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Ecrit en mars 2001
[jeu1]
Les jeunes sont de bon conseil
Le samedi 24 février 2001 s’est tenue à la Maison de l’Ange une discussion avec l’équipe de Martine Buron pour les jeunes de Châteaubriant. Ce qui ressemble beaucoup à une banale action électorale à deux semaines des élections municipales pourrait devenir par la suite assez intéressant pour les jeunes du Pays de la Mée. On peut juste regretter qu’il y ait eu autant de moins de 20 ans que de plus de 30 ans ce jour là .
Le sujet principal fut la mise en place d’un Conseil de jeunes, une sorte de comité consultatif pour améliorer « notre » vie. C’est évidemment le thème des sorties et les week-ends notamment qui a été traité.
Comment ça marchera ? En s’inspirant de ce qui est déjà en place, à Couë ron entre autre, la municipalité en viendrait à allouer un rôle certain dans les affaires de la ville à ce groupe représentatif de la jeunesse castelbriantaise. Tout d’abord il faudra choisir les porte-parole et pour ce faire Martine Buron propose d’en référer à chaque lycée et collège et de trouver les élèves motivés. Puis, avec l’aide de personnes expérimentées, se mettraient en place les structures nécessaires à une telle assemblée, c’est à dire un lieu de réunion, une plage horaire appropriée, un mode de décision démocratique (de préférence), etc. ; reste à déterminer les champs d’action et les moyens de ce conseil pour mettre en application ce qui a été décidé.
Sur quels thèmes ?
Le manque d’activités lors des week-end est incontestablement ce qui fait le plus problème à Châteaubriant, on se rend même compte qu’Ã ce sujet, les modestes communes voisines peuvent s’avérer plus dynamiques, l’exemple de Jans est ainsi très parlant : il y a été organisé plus de concert-jeunes depuis le début de l’année que dans notre ville en 2 ans.
Ce ne sont pourtant pas les structures qui manquent, avec un magnifique théâtre et une salle des fêtes flambant neuve. Ce qui a dérouté l’équipe culturelle jusque là est le fait que de faire venir un groupe « branché » et sûrd’ameuter les foules équivaut en moyenne au prix de trois spectacles grand public au théâtre de Verre, il faudra donc trouver ce qui plaît pour être rentable. D’autre part, des structures fixes vont être installées dans le centre-ville dans le but de le redynamiser, et quoi de mieux que des jeunes pour ceci hein ? Ainsi, l’ancien bâtiment de Monoprix pourrait accueillir une médiathèque, l’équivalent d’une bibliothèque où tous les supports de média sont réunis (des CD ou cassettes vidéo par exemple), là encore le Conseil Jeune sera utile dans le choix du contenu et des activités et services proposés. Un point d’accès à Internet va aussi se créer dans le centre. Le projet a-t-il des chances d’aboutir ?
Il est vrai que si la liste de gauche n’arrive pas en tête des suffrages le 11 mars, cela remet quelque peu en cause ce projet (1) mais l’idée apparaît également (??) sur le programme de M. Hunault hormis qu’il précise que son Conseil des Jeunes ne s’adressera qu’aux collégiens. La différence d’âge et de centres d’intérêts entre lycéens et collégiens a d’ailleurs été abordée lors de cette réunion, il est même envisageable de faire deux conseils indépendants pour chaque tranche d’âge.
Donc si cette proposition n’est pas juste un argument électoral, on peut s’attendre, à condition de trouver des volontaires et d’avoir des idées concrètes, à avoir également la participation des moins de 18 ans dans les affaires de Châteaubriant, ce qui représente un pas de plus dans la démocratie. Il ne dépendra plus que des jeunes et de leur motivation pour que le Conseil des Jeunes se mette rapidement en place, espérons juste qu’il rassemblera davantage de volontés que ne l’a fait cette réunion. Les organisateurs auraient en effet aimé voir venir un plus grand nombre d’ados, nous n’étions qu’une dizaine.
Julien MERLAUD
NDLR :
Il est à remarquer que, si les communes voisines comme Jans ou Pouancé sont plus dynamiques en matière d’animations pour les jeunes, le mérite n’en revient pas aux municipalités, mais à des associations qui se sont créées et fonctionnent.
Il n’est jamais bon de dire « autrefois ». Mais autrefois, tout de même, les jeunes ne disposaient pas de voiture, ni de chaînes HIFI ni de CD, cela ne les empêchait pas de se réunir pour des veillées, ou des après-midi où l’on dansait « au son de la goule ». Est-ce bien du rôle d’une municipalité d’organiser des loisirs pour les jeunes (ou pour les moins jeunes d’ailleurs) ? Ne serait-ce pas aux jeunes, qui sont les forces vives de demain, de se prendre en charge eux-mêmes et de proposer des animations à d’autres jeunes ? Ils auraient alors la certitude de trouver ce qui leur plairait.
