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Santé et insertion
Après une période d’expérimentation et d’actions concrètes menées sur le terrain, les Mutuelles de Loire Atlantique et l’Union Régionale des Entreprises d’Insertion (UREI) ont souhaité, le 16 septembre 2002, confirmer leur engagement mutuel en signant un protocole d’accord sur le dispositif « Accès Santé ».
« Accès Santé » s’adresse aux personnes en insertion et aux encadrants de ces structures. Il a pour objectif de favoriser l’accès aux soins des personnes en situation de précarité. Une offre mutualiste spécifique a ainsi été créée. Cette garantie santé - originale tant dans son contenu que dans son élaboration - est en partie financée par le bénéficiaire, l’entreprise d’insertion, l’UREI et les Mutuelles de Loire Atlantique (se renseigner à la Maison de la Mutualité à Châteaubriant , 1 rue de la Vannerie)
La mise en place d’actions de prévention (bilans de santé, information sur la protection sociale, formation « alcoologie » ... ) constitue le second volet de ce dispositif. Principal objectif : sensibiliser les bénéficiaires afin de leur permettre d’engager, si besoin est, des démarches de soins.
Etat de santé et situation de précarité
Selon une étude de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) sur le devenir des bénéficiaires du RMI, près de la moitié des personnes interrogées déclare avoir des problèmes de santé ou éprouver des gênes dans la vie quotidienne.
Une autre étude, réalisée par la DISS en Loire-Atlantique en 2001, confirme cette tendance : 47% des personnes consultées - personnes accueillies dans des structures d’insertion - estiment leur état de santé moyen, voire mauvais. Mis en cause : les problèmes de santé physique (accident, invalidité, maladie de longue durée ... ), les difficultés liées à l’hygiène de vie (alimentation, alcool, tabac..), enfin les conditions de vie et les souffrances psycho sociales.
La santé, facteur d’insertion
« Nous savons que la santé est un facteur d’insertion sociale, un moyen d’intégration des »plus exclus« présente Jeannine Daviaud, secrétaire générale des Mutuelles de Loire Atlantique. Cette démarche fait partie de l’engagement de la Mutualité afin de lutter contre les inégalités sociales »
« Il est vrai, ajoute Philippe Fieux, président de l’Union départementale de l’UREI, que le salarié en situation d’insertion doit être aidé, accompagné, encouragé pour qu’il puisse reconsidérer sa santé comme un élément incontournable de la réinsertion. »
Cet accord « Accès Santé » concerne potentiellement les 19 entreprises d’insertion de Loire-Atlantique adhérentes à l’UREI (Union Régionale des Entreprises d’Insertion) soit 200 personnes par an. Il a pour ambition d’être reconduit sur plusieurs années.
Contact : Maison de la Mutualité à Châteaubriant et Jérome PASQUEREAU délégué Régional UREI - tél. 02.40.43.73.48 - Fax 02.40.43.19.44
Qu’est-ce que la résilience ?
Dans son dernier livre, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik explique que le terme vient de la physique et définit l’aptitude des matériaux à résister à de fortes pressions. Appliqué à la psychologie, le mot prend un sens légèrement différent : la résilience est la capacité, pour une personne confrontée à des événements très graves, de mettre en jeu des mécanismes de défense lui permettant de tenir le coup, voire de « rebondir » en tirant profit de son malheur.
La première personne à utiliser cette notion aurait été la psychologue américaine Emmy Werner. Dans les années 1950, à Hawaï, elle entame une étude portant sur 200 tout-petits enfants, sans structure ni famille, qui sont en train de se laisser mourir par carence affective. Elle les revoit tous les six mois, pendant trente ans. Dans les années 1980, elle publie ses conclusions, et révèle que 28 % de ces enfants a priori condamnés ont appris à lire et à écrire, acquis un métier et fondé une famille. Quelle énergie, quelle force mystérieuse leur a permis de s’en sortir ?
Et, puisque près d’un tiers de ces enfants se sont développés correctement dans des circonstances épouvantables, combien auraient-ils été si on leur avait proposé un soutien plus propice à leur épanouissement ? Les bases de la résilience sont jetées.
Résister
Reste à en comprendre les mécanismes. « On s’est rendu compte que certains enfants arrivaient à bien fonctionner même dans les situations les plus affreuses », précise le psychiatre britannique Michael Rutter.. « Certains enfants s’effondrent et vont très mal ; d’autres réussissent seulement à survivre ; et d’autres encore semblent aller bien et deviennent peut-être même plus forts après avoir traversé de telles expériences » (Le Journal des psychologues, novembre 1998). Comme quoi, à traumatisme identique, réactions différentes : nous ne sommes pas égaux en matière de résilience.
Qu’on souffle sur les braises
Selon Cyrulnik, les tout premiers moments de vie y sont pour beaucoup. « sécure » ou « insécure », le mode de relation qui se sera instauré entre le bébé et sa mère déterminera le « style comportemental » de l’enfant, sa manière de se lier, de découvrir le monde, de réagir aux séparations et aux catastrophes.
Mais, chez tout un chacun, affirme-t-il, des « braises de résilience » sont présentes. Qu’on souffle dessus à bon escient, et l’enfant meurtri, fracassé, stoppé net dans son développement par le deuil, la maltraitance ou les atrocités de la guerre sortira de son « agonie psychique » et reprendra le chemin de la vie. Un pouvoir de « renaissance » dont plusieurs équipes dans le monde commencent à découvrir la puissance. Mais qui implique de rencontrer, sur ce chemin épineux, des « tuteurs de développement » suffisamment solides et compréhensifs.
