Ecrit le 11 juin 2002
1ertour 2002-résultats
On dit habituellement qu’il ne faut comparer que ce qui est comparable, cette fois, en l’occurrence, les élections législatives entre elles, celles de 1993, 1997 et 2002. Mais les présidentielles (1er tour) sont si proches, qu’il est tentant de les y ajouter.
Châteaubriant-Ville
(1) par rapport aux inscrits
(2) % par rapport aux votants
(3) % par rapport aux inscrits
Les chiffres ci-dessus concernent la seule ville de Châteaubriant !
Le taux de participation : effritement
législatives 1993 : 73,27 %
législatives 1997 : 66,39 %
présidentielles 2002 : 72,99 %
législatives 2002 : 65,71 %
Il y a donc une baisse de la participation à ces législatives 2002
L’extrême-droite : effondrement
législatives 1993 : 5,26 %
législatives 1997 : 11,72 %
présidentielles 2002 : 15,76 %
législatives 2002 : 6,02 %
Effondrement sensible du Front National et de son dissident le MNR (B.mégret)
Le Parti Socialiste : maintien
législatives 1993 : 25,50 %
législatives 1997 : 30,23 %
présidentielles 2002 : 16,07 %
législatives 2002 : 28,09 %
La candidate du PS a fait un bon score, surtout lorsqu’on examine le contexte (multiplicité des candidatures)
L’extrême-gauche : effondrement
législatives 1993 - absent
législatives 1997 - absent
présidentielles 2002 : 10,88 %
législatives 2002 : 2,75 %
Le Pôle Républicain (Chevènement) : nul
présidentielles 2002 : 4,21 %
législatives 2002 : 0,84 %
Les interrogations qui accompagnent cette formation et les déclarations péremptoires de la candidate, ont conduit à la catastrophe.
Les écologistes de gauche :
législatives 1993 : 5,26 %
législatives 1997 : 5,08 %
président. 2002 : 5,81 %
législatives 2002 : 1,90 %
Recul très sensible aux législatives (les deux autres candidats se réclamant de l’écologie n’ont fait que 1,49 %)
Le Parti Communiste :
législatives 1993 : 3,89 %
législatives 1997 : 7,73 %
présidentielles 2002 : 2,84 %
législatives 2002 : 2,55 %
Yves Blais qui était candidat titulaire en 1997, et suppléant en 2002, n’a pas pu ralentir la chute du Parti Communiste.
La droite (tendance Chirac) :
(l’inévitable Michel Hunault)
législatives 1993 : 52,93 %
législatives 1997 : 40,95 %
présidentielles 2002 : 24,66 %
Lègislatives 2002 : 54,70 %
C’est son meilleur score à Châteaubriant depuis dix ans. Il fait même mieux qu’au 1er tour des législatives de 1988 (où son père Xavier Hunault avait fait 37, 56 %) où le total Droite faisait 49,02 %. Michel Hunault est élu au premier tour. Il ne faut pourtant pas en déduire qu’il a l’étoffe d’un grand homme politique, même s’il en a l’ambition et l’illusion.
Circonscription
En ce qui concerne la circonscription de Châteaubriant, le phénomène « vote utile » a joué puisqu’il y a peu de dispersion sur les « petits candidats » qui ne recueillent que 6,74 % des voix (contre 24,96 % aux présidentielles), et un effondrement de l’extrême gauche et même des écologistes de gauche.
L’extrême droite ne fait que 7,62 % (mais, comme on l’a déjà constaté, elle fait plus de voix en campagne qu’Ã Châteaubriant) . Elle a sans doute aussi joué « vote utile » en se portant sur Michel Hunault. Celui-ci d’ailleurs, après le premier tour des présidentielles, s’est bien gardé d’appeler au sursaut contre le Front National. Lui qui est si friand de communiqués sur tout et n’importe quoi, s’est bien gardé de dire quoi que ce soit : il a ramassé la mise le 9 juin. Ce n’est pas fait pour nous plaire.
