Ecrit le 11 juin 2008
Victimes choisies
Ainsi Nicolas Sarkozy est venu saluer les familles endeuillées par l’accident autocar contre RER d’Allinges. Ah, roucher les cadavres, c’est un métier
Mais attention, pas n’importe lesquels : les macchabées de l’autoroute A10 qui ont eu la mauvaise idée d’être un peu marocains sur les bords et même dans le milieu, ben, ils peuvent toujours pourrir, heu, non, courir. Chez les princes qui nous gouvernent, la compassion est fictive (la vraie, pour les exclus du système, ils peuvent toujours courir) et sélective (de même que les dames patronnesses avaient leurs bons pauvres, nos dirigeants ont leurs bonnes victimes : avez-vous vu NS au chevet du petit Ivan, cet enfant de clandestin qui s’était défenestré de peur ?)
Quant à l’accident lui-même. Mon fils est garde-barrière. La règle veut qu’on ne passe pas quand les feux continuent de clignoter alors que les barrières sont relevées après le passage d’un train. Or la plupart des véhicules passent même celui des gendarmes ! Sa hantise est le « train croisant », qui arrive à contre-sens du premier passé. Car il doit baisser les barrières et tant pis si un véhicule est bloqué par elles sur la voie
Ici, en plus, non seulement les feux clignotaient mais les barrières se baissaient quand le car s’est engagé. Il y a donc erreur humaine. Il faut arrêter avec cette manie bien française d’accuser la météo ou le réseau routier et ses infra structures.
Depuis des années, sur les routes, on détruit des arbres, on rectifie des courbes et des profils pour rendre plus prévisible la route, au détriment du paysage et en créant un sentiment de facilité qui endort la vigilance des conducteurs. Allez rouler en Grande-Bretagne, sur le réseau secondaire et vous verrez : routes étroites et tournicotantes, pentes énormes, rétrécissements, virages à l’équerre, etc.
Et moins d’accidents qu’en France.