Page 1529
Voir aussi : http://www.chateaubriant.org/harcelement.doc
Ecrit le 19 janvier 2000
Le harcèlement moral
Premier cas
Monsieur A. a 56 ans. Il travaille dans un garage et depuis plus de deux ans subit insultes, brimades, humiliations de la part de son employeur et d’autres membres du personnel.
A l’origine de cette situation, des témoignages de Monsieur A. devant les prud’hommes en faveur de deux collègues qui ont été licenciés abusivement.
La situation se dégrade rapidement. Le directeur lui propose une transaction : quitter son emploi contre deux mois de salaire. Monsieur A. refuse et se fait insulter.
Puis il se voit surchargé de travail, chronométré pour évaluer son rendement, abreuvé de notes de service, réprimandé parce qu’il ne peut pas faire mieux.
Puis la situation se dégrade encore avec l’intervention d’autres collègues qui n’hésitent pas à l’insulter quand il passe près d’eux. Le directeur lui redit qu’il ne le retient pas, qu’il peut quitter l’entreprise quand il veut.
Monsieur A. tombe alors malade (dépression) . Arrêt de travail. Il s’attend à son retour à retrouver les esprits calmés, mais bien au contraire. Dorénavant, le directeur interdit à quiconque de lui parler et il est complètement isolé du reste du personnel.
Le harcèlement continue jusqu’Ã ce que Monsieur A. entame une procédure prud’homale de résolution judiciaire de contrat de travail.
Malgré les preuves et les témoignages d’anciens collègues, il est débouté en premier jugement sur l’ensemble de sa demande. Profondément blessé, Il ne poursuit pas en appel et met fin à la procédure en démissionnant. Depuis, il a fait valoir ses droits à la retraite.
Deuxième cas
Madame B bénéficie d’un bureau individuel. La porte est fermée, mais la poignée intérieure a disparu : pour pouvoir sortir, aller aux toilettes, pour parler avec des collègues, elle doit frapper à la porte, attendre que celle-ci soit ouverte de l’extérieur. Dans son bureau, Madame C dispose d’un ordinateur qui manque de clavier. Le téléphone n’a pas de combiné. Ces dispositions très particulières ont été décidées par le supérieur hiérarchique de Madame C. On a connu un cas analogue, à Châteaubriant , il y a quelques années, dans une entreprise de confection aujourd’hui disparue.
Troisième cas
Monsieur C a entre 45 et 50 ans. Il est employé depuis 9 ans dans une société, en tant que directeur d’une filiale. Depuis 4 ans, un nouveau P.D.G. fait régner une atmosphère délétère par des pratiques qui s’exercent auprès de tous les employés. Certains d’entre eux ont démissionné, d’autres ont été licenciés, ou ont attaqué aux prud’hommes, d’autres encore restent et tentent de tenir le coup.
Les relations avec ce nouveau P.D.G. se caractérisent par des brimades, des propos agressifs, injurieux ou blessants, remettant en cause la compétence et les qualités professionnelles et personnelles de Monsieur C.
En outre, il se voit assigner des objectifs contradictoires et irréalisables puisque les moyens de les atteindre ne lui sont pas accordés. On lui reproche ensuite de ne pas atteindre ses objectifs.
Des ordres sont donnés directement à ses subordonnés en le court-circuitant, des contrôles drastiques sont mis en place.
Monsieur C se met à douter de lui, de ses capacités, de sa compétence. Il commence à avoir des angoisses, des insomnies, des troubles du caractère ; il devient dépressif. Ses résultats baissent donc effectivement et renforcent l’opinion de son incompétence.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le jour où la direction générale a convoqué Monsieur C à une réunion le seul soir de la semaine où il n’était pas disponible, car il devait accompagner son épouse à l’hôpital afin qu’on leur communique les résultats de l’analyse d’une tumeur qui s’est révélée ce jour-là cancéreuse. Bien qu’ayant prévenu de son indisponibilité et proposé une autre date, la réunion a tout de même eu lieu.
Le lendemain, la direction lui reproche sur le mode habituel d’être un cadre insoumis qui ne respecte pas les contraintes de planning de son supérieur hiérarchique.
A la suite de quoi, Monsieur C craque et se retrouve hospitalisé plusieurs mois. Par la suite, il mettra un terme à cette situation en démissionnant après avoir négocié une convention de transaction.
Quatrième cas
Monsieur D travaille depuis 32 ans dans la même entreprise de dépannage. Aucune faute ne lui a été reprochée et les clients l’apprécient unanimement. Un jour l’entreprise est à vendre. Elle est reprise par 5 personnes : 3 salariés, la secrétaire et le patron. Monsieur D, lui, souhaite rester simple salarié.
Petit à petit la situation se dégrade, il est sous surveillance perpétuelle. On lui reproche « sa sale tête de con », on l’accuse d’une réparation mal faite (alors que ce n’est pas lui qui l’a faite), on lui reproche de perdre du temps à dire bonjour aux autres le matin. On lui dit que sa voiture est mal rangée, ou qu’il n’a pas rendu ses fiches le vendredi soir (évidemment puisque le bureau est fermé !), etc. Un jour, il constate que les autres salariés ont eu une augmentation. Pas lui. Pourquoi ? « parce que ça me fait plaisir » dit le patron. Même situation l’année suivante. Il fait alors appel à l’Inspection du Travail qui lui dit que, étant payé au dessus du mini, il n’y a pas obligation de lui donner une augmentation. Le temps passe, son salaire n’augmente pas et ce n’est que lorsqu’il arrive au SMIC qu’il perçoit une augmentation ... parce que le patron ne peut pas faire autrement.
Un jour, il lui reste 8 jours de congés à prendre. Il propose des dates à la secrétaire. Le patron est absent. « Si vous me dites que je peux les prendre, c’est bon, dit monsieur D, sinon on laisse ». La secrétaire lui dit qu’il peut les prendre. Mais à son retour le patron se fâche. « C’est moi le patron ». La secrétaire refuse de reconnaître qu’elle a laissé le salarié partir en congé. Le salarié ne peut évidemment pas le prouver. Lettres recommandées, 8 jours pas payés, et ... obligation de prendre 8 nouveaux jours de congés, payés cette fois. Ce mois-là le salarié s’est fait quelque 3000 F de salaire.
Finalement le salarié a été mis sur les chantiers « Impec ! comme ça je n’avais pas besoin de passer au bureau tous les jours ». Enfin, de guerre lasse, il a pris une retraite anticipée, mais les vexations ont continué jusqu’au bout. Il devait partir en retraite un matin à 10 h, on l’a obligé à rester jusqu’Ã 12 h 30. En partant, il a emporté un « bac à gâcher le plâtre » qui lui appartenait « je l’avais fait de mes mains ». « Qui le prouve ? » lui dit le patron pour tout au revoir. « Fous-moi le camp ! ». Triste de finir ainsi une vie de travail sans reproche.
Ce salarié, soutenu par sa famille, n’a pas craqué, mais il en a encore gros sur le cœur : « Je ne souhaite à personne d’être soumis à cela ».
– Le site de l’association Mots pour Maux au Travail : http://www.multimania.com/xaumtom
– Le site de l’Association Contre le Harcèlement Professionnel : http://www.ifrance.com/achp
harcèlement suite à maladie, ostéopétrose
[Harcèlement et contrainte par corps : http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TGS_005_0029]
Un cadre drague son subordonné en se faisant passer pour une femme