Il n’empêche qu’on peut reprocher (et nous l’avons fait) à la programmation culturelle de la municipalité sortante de ne pas avoir prévu au moins un concert-jeunes par an. La mise en service de la Halle de Béré devrait pouvoir faciliter les choses. Mais, de grâce, qu’on ne fasse pas des jeunes des assistés, y compris dans le domaine de leurs loisirs.
B. Poiraud
Que fait-on pour les jeunes à Châteaubriant ?
Question sacrilège !
La Communauté de Communes répond qu’il y a des séjours au ski, des activités de vacances (avec bowling), l’école de musique, des parcours artistiques, des tremplins musicaux, des sorties patinoire etc.
Ce sont là des activités organisées POUR les jeunes, mais SANS l’avis des jeunes. Et qui sont loin de concerner TOUS les jeunes. Malgré les tarifs adaptés aux quotients familiaux, il y a encore des familles qui n’ont pas les moyens d’inscrire toute une fratrie au Centre de Loisirs.
A part ça, il n’existe pas grand chose : pas de local pour se réunir de façon informelle, pas d’atelier pour bricoler un vélo, pas de jeunes adultes-éducateurs de rue pour discuter.
La mairie de Châteaubriant a tenté les « agents de médiation » : il y avait quelques agents, ils portaient une inscription « agent de médiation » dans le dos, mais ils n’ont jamais fait de médiation et maintenant ... ils ont disparu. Il ne reste que des policiers municipaux qui ont souvent un comportement-type de policiers alors qu’il faudrait (comme le font les gendarmes), des éducateurs capables de discuter avec les jeunes.
Les jeunes désoeuvrés, à Châteaubriant, ne sont pas dans les quartiers, mais en Centre-Ville, là où il y a un peu de monde. Certains d’entre eux résident, là , dans des petits logements. Et là , ils se disputent entre eux, et tentent de montrer leur existence par un comportement typiquement jeune : la provocation, face à des adultes qu’ils jugent sans doute trop bien rangés. Cris, insultes, musique à donf des uns pour ennuyer les autres, et des autres pour embêter les uns. Mobylettes qui pétaradent la nuit en faisant le tour du pavé de maisons. Coups de pieds dans les portes et dans les poubelles. Parfois ces jeunes promènent des chiens qu’ils font crotter exprès devant la porte des magasins voisins.
« Nous étions ici dans une petite rue bien tranquille, avec une bonne entente. Mais depuis un mois c’est fini » disent un certain nombre d’habitants de la Grand Rue à Châteaubriant. « Depuis un mois, c’est terrible, le jour et la nuit » .
La nuit ces jeunes font la fête et du bruit à l’envi. Saouls ? Non ? Shootés, dit-on .
Shootés ? même s’ils ne prenaient rien, seraient-ils mieux ?? Ne sont-ils pas l’alibi de notre société ? Dans notre monde d’adultes, ça nous arrange toujours de pouvoir gueuler sur les autres, ça nous évite de nous remettre en cause. Ils rejettent notre monde, (ou n’y trouvent pas leur place, c’est la même chose) car il ne représente rien pour eux : travailler pour gagner de l’argent et s’offrir une grosse voiture qui pollue, est-ce un rêve d’avenir ?
Le problème a été exposé aux policiers municipaux, aux gendarmes, au Centre Communal d’Action Sociale. Rien ne bouge. Ou plutôt si : la nuit, il y a trois agents de police à tourner dans une voiture, avec un chien, plutôt loin des lieux où il se passe réellement quelque chose. Bientôt ils seront quatre. Spécialement formés dit-on. Sauf que la gendarmerie se plaint de leur inaction (et, à l’occasion, de leur mauvaise qualité d’attention : « un jour, je les ferai souffler dans le ballon » dit un gendarme !). Que font-ils ? coincer les automobilistes qui roulent trop vite. C’est assez facile à faire, plus facile que de discuter avec les jeunes.
Que fait le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) ? Des petites saynètes « halte au vol » avec des collégiens et des mamies, sur le marché. C’est bien, c’est sympa, c’est facile, rien de plus.
Le CLSPD fait des réunions pour sensibiliser les jeunes des écoles : juste ceux qui sont bien sympas, et « captifs » en plus, obligés d’écouter ! Mais pour les autres, rien !
Le problème de trop de jeunes, c’est leur inactivité à longueur de journée. Ils ne sont plus scolarisés, ils échappent à leurs parents et aux adultes en général. Ils ne sont raccrochés à rien. La Mission Locale n’a pas prise sur eux. Le monde du travail ne veut pas d’eux et ils ne savent pas comment s’insérer dans une société qu’ils récusent.
Qu’attendent « les autorités » pour prendre le problème à bras le corps ? Oh, pas en multipliant les interdictions, les semonces, les affrontements, mais en multipliant les initiatives, pour les jeunes, AVEC LES JEUNES , de façon à leur donner les moyens de vivre, bien, en société. On ne peut reprocher aux autorités de n’avoir pas réussi en ce domaine. Mais on peut leur reprocher de n’avoir rien essayé, rien d’autre que des loisirs payants pour jeunes gens de familles aisées.
Qui se permet aujourd’hui d’interroger les jeunes (et les autres !) sur leur vision du monde, sur ce qu’ils aimeraient vivre (même si ce n’est pas totalement faisable) : ça, ça permet de se confronter à la réalité.
Mais pourquoi ne les interroge-ton pas : peut-être parce qu’on a peur des réponses ? Mais à force on les aura les réponses : à coups de violence. Comme les ouvriers du Bangladesh, lassés de leurs conditions de salaire, comme les policiers palestiniens lassés de ne pas être payés, comme les « latinos » aux USA lassés d’être des sous-citoyens, comme les agriculteurs français inquiets de la PAC (autrefois), comme les viticulteurs français inquiets de leurs conditions de survie, etc. La violence sociale se traduit souvent en violence physique. Pourquoi la reprocher aux uns et la tolérer aux autres ?
Que faut-il faire ?
il n’y a pas de remède miracle : cela se saurait. Les institutions seules ne peuvent rien car trop formatées, les associations seules, rien car elles n’en ont pas les moyens donc c’est ensemble et surtout avec eux qu’il faut réfléchir et créer des espaces de discussion et des espaces de projet car les jeunes, tous les jeunes, sont capables (avec beaucoup de temps, et d’efforts) d’exprimer leurs besoins, envies...
Et après, il faudra trouver les moyens qui pourront répondre au mieux aux problèmes de toute vie en société.
Des menaces et rien d’autre
La lecture de l’allocution du Premier Ministre, prononcée le 26 mai 2006, lors du comité interministériel de prévention de la délinquance, est tout à fait révélatrice : pour résoudre le problème de la jeunesse, punissons. Et D. de Villepin d’énumérer :
– répression des violences conjugales
– Loi contre la récidive (déc. 2005)
– Diagnostics de sécurité dans les écoles
– Interdiction de stade, préventives
– Responsabilité pénale des parents
– Pouvoirs accrus donnés aux maires
– Davantage de policiers dans les transports
– Consignes de fermeté données aux Procureurs
– Accélérer l’exécution des peines
Le 26 mai 2006, le gouvernement propose en outre :
– Organisation, par les maires, de la coordination et de l’échange d’informations au niveau local.
– Equipements de sécurité dans les grands ensembles urbains
– Suivi médical des addictions à la drogue et à l’alcool
– Comparution immédiate des mineurs, et peines plus adaptées
Le Premier Ministre ajoute : « Nous devons redonner tout son sens à l’idée de sanction : aucune manifestation de violence ne doit donc rester impunie. Il faut bien sûrvaloriser les peines alternatives, mais lorsqu’il s’agit de violences caractérisées, de violences répétées, contre les plus vulnérables c’est la prison qui s’impose ». (tiens tiens ! Même contre les viticulteurs ? Même contre les chasseurs ?)
Et il précise par ailleurs : « nous voulons détourner les plus vulnérables de la tentation de la violence ».
Ce discours signifie trois choses :
-
- 1) la délinquance est le fait des plus vulnérables de notre société.
- 2)la délinquance à réprimer c’est : la violence. Il n’est pas question de la délinquance en cols blancs (style escroqueries à grande échelle)
- 3) seule la punition peut empêcher la délinquance
En fait dans ce discours, il n’est question que de répression de la violence, a posteriori, quand elle s’est manifestée.
Il manque deux choses essentielles :
1) réfléchir sur le pourquoi de la violence.
L’être humain n’est pas naturellement mauvais. S’il a une responsabilité personnelle, il y a aussi une responsabilité collective. il y a des causes du mal-être de toute une population.
2) engager des actions
La société est entraînée actuellement dans un cercle vicieux. Il faut le briser quelque part De même qu’il y a un « traitement social » du chômage il doit y avoir un « traitement social » du mal-être. Quand celui-ci sera diminué, la délinquance régressera.
On le voit bien avec les « emplois aidés » qui sont mis en place depuis des années : la possibilité de travailler, de gagner sa vie (même si c’est peu : 700 € par mois), aide de nombreuses personnes à revivre, à retrouver l’espoir d’une vie meilleure.
Ce traitement social, coûte cher.
Mais coûte-t-il plus cher que les prisons ? coûte-t-il plus cher que les désordres dans certains quartiers, avec incendie de voitures, dégradations publiques et blessés ?
Au lieu de punir les pauvres, on ferait mieux de les aider à vivre. On n’en prend pas le chemin. Ni à droite, ni à gauche !
désespérant. Surtout quand on sait qu’il existe des familles qui se battent pour que leurs enfants échappent à la violence, et qui ne trouvent AUCUNE AIDE