ils sont interprétés et interprétrables.
Au niveau de la préfecture de Loire-Atlantique, les chiffres sont donnés aussi, mais de façon globale. Quant aux détails, coucou, rien du tout ! Dans la région de Châteaubriant on se tait !
Voici donc les chiffres de la délinquance en France en 2005, tels que présentés jeudi par Michel Gaudin, le directeur général de la police :
délinquance générale :
en baisse de 1,3 % par rapport à 2004
délinquance de voie publique :
Baisse de 4,75% par rapport à 2004
En 2005, les vols à main armée avec arme à feu, les cambriolages et les vols à la roulotte ont diminué tandis qu’augmentaient les vols avec violence, les destructions et dégradations.
Violence contre les personnes :
en hausse : +4,97% par rapport à 2004.
En 2005, les violences physiques crapuleuses (+4,1%) et non crapuleuses (+7,8%) ont augmenté, ainsi que les menaces de violences (+4,6%), tandis que les violences sexuelles reculaient de 9%.
Criminalité organisée et délinquance spécialisée :
Baisse de 8% par rapport à 2004, troisième année de baisse consécutive.
Les homicides pour voler ou à l’occasion de vols (-4,55%)
ont diminué, tout comme les vols à main armée contre des établissements financiers (-15,96%), les attentats à l’explosif contre des biens publics ou privés (-11,07%), les règlements de comptes (-2,94%) et la fausse monnaie (-18,08%).
Ont en revanche augmenté les tentatives d’homicide pour vols (+22,06%), les fraudes fiscales (+3,54%) et les faits de proxénétisme (+1,64%).
Violences urbaines :
110.206 faits constatés en 2005 dont :
– 45.588 incendies de véhicules
– 6.996 incendies de biens publics
– 5.143 violences à l’encontre des services de sécurité, de secours et de santé
– 435 affrontements entre bandes.
En novembre 2005, 23.851 faits ont été recensés, soit trois fois plus en moyenne que les 11 autres mois.
délinquance économique et financière en baisse, -3,42% en 2005, Les falsifications et usages de chèques volés ont reculé de 14,3%, ainsi que les falsifications et usages de cartes de crédit volées (-3%).
Un bilan mitigé, donc.
Police partout
Dans les propositions de Nicolas Sarkozy on note une accélération de la surveillance policière des citoyens
il a proposé par exemple la « création d’une réserve citoyenne de la police nationale ». « Constituée de citoyens », cette réserve non armée, qui pourrait être composée de 1.000 volontaires dès cette année, aurait des « missions de médiation, de relation avec les populations, de sensibilisation à la loi et à la bonne conduite ».
« La réserve serait constituée de citoyens, qui comme les sapeurs-pompiers volontaires, veulent donner un peu de leur temps pour apporter leur contribution à la création d’une meilleure sécurité », a déclaré le ministre de l’Intérieur.
« Ils seront agréés par la police, et porteront des signes distinctifs », a-t-il précisé. Mais, la mission sera limitée, car ils ne seront pas armés et ne participeront à la rigueur qu’Ã de la médiation.
A Châteaubriant il y avait, naguère, des médiateurs, en particulier dans les quartiers HLM La municipalité Hunault les a supprimés au bénéficie « d’agents de médiation » qui ne sont autres que des policiers municipaux. Surveillance du stationnement payant, sorties d’écoles, déplacements à 2-3-4-5, voire 6 à la fois. Mais point d’animation de quartier.
Selon « Culture Femme », la proposition sarkoziste permettrait de faire des économies budgétaires. On peut souhaiter cependant que le modèle américain largement copié ne le sera pas également pour les prisons, car la proportion de « taulards » y est 8 fois plus élevée qu’en France. Terrifiant !!! et inutile.
Un train dévalisé
C’était dans le Nice-Lyon le 31 décembre 2005. Toute une affaire médiatiquement montée en une période où l’information est creuse et où la presse cherche de quoi se mettre sous la dent. 600 voyageurs présents, six plaintes, seulement dont trois déposées par la SNCF, malgré le numéro de téléphone mise en place par la gendarmerie pour recueillir les témoignages des « victimes ».
