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écrit le 25 décembre 2001
José Bové : 6 mois de prison
Deux militants syndicaux paysans sont passés devant la Cour d’Appel de Montpellier les 22 et 23 novembre 2001 pour leur participation, en juin 1999, avec des paysans indiens, à la neutralisation de plants de riz transgéniques dans une serre du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Cette action avait pour objectif d’alerter l’opinion sur un programme de recherche comprenant une phase d’essai par repiquage en Camargue, destiné à évaluer la productivité d’un riz génétiquement manipulé, porteur d’un gène Bt insecticide de la pyrale et contenant un gène marqueur de résistance antibiotique.
Par cette action sur du riz, qui est culture camargaise mais surtout culture de base en Inde et dans de nombreux pays du Sud, les paysans français et indiens entendaient protester contre le passage en force d’une technologie aux conséquences potentiellement très graves, sur les plans économiques, sociaux, culturels et environnementaux.
Depuis quelques années, des firmes semencières et agrochimiques sont parties à la conquête d’un marché planétaire, par l’utilisation de la manipulation génétique des semences
Pour ces firmes, tout retard dans la diffusion de leur production transgénique, toute contestation, toute entrave « citoyenne », est synonyme de perte d’argent, donc obstacle à éviter ou à détruire.
Les semences d’or
Les entreprises semencières et agrochimiques françaises, aussi peu philanthropes que les autres, participent à cette compétition, cette course aux « semences d’or ». Elles ont ainsi fait pression pour que les institutions scientifiques nationales concernées se lancent massivement dans ce travail, prétextant que la France ne doit pas prendre de retard dans la guerre commerciale des OGM (organismes génétiquement modifiés) face à la « concurrence étrangère ».
Si en France comme un peu partout dans le monde, des paysans et des citoyens s’opposent aux OGM, ce n’est pas par anti-patriotisme ou obscurantisme, c’est parce qu’il s’agit d’une technologie :
– qui permet aux firmes semencières et phytosanitaires, via le brevet sur le vivant, de déposséder les paysans de leurs propres semences et de les transformer en receleurs s’ils réutilisent des semences OGM ;
– qui n’est qu’un bricolage, puisque les chercheurs eux-mêmes n’expliquent pas scientifiquement la manipulation qu’ils opèrent et n’en maîtrisent pas le résultat (c’est du bombardement à l’aveugle de gènes sur des chromosomes des cellules reproductrices) ;
– dont les risques irréversibles pour la biodiversité et la santé animale sont avérés mais ne sont toujours pas évalués, puisque cela prendrait trop de temps avant la mise en marché ;
– dont l’intérêt économique à court et moyen terme n’est toujours pas démontré , ni pour les paysans à qui ils sont destinés, y compris et surtout ceux du tiers-monde, ni pour réduire la faim dans le monde, puisque c’est essentiellement affaire de répartition d’une production alimentaire globalement suffisante.
L’hostilité de la Confédération Paysanne est un message en direction des Etats et des instituts de recherche : le refus de voir la recherche publique s’orienter vers des domaines dans le seul intérêt mercantile d’une poignée de grandes firmes, fussent-elles « nationales ».
La « désobéissance civile » d’une poignée de militants paysans a contribué de manière décisive à instaurer une prise de conscience sans précédent parmi les citoyens, les responsables politiques et les chercheurs, sur la technologie OGM
Mais la « justice » a tranché, José Bové a été condamné à 6 mois de prison ferme et à 50 000 F d’amende. Dominique Soullier a été condamné à 6 mois avec sursis et 25 000 F d’amende. La cour les a reconnus « coupables », insistant sur le fait qu’ils étaient des « récidivistes » et qu’ils s’étaient non seulement « attaqués à des biens mais à la recherche elle-même ».
Une fois le délibéré connu, José Bové a affirmé sur les marches du palais de justice : « le combat continuera tant que les OGM ne seront pas interdits dans nos champs et dans nos assiettes ».
nécro-technologie
La Confédération Paysanne juge inacceptables ces condamnations : « Elles démontrent une nouvelle fois la volonté de réprimer le mouvement social. Ces militants ne sont pas condamnés pour leurs actes mais parce qu’ils osent résister, contester cette nécro-technologie que les sorciers du transgénique comptent bien imposer sans se soucier de l’avenir des populations » ;
La Confédération paysanne a l’intention de « harceler » les candidats à l’élection présidentielle afin qu’ils se déterminent sur les OGM.
Pour toute information supplémentaire, merci de contacter Benoit Ducasse ou Nicole Cornué au 01 43 62 16 81
Ou Conféderation Paysanne,
Rue de la géraudière à Nantes—
tél 02 40 39 60
Courriel : cp44@free.fr
(écrit le 2 janvier 2002)
Le 20 décembre 2001, José Bové a été condamné par la Cour de Montpellier à six mois de prison ferme pour destruction de plants transgéniques (relire La Mée du 19 décembre 2001) liés aux OGM (organismes génétiquement modifiés)
Le même jour, le procureur du tribunal correctionnel de Quimper s’est contenté de requérir le sursis contre le PDG et le directeur régional de la Saria, dont deux usines avaient mêlé des matières fécales, de l’urine et des rejets d’atelier toxiques aux farines animales destinées à l’alimentation des animaux d’élevage, tout en sachant que ces pratiques ont duré 30 mois, de septembre 1996 à février 1999. L’Union démocratique bretonne trouve que c’est un peu fort ! Espérons que les consommateurs ont apprécié la viande de ces animaux nourris de caca !
(écrit le 25 juin 2002)
José Bové n’est pas venu
Lors de l’inauguration du Mac Do de Châteaubriant (le 21 juin 2002), il y avait plein de gendarmes et d’agents de ville et du champagne à gogo. Mais José Bové n’était pas là . Il a été incarcéré le mercredi 19 juin à la prison de Villeneuve-les-Maguelone (Montpellier) afin d’y purger plusieurs semaines de prison qui lui ont été infligées pour avoir participé au « démontage » du Mac Do de Millau en 2000.
En frappant d’entrée une figure symbolique du mouvement social, avant même la réunion de la nouvelle chambre des députés, le gouvernement signifie son ambition d’attenter aux libertés syndicales et de stopper la contestation de l’ordre marchand.
Trois faits aggravent davantage la portée de cette décision :
– 3 ans après l’action « incriminée », le conflit qui la motivait entre l’Union européenne et les Etats-Unis sur l’importation en Europe de viande de bœuf hormonée n’est toujours pas réglé. Plusieurs produits européens sont toujours surtaxés pour l’exportation aux USA, dont le roquefort, et un recours face à l’OMC (organisation mondiale du commerce) n’est toujours pas possible pour les paysans concernés.
– Les importateurs et fabricants de farines animales, responsables de la contamination des troupeaux bovins par l’ESB (maladie de la vache folle), n’ont jamais été poursuivis malgré une plainte déposée par la Confédération paysanne dès 1996.
– Des adhérents de la FNSEA ont, le 15 octobre 2001, saccagé une entreprise et des entrepôts frigorifiques à Fougères (35), occasionnant plus de 10 millions de francs de dégâts. Et voilà que le gouvernement vient de décider que c’est l’Etat qui paiera la facture, personne n’étant poursuivi dans cette affaire.
De la part de cet Etat, dont certains des plus hauts représentants sont notoirement corrompus, non seulement il n’y a pas « d’impunité zéro », mais il y a surtout une justice ouvertement conduite à 2 vitesses.
(Communiqué de la Confédération paysanne Loire-Atlantique) .