Enfant-poubelle
Une activité sportive ou artistique (dessin, théâtre), une rencontre déterminante, une épreuve de responsabilité... Il est mille tuteurs possibles qui peuvent contribuer à reconstruire l’image, souvent très négative (« je suis un enfant-poubelle », disent-ils souvent), que les petits blessés de l’âme ont d’eux-mêmes. Mais la représentation de leur tragédie passée et de leurs rêves d’avenir dépend aussi « des réactions des spectateurs, de l’opinion des juges et des stéréotypes du discours social ». Meilleur sera l’accueil, plus aisée sera la résilience.
« Un gamin est foutu parce qu’on l’a pensé foutu », affirme Cyrulnik. D’où la grave responsabilité des adultes (parents, enseignants, animateurs divers)...
(extraits d’un article de Catherine Vincent,
Le Monde du 2 février 2003)
Le chemin de la résilience
Violence, toxicomanie, accidents, conduites suicidaires : le « mal-être » revêt des formes graves et souvent pas faciles à déceler.
Pourtant, depuis quelques temps, l’idée de stimuler les capacités de résilience inhérentes à chacun fait son chemin. Mais, pour ne pas les couper, encore faut-il reconnaître les racines auxquelles les adolescents nourrissent leur protection interne... Et adapter les réponses institutionnelles - devenues souvent inadéquates - fournies par les institutions psychiatrique, médico-sociale et scolaire. Capacités de sublimation, d’intellectualisation, altruisme, sens de l’humour ou goût du spectacle, les pistes ne manquent pas, que certains, pas à pas, commencent à défricher.
réparation
A la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), les juges sanctionnent ainsi de plus en plus souvent les mineurs délinquants, à titre éducatif, par des mesures de réparation (3 740 en 1994, 11 177 en 2000). « Le plus utile pour ces jeunes, ce sont les stages dans une maison de personnes âgées, chez les pompiers, aux Restaurants du cœur, au Samu. Ils découvrent l’urgence, la nécessité de se lever tôt, les relations avec les collègues, l’utilité de la main tendue pour aider. Ça leur change la vie. On ne les reconnaît pas : ils ont fait quelque chose de bien. Et les récidives chutent ! », affirme Maryse Vaillant, psychologue, ancienne chargée de mission à la PJJ et auteur du livre « La réparation : de la délinquance à la découverte de la responsabilité » (Gallimard 1999)
Le professeur Serban Ionescu, directeur du laboratoire de psychologie de l’université Paris-V estime qu’il est temps de songer à « engendrer et faciliter la résilience chez les groupes à risques, en s’appliquant à découvrir ce qui, chez une personne confrontée à de graves difficultés quotidiennes, doit être exploité pour l’en protéger au mieux ». Une sorte de « vaccination psychique », basée sur l’estime de soi, l’humour, la créativité... ou le travail
Le murmure des fantômes
Le livre « Le Murmure des fantômes » aborde le stade de la grande enfance (celui des liens sociaux) et de l’adolescence, âge des émois sexuels et des virages difficiles.
Pourquoi des fantômes ? Parce que la plupart des grands traumatisés qui s’en sont sortis l’affirment : avant de retrouver le goût à la vie, pendant cinq ans, dix ans, parfois beaucoup plus, ils ont été « morts ». Et s’ils murmurent, c’est que l’histoire de leur enfance volée, personne ne souhaite vraiment l’entendre. Marilyn Monroe, Andersen, et d’autres eurent des débuts d’épouvante, auxquels ils parvinrent tant bien que mal à s’arracher (encore que Marilyn Monroë ...). Mais aussi Mohammed, enfant-soldat de Sierra Leone, Estelle, forcée d’ouvrir son lit à ses deux frères aînés, ou encore Albert, « enfermé dehors », à la niche avec le chien, chaque fois que ses parents partaient en vacances...
Des petits massacrés par la vie, Cyrulnik en a vu par centaines, et pas seulement lors de ses missions à l’étranger. Par petites touches, sans craindre les métaphores ni les répétitions, il dessine la fresque de cette réalité-là . Dans des chapitres courts, il décrit comment se structurent ces enfants trop tôt adultes, évoque l’importance que revêt pour eux la créativité, témoigne de leur premier amour, parfois trop douloureux pour être supportable, parfois synonyme d’apaisement...
Le Murmure des fantômes n’apprendra pas grand-chose aux spécialistes. A tous les autres, il rendra plus proche, plus juste, l’enfer qu’ont pu vivre les centaines de « résilients » que nous côtoyons tous les jours. Il fournit au passage aux parents et aux pouvoirs publics, déboussolés devant les difficultés d’intégration de leurs migrants, l’échec scolaire de leurs enfants ou le mal de vivre de leurs adolescents, quelques perspectives d’action plus efficaces que la dispersion des jeunes dans les halls d’immeuble.
Le Murmure des fantômes, de Boris Cyrulnik. Ed. Odile Jacob, 260 p., 21,50 €.
(extraits d’un article de Catherine Vincent, Le Monde du 2 février 2003)
Psychiatrie infanto-juvénile Châteaubriant