La hausse des spécialistes
forfait de 18 euros
Bonne année ........Bonne santé ?
Une grande partie de la hausse
des revenus des spécialistes libéraux sera à la charge des patients.
La « maîtrise médicalisée » dans le texte (*)
Depuis quelques temps on entend parler de « maîtrise médicalisée » sans trop savoir ce que c’est. Dans le « point d’étape » du 3 décembre 2004, lors des négociations entre le gouvernement et les médecins spécialistes libéraux, on pouvait lire que « les objectifs quantifiés de maîtrise médicalisée » devaient permettre de « dégager des marges de manœuvre permettant de revaloriser le métier médical ». Plus loin dans le même « point d’étape », on était encore plus précis : « Les parties signataires s’entendent pour revaloriser le métier médical par différentes mesures d’un montant total correspondant à la moitié des économies prévues. »
En clair : pour toute économie sur la dépense collective que vous nous permettez de faire, la moitié est pour vous.
On voit déjà combien le raisonnement est « médicalisé ». La question devient alors : sur qui ces économies vont-elles porter ?
Ici, une parenthèse. Il n’est pas
question de dire que les revenus des médecins ne doivent pas augmenter. Que les tarifs des spécialistes soient bloqués depuis plus de quinze ans
est une preuve du dysfonctionnement du système. Qu’aujourd’hui le revenu moyen (pas le chiffre d’affaires, le revenu) d’un radiologue soit quatre fois supérieur à celui d’un généraliste
montre clairement qu’il n’y a pas de politique publique dans ce domaine.
Il faut donc poser la question du
revenu des professionnels, de son
niveau, de son évolution.
Mais, pour ce faire, il faudrait enfin sortir du carcan du paiement à l’acte. (*)
Ici, rien de tel. On ne met pas en place un mécanisme pérenne garantissant aux professionnels l’évolution de leurs revenus, on ne touche pas aux inégalités entre professionnels, on n’aborde aucune question de fond. Le seul problème que l’on cherche à résoudre, c’est comment permettre à l’ensemble des médecins de voir leur rémunération augmenter sans que cela coûte plus cher à l’assurance maladie
L’accord s’est fait sur une économie de 998 millions d’économie.
â– - premier poste d’économie : 455 millions à réaliser sur les affections de longue durée (ALD) en réduisant le « périmètre » des soins pris en charge à 100 %....et ne parlons pas des maladies orphelines ! Voir page 1420
â– - deuxième poste d’économie : 161 millions à réaliser sur « les remboursements des statines » (médicaments pour les maladies cardio-vasculaires.).
â– - troisième poste : 150 millions à réaliser sur les prescriptions d’arrêts de travail. [sous-entendu : les salariés malades, c’est de leur faute]
Cela fait un total de 766 millions qui seront supportés par les patients et en priorité par ceux qui relèvent d’une affection de longue durée. Plus des trois quarts des économies, et donc de la future hausse des revenus des médecins libéraux, sont à la charge des patients.
Le quart restant repose (225 millions) sur l’industrie pharmaceutique avec la diminution de la prescription des antibiotiques, des anxiolytiques et des hypnotiques et par le développement des génériques.
Le reste, qui repose sur les labos et sur les gastro-entérologues, est anecdotique.
Seconde parenthèse :
oui la progression des dépenses
liées aux ALD et aux arrêts de travail pose problème. Il faudrait donc
se donner les moyens d’y comprendre quelque chose. Agir comme si ces
progressions n’étaient que le résultat de la triche de patients fraudeurs
et de praticiens laxistes,
c’est le degré zéro de la réflexion.(*)
Surveillance
Mais ce n’est pas un accord pour rire. Il y aura un « suivi paritaire et décentralisé » : la seule forme d’action collective prévue c’est la surveillance et le contrôle des collègues trop généreux sur l’arrêt de travail ou sur la prise en charge des Affections de longue durée (ALD)
Grâce à l’accord qui vient d’être signé par le Directeur de l’Uncam (paravent transparent du gouvernement) et certains syndicats de médecins libéraux, on a donc enfin le sens de l’expression « maîtrise médicalisée ».
La « maîtrise médicalisée »,
c’est quand la dépense d’assurance maladie diminue
(c’est son côté « maîtrise »),
quand les dépenses qui restent à charge des malades augmentent,
et quand les revenus
des professionnels augmentent
(c’est son côté « médicalisée »).
Comme avant cet accord on avait déjà eu
– l’euro supplémentaire,
– la hausse du forfait hospitalier
– et déjà certaines mesures de réduction du champ des ALD ,
– et comme grâce à cet accord les patients auront à leur charge, ou à celle de leur assurance complémentaire, les dépassements de tarifs que cet accord autorise,
on n’est plus dans la « maîtrise médicalisée », on est dans la « maîtrise super médicalisée »
(*) Arguments empruntés à Pierre VOLOVITCH chercheur à l’IRES (Institut de recherches économiques et sociales) , article du journal Libération 24.12.04
La fin de la médecine hospitalière ?
A partir du 1er janvier 2005 entre en vigueur le système du « médecin traitant » : passage obligatoire par un généraliste pour espérer un remboursement correct des consultations chez un spécialiste.
La « coordination des soins », vertueuse dans son principe, est défavorable aux médecins généralistes qui vont avoir un surcroît de tâches administratives sans rémunération en contrepartie du temps passé. En revanche les spécialistes auront intérêt à avoir des « patients directs » auxquels ils pourront appliquer des dépassements d’honoraires supplémentaires.
Autre inquiétude : le malade perd une partie de sa liberté de choix du spécialiste. Celui-ci sera souvent « orienté » par le médecin généraliste qui enverra ses malades vers ses copains spécialistes. On connaît bien ça à Châteaubriant où, la plupart du temps, quand les deux établissements offraient les mêmes disciplines, les médecins évitaient de donner le choix entre la Clinique et l’Hôpital. Dans les années à venir, on peut craindre que les généralistes évitent systématiquement d’informer leurs « clients » des possibilités offertes par les consultations externes à l’hôpital.
L’hôpital, à qui a déjà été retiré le secteur rentable de la chirurgie, se verrait ainsi peu à peu privé de ses activités « médecine ».
ASSURANCE MALADIE :
1) Entrée au vigueur à partir du 1er janvier 2005 de la contribution d’un euro par consultation et par acte médical, déduit du remboursement effectué par la sécu, plafonné à 1 euro par jour et par professionnel et à 50 euros par an (femmes enceintes, mineurs et bénéficiaires de la Couverture maladie universelle (CMU) complémentaire exemptés).
2) Hausse du forfait hospitalier qui passe de 13 à 14 euros.
Forfait de 18 euros
A contre-courant
Le Conseil de la Cnamts (caisse nationale d’assurance maladie) a émis, le 18 janvier, à la majorité, un avis défavorable sur le projet de décret visant à instaurer une participation de 18 euros à la charge de l’assuré pour des actes d’un montant égal ou supérieur à 91 euros, en disant :
« Cette mesure vise de fait des interventions chirurgicales importantes ou des actes à visée diagnostique qui ne sont en général pas réalisés à l’initiative du patient. Elle se traduira par un transfert vers les ménages ou leurs complémentaires pesant ainsi sur les salariés et les entreprises. Sur ce type d’acte, le Conseil a rappelé l’existence de dépassements qui pénalisent déjà certains patients dans leur accès aux soins. »
maladies orphelines ! Voir page 1420