Châteaubriant s’ennuie
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Les aventures du Sire-de-ces-lieux
Ecrit le 8 novembre 2006 :
L’homme qui transforma le crottin en or (ou presque)
Avertissement : toute ressemblance dans ce récit avec des personnages existants ou ayant existé ne pourrait être que fortuite et totalement indépendante de notre volonté.
Le Sire-de-ces-lieux (voir La Mée des21 décembre 2005, 18 janvier et 17 mai 2006 pour avoir les premiers épisodes), maître incontesté de la bourgade de Schwarzschloss avait un hobby, à part posséder-le pouvoir-pour-lui-tout-seul-bien-au-chaud, le-premier-qui-y-touche-je-lui-casse-les dents-et-je-les-lui-fais-manger-toutes crues-fallait-pas-m’approcher (cette phrase est à prononcer sans respirer pour faire plus vrai, NDLR).
Dans son cas, on pourrait même dire qu’il avait un dada car il adorait les courses et les joutes à cheval. S’il n’avait pas été le Sire-de-ces-lieux, il aurait voulu être un grand et beau chevalier combattant au nom de sa bien-aimée les méchants, mécréants et autres pourrissures de la terre (pourritures est arrivé bien après ou avant dans notre vocabulaire, NDLR).
Mais il était de faible constitution et il s’était rendu compte que le pouvoir était bien plus généreux avec lui, on ne peut pas tout faire !
Il organisait tout le temps des courses de chevaux, de poneys et était toujours le premier de l’assemblée à s’enflammer dans ces moments-là . Enfin bon bref, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où son premier conseiller vint le trouver et lui souffla à l’oreille que le peuple était mécontent, qu’il ne se passait jamais rien à Schwarzschloss à part des courses de Dada.
Le Sire-de-ces-lieux (avec sa surdité légendaire) répondit alors :
– « Tant mieux, si le peuple est content, je le suis aussi ».
Le conseiller dut s’y reprendre à plusieurs fois pour faire entendre raison au Sire-de-ces-lieux. Au bout d’un quart d’heure d’explications, il comprit et jura :
– « Encore un coup de ces crypto-gauchistes qui veulent ma tête, mais je vais les étouffer sous la couette comme d’habitude ».
« Conseiller ! Noë l approche, trouvez-moi une idée fulgurante qui va leur clouer le bec et qui fera connaître notre bourgade dans le monde entier. Le peuple aura ainsi droit à de belles fêtes de fin d’année ».
Le conseiller en avait marre de trouver des idées fumantes : des ronds-points, il y en avait déjà partout. Le boulinge ne marchait pas trop fort. La livrothèque, c’était fait. Pour la nouvelle pataugeoire, allait falloir attendre un peu que les sous rentrent car quand ils font que sortir c’est moins facile (mais surtout fallait pas le dire au Sire-de-ces-lieux sinon il se fâchait). La tinoire, c’est bon, elle était achetée. Tiens il se mettait à parler comme le Sire-de-ces-lieux et dire tinoire au lieu de patinoire.
Il allait devoir envoyer des espions de par le monde dégoter l’idée du siècle voire même du millénaire. Ce qu’il fit derechef en payant très cher.
Quelques jours plus tard, un des espions dûment mandatés revint avec un bonhomme quelque peu original mais sympathique (ou faut-il dire quelque peu sympathique mais original ?).
Ce monsieur exposa son idée au conseiller :
« Il paraît que vous avez beaucoup de chevaux ici. Je viens d’inventer une machine à faire avancer les carrioles mais cette machine a besoin de carburant. Je pense que je pourrais utiliser le crottin pour faire du gaz ». (certains petits malins parmi vous vont dire qu’il s’agit tout simplement du biogaz, je suis d’accord mais à l’époque fallait y penser ...non ?)
Le conseiller ne fut pas bien sûrde tout comprendre et demanda donc :
– Mais, qu’est-ce que ça change ?
– Et ben, mon petit monsieur, au lieu d’avoir des chevaux devant votre carriole. Vous aurez une machine qui fera avancer votre carriole toute seule grâce au crottin de cheval !
Le conseiller sentit l’idée du millénaire et se dit que la bourgade de Schwarzschloss allait devenir riche en exploitant ce filon. Il exposa l’idée au Sire-de-ces-lieux en lui disant qu’il faudrait construire une fabrique qui permettrait de fabriquer cette substance en grande quantité.
Le Sire-de-ces-lieux ne s’attendait pas du tout à cela mais il dit que puisque le peuple s’ennuyait, il fallait faire quelque chose. La fabrique fut lancée de suite.
L’inauguration eut lieu juste avant Noë l et toutes les seigneuries alentour accoururent pour cet événement. Le Sire-de-ces-lieux mit lui-même de sa main la première dose de crottin dans la machine à faire du gaz.
Puis il voulut essayer directement la carriole à moteur. Il voyait déjà les Louis d’or défiler devant ses yeux. Il se jucha sur la carriole à côté du marginal. Il se mit debout pour faire un discours qu’il voulait historique :
« Ceci est un petit trot pour l’homme mais un grand galop pour l’humanité. Bientôt, Schwarzschloss sera un des pôles économiques agro-environnemental de référence de la région grâce à cette découverte que j’ai faite (c’est là un trait de personnalité commun à tous les grands hommes politiques : ils s’attribuent très facilement les bonnes idées de gens moins connus qu’eux ... mais bon continuons). Pour vous prouver la révolution que va engendrer cette fabuleuse découverte, nous allons faire le tour du bourg de ce pas ».
L’original enclencha la manivelle qui servait à déclencher le moteur et le tout explosa ou plutôt éructa, en tout cas fit un pet odorant qui fit beaucoup rire et pendant longtemps les bourgades alentour.