Pour autant, il ne faut pas cacher que les incivilités sont trop nombreuses dans les lieux publics . « Ce qui se passe dans les trains est le reflet de la réalité extérieure. »Le train est un huis clos qui peut conduire à des situations particulières. Il exacerbe certains comportements dans la mesure où les voyageurs sont contraints de vivre les uns avec les autres. Il est l’endroit dans lequel on voit le plus tôt les grandes mutations de la société." dit bénédicte Tilloy, directrice des trains.
Sommé de réagir, le ministre de l’Intérieur a cru trouver la parade en annonçant la création d’un service de police ferroviaire compétent sur tout le territoire. Effet de manche ? Un tel service existe déjà en Provence-Alpes-Côte d’Azur depuis octobre 2005 ! Seulement voilà : dès sa création, cette unité de 64 policiers fonctionne en dépit du bon sens. Basés à Marseille, gare Saint-Charles, ces flics du rail peuvent intervenir dans toute la région. Mais ils rechignent à agir hors du département des Bouches-du-Rhône, dont ils dépendent. « Les chefs de Marseille acceptent mal de voir le travail de leurs gars alimenter les statistiques du département voisin s’ils »tapent« des délinquants à Toulon ou à Nice », tempête un syndicaliste policier dans Le Nouvel Observateur . La sécurité victime de la guerre des polices ?
A l’école, aussi, suite à l’agression dont a été victime une enseignante d’Etampes, le gouvernement envisage des permanences de police. Le Parti communiste français interroge : « Le choix de donner à la police la mission d’établir ’la sécurité à l’école’ et de créer une milice, sorte de police parallèle aux missions floues, est une fuite en avant dans le populisme sécuritaire ».
Football
Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a déclaré, le 12 janvier 2006, qu’il entendait obliger les hooligans à pointer au commissariat au moment des matches de football pour rendre effective leur interdiction de stade. Cela se fait en Angleterre. Cela risque de faire en France un bel engorgement dans les postes de police.
Finalement, si l’insécurité se développe un peu partout, il y a des questions à se poser sur l’évolution de la société. La présence policière serait-elle une réponse ?
Sans permis de conduire
Autre élément d’insécurité : le nombre de conducteurs contrôlés sans permis est en hausse : 2937 cas en 2002, 9.756 cas en 2004, et 33.030. en 2005.
La hausse s’explique en partie « par l’augmentation du nombre de personnes qui perdent leur permis » avec le développement des contrôles et des radars automatiques.
On peut y voir aussi les conséquences de la difficulté d’accès au permis pour les catégories en difficulté.
Quand le permis est une condition essentielle pour trouver ou conserver un emploi, la tentation est grande de contourner la difficulté : « quelqu’un qui conduit sans permis n’a rien à perdre et cela peut pousser à une dégradation des comportements dangereux ». dit Jean-Pascal Assailly, psychologue spécialiste de la sécurité routière.
Pour lui, « il faut absolument réintégrer ces gens dans le trafic ». Une réponse serait de « faciliter l’accès au permis pour ceux qui ne le passent pas, en allant au-delà du permis à 1 euro par jour qui ne touche pas les plus défavorisés ». Il faut aussi « adjoindre un volet réhabilitation au permis probatoire, pour que les jeunes qui perdent leur permis rapidement puissent avoir une chance de s’améliorer », a-t-il ajouté.
Insécurité, étude insee
Source : Environnement, nuisances et insécurité - Indicateurs sociaux 1996-2004, par Le Jeannic Thomas, Vidalenc Joë lle, Insee
Les Enquêtes Permanentes sur les Conditions de Vie des ménages (EPCV) permettent de collecter annuellement depuis 1996 des indicateurs de conditions de vie dans de nombreux domaines. Ce volume rassemble les données disponibles sur le thème du cadre de vie et de la sensibilité aux nuisances (bruit, pollution, vandalisme) ainsi que des indicateurs de victimation et du sentiment d’insécurité.
Les nuisances augmentent souvent avec la densité urbaine.
Si les populations du rural isolé ou du périurbain regrettent le manque de commerces ou d’équipements (23% contre 6% à Paris, en 2004), celles des communes les plus densément peuplées se disent plus souvent gênées par le bruit de la circulation, la pollution ou les actes de dégradation d’équipements collectifs. Les zones urbaines sensibles (ZUS), comme les quartiers urbains les plus pauvres sont particulièrement concernés. Aussi, dans ces quartiers la délinquance figure parmi les préoccupations majeures.
Cambriolages et vols liés à la voiture ont diminué régulièrement ces dernières années. Ils touchent respectivement 2,5% et 9% des ménages sur la période 2002-2003, contre 3,5% et 15,5% sur la période 1994-1995. Au niveau individuel, 5,1% des personnes de 15 ans ou plus ont été volées et 6,7% ont été agressées en 2002-2003. Ce sont les jeunes et les hommes qui subissent plus souvent ces agressions. Pour les femmes, il s’agit plus souvent plutôt d’injures ou de menaces, les hommes subissant plus fréquemment des agressions physiques. Les femmes, et plus encore les femmes âgées, sont plus d’une sur dix à ne pas se sentir « souvent ou de temps en temps » en sécurité à leur domicile ; seuls 3% des hommes ont ce sentiment.
ségolène Royal : dérapage
Les propos de Mme ségolène Royal, candidate putative du PS, sont-ils du dérapage ? Ce serait déjà grave mais, si l’on en croit l’avis des militants réunis à Strasbourg le 3 juin, ce serait plus grave encore : la lepénisation des esprits est en marche. « Il ne faut pas laisser le monopole de la sécurité à Sarkozy » entend-on chez trop d’adhérents du PS.
Sarkozy, c’est déjà trop. On n’a pas besoin de Sarkolène ! Mise sous tutelle des allocations familiales, internats-relais, encadrement militaire pour les primo-délinquants.....Voilà ce qu’elle propose, se situant elle aussi sur le terrain des (fausses) solutions à la crise de la jeunesse.
Pour Maryse Vaillant : la violence (au sens positif d’agressivité) « est un moyen d’expression, d’existence même. Elle a toujours été présente, utilisée, canalisée par le système en place ; Ainsi, au front, ce n’étaient pas les généraux qui en prenaient plein la gueule, mais des gamins qui n’avaient pas 20 ans et qui voulaient en découdre ».
Les jeunes ont toujours été tentés par la déviation, par l’excès, c’est d’ailleurs un signe de vitalité. Mais autrefois il y avait des adultes pour dire : stop. Les pères, notamment, étaient valorisés, par le travail. Aujourd’hui beaucoup sont cassés par le chômage. Ils ont du mal à se projeter dans l’avenir car leur présent est bouffé par les soucis financiers : savoir comment se nourrir, payer le loyer et l’essence de la bagnole et satisfaire un peu les enfants pour qu’ils soient comme les autres.
La délinquance des jeunes n’est pas une fatalité. La plupart des jeunes parents ne demandent qu’Ã éduquer correctement leur enfant. Mais ils sont vite pris par les soucis quotidiens, démunis de lieux de parole, d’aide à l’éducation. Les structures villageoises n’existent plus et n’ont pas été remplacées. Les familles sont seules en face de leurs problèmes.
C’est à la base qu’il faudrait une « école des parents », pour tous les parents, sans ce côté punitif propre à susciter la révolte.
C’est à la base qu’il faudrait soutenir le travail des associations dans les quartiers, pour recréer ce lien social qui n’existe plus. Il faudrait aussi donner aux familles, réellement, le moyen d’offrir à leurs enfants des activités valorisantes. L’école joue encore ce rôle, notamment au travers des activités artistiques. Mais les structures type « Centre de Loisirs de l’ACLA » ou « Ecole de musique » sont encore hors de portée de familles qui ont bien du mal à boucler le budget en fin de mois.
Alors on peut créer des « centres éducatifs fermés », embaucher des policiers, ouvrir des prisons .... cela coûtera très cher sans résoudre les problèmes, sans supprimer cette rage qui habite trop de jeunes, ceux qui sombrent dans la délinquance, et ceux qui, sans aller jusque là , se désespèrent de trouver un travail et un logement et de fonder une famille. Ceux-là font moins de bruit, mais sont tout autant désespérés, proie facile pour les pourvoyeurs d’alcool, d’herbe de l’oubli, de suicide. Laisserons-nous détruire ainsi la société ?
B Poiraud.
(1) psychologue et écrivain, auteure du livre « La réparation » (Gallimard 1999) et de " Violences au quotidien (La Martinière Jeunesse 2002)