L’extrême-gauche s’est effondrée depuis le 21 avril. On peut quand même être étonné qu’elle passe de 12,54 % à 3,56 %.
Le Parti Communiste fait un score 1,78 %) plus bas qu’aux présidentielles. L’implantation dans les campagnes est l’un de ses handicaps. Les résultats les meilleurs ont été obtenus à Blain (2,77 %), ville d’implantation de Michèle Picaud, et à St Vincent des Landes (5,97 %) ville où son suppléant Yves Blais est adjoint au maire.
Le Parti Socialiste, dans le cadre de la « vague bleue » de ces législatives 2002, fait finalement un bon score avec 27,26 %. recueillant 12 708 voix en 2002 (soit 2 voix de plus qu’en 1997 !) . Il a bénéficié manifestement du vote utile de gauche (et répétant partout qu’il ne fallait pas risquer que sa candidate tombe sous les 12,5 % des inscrits, ce qui aurait pu l’empêcher d’aller au 2e tour). Mais il n’y a pas eu de deuxième tour ... Geneviève Chignac a obtenu un bon score (34,81 %) dans sa ville de Blain où elle est conseillère municipale d’opposition et à St Vincent des Landes (35,97 %) où son suppléant Jean-Luc Colin a une bonne image personnelle.
Michel Hunault, donc, a recueilli 50,49 % des voix, faisant de lui un des rares élus du premier tour (une cinquantaine d’élus sur 577 sièges à pourvoir) . S’il est majoritaire partout, (sauf à Massérac où le candidat Chasse-Pêche est en tête), il ne recueille cependant pas les 50 % à Blain, Bouvron, Fay de Bretagne, Le Gâvre, Notre Dame des Landes, St Vincent des Landes, Guémené Penfao, Massérac, Pierric, Issé, Casson, Héric, Nort sur Erdre, Petit-Mars et St Mars du désert, c’est-Ã -dire globalement dans les cantons de Blain, Nort sur Erdre. Ses meilleurs scores (plus de 60 %) sont à Lusanger, Grand Auverné, Moisdon-la-Rivière. Le résultat de Guéméné (48,32 %), dans ce contexte, est décevant : c’est la ville dont son suppléant Yannick Bigaud est maire.
Une bipolarisation
contraire à la démocratie
Ce qui devait arriver est arrivé : les mêmes causes produisant les mêmes effets, le premier tour des législatives 2002 a été globalement semblable au premier tour des présidentielles, aux différences suivantes près :
1°) une part importe des électeurs de l’extrême-droite est venue renforcer la Droite
2°) De nombreux électeurs de l’extrême-gauche sont revenus à Gauche
3°) Le PS s’est relativement maintenu en phagocytant ses alliés (Verts et PCF pour Châteaubriant ). Cela concerne aussi, bien entendu, le Pôle Républicain, exclu de l’alliance (et dont la candidature parachutée locale était d’ailleurs une ânerie) et l’UDB alliée occasionnelle de la Gauche.
On assiste donc à une bipolarisation, opérée à la hussarde par le RPR (rebaptisé UMP) pour le camp conservateur, et subtilement verrouillée par le PS pour la social-démocratie. Les leaders respectifs de ces deux formations vous expliquent d’ailleurs benoîtement que c’est une bonne chose et que ça tend à devenir la règle dans toutes les démocraties sérieuses (selon euc). N’essayez pas d’expliquer que c’est au contraire la pluralité des courants politiques qui est l’essence même de la démocratie et que le droit à la candidature et à l’opinion différente est un droit républicain fondamental : aussitôt on risque de vous montrer les dents !
C’est ainsi que, si cette appropriation de la démocratie à usage réservé perdure, les deux partenaires risquent de devenir chacun à leur tour l’opposition de Sa Majesté, verbalement ferme, mais civilisée et de bon aloi, se disant : « après vous mon cher » et se repassant les Ministères (Ã chaque changement de majorité bien entendu) sous l’admiration béate de leurs militants, taillables et corvéables à merci.
Ce n’est pas ainsi que s’amorceront les nécessaires refondations de la République et de la Gauche.
Mais c’est ainsi qu’Ã coup sûrles citoyennes et les citoyens se dégoûteront chaque jour un peu plus de la politique et de la démocratie et chercheront d’autres moyens de régler les problèmes. Et alors, gare à l’aventure !
Les candidats RPR et PS ayant été rejetés par les électeurs du premier tour de présidentielles, ce retournement de situation (merci Le Pen, et merci la Gauche) est triste, triste et dangereux, dangereux ... comme une fin de règne.
JG
Dans les campagnes
on va vite comprendre
La campagne électorale menée par la Droite (et le gouvernement Raffarin) depuis le 5 mai 2002), a donc porté ses fruits : lutte apparente contre l’insécurité, baisse annoncée des impôts, etc. Cependant il est possible que ceux qui ont voté massivement à droite comprennent vite que les avantages ne seront pas pour tout le monde. Un exemple est donné par « Le Paysan Nantais » de juin 2002 : la suspension de la modulation des aides agricoles.
Cette décision, prise le 23 mai 2002 par le nouveau ministre de l’agriculture, Hervé Gaymard, est un cadeau royal fait aux lobbies céréaliers ; « En effet cette décision va permettre aux 15 000 plus grosses exploitations céréalières et d’élevage de faire face à la baisse programmée du prix à la production, alors que les 400 000 autres exploitations subiront de plein fouet cette baisse et sans aucune compensation ».
80 % des aides publiques à l’agriculture vont à 20 % des agriculteurs. Le dispositif de « modulation des aides », appliquée en France depuis 2000, engageait une plus juste répartition, en prélevant un petit pourcentage sur les primes accordées aux plus gros agriculteurs pour aider par exemple ceux qui se lançaient dans les « Contrats territoriaux d’exploitation »
Selon « La Terre » du 29 mai 2002, la France céréalière devrait moissonner quelque 4,96 millions d’hectares de blé en 20002, soit 11 % de plus qu’un 2001 et il faut s’attendre à des prix très bas et un stock de report trop élevé, d’autant plus que la Commission de Bruxelles, malgré la production excédentaire du marché européen des céréales, a délivré des certificats pour importer 6,7 millions de blé ukrainien et russe (avec pour objectif de faire chuter les prix payés aux producteurs européens)
(écrit le 18 juin 2002)
Votez bien !
Le jeudi 6 juin 2002, trois jours avant les élections législatives, le député sortant Michel Hunault tenait une réunion publique à Rougé, salle de l’Herminette.
Le même jour, un anesthésiste de la région recevait en consultation une dame de 93 ans pour une visite préparatoire à une opération. A-t-il été question de remboursement de soins ? Elle ne sait plus. Elle sait seulement que le praticien est parti dans un discours bien senti, expliquant que si les élections se passaient mal, « vous allez voir beaucoup de monde dans la rue en septembre prochain », expliquant aussi que si on supprimait le RMI et les allocations-chômage, eh bien il y aurait moins de chômeurs. « tenez, moi, quand je suis arrivé il y a 20 ans, j’avais un jardinier et une femme de ménage. Mais quand ils ont obtenu le RMI, je ne les ai plus eus » (faut croire que leur salaire de jardinier et femme de ménage était bien faible). La diatribe a bien duré une demi-heure. La dame âgée était en quelque sorte « captive » dans le cabinet médical. « pour qui dois-je voter alors ? » a-t-elle demandé innocemment. « Ah, je ne vous le dirai pas, mais venez donc ce soir à Rougé et dimanche, votez bien ».
D’autres clients de ce même anesthésiste ont sûrement subi ce bourrage de crâne.
La vieille dame, elle, pas folle, a voté à gauche.
Ecrit le 11 juin 2002 :
7 fois
Pour l’anecdote, signalons que les élus de Châteaubriant ont des difficultés avec leurs calculettes. En plus de deux difficultés sur le calcul des blancs ou nuls, ils se sont trompés 7 fois dans les règles d’arrondi, en calculant le pourcentage de voix des candidats !