Quels sont les signes annonciateurs de lendemains heureux ?
Un inspecteur du travail tenait un « blog » (journal sur internet) où il racontait la condition ordinaire des travailleurs en France, en conservant l’anonymat des entreprises signalées. Le 3 octobre 2006, il a reçu un ultimatum, émanant directement de son ministre de tutelle, exigeant la fermeture immédiate du blog avec menace de sanction disciplinaire s’il ne s’exécutait pas sur le champ. Il n’a même pas eu le droit de laisser un petit mot pour ses lecteurs.
Quimper, le 6 octobre 2006, lors de la visite de M. Sarkozy, un homme a eu l’audace de vouloir dérouler une banderole. Il a été jeté à terre et menotté (cf Ouest-France du 7 octobre).
Bouclez-la, citoyens ! La contestation est interdite !
Voilà ce qu’écritl’Humanité à ce sujet :
Quand Sarkozy évacue les pacifistes
Violence . Trois militants du Mouvement de la paix ont fait les frais du barnum sécuritaire déployé lors de la visite du ministre dans une ferme de Bretagne.
Au pays de Nicolas Sarkozy, il est dangereux de lutter pour un monde pacifique. Trois militants du Mouvement de la paix en ont fait l’amère expérience vendredi dernier, lors de la visite du ministre de l’Intérieur dans le Finistère. Saisissant l’occasion de ce déplacement médiatique, Padrig Goarnig, soixante ans, un habitué du combat pour la paix, et deux jeunes compères avaient décidé de mener une action symbolique pour faire valoir leurs revendications. Mal leur en a pris.
Vingt minutes avant la venue du ministre, les trois militants arrivent sur les lieux (la ferme expérimentale de Saint-Goazec) avec leur véhicule décoré pour l’occasion. Sur le toit, Padrig Goarnig, sculpteur réputé, a installé l’une de ses œuvres : une représentation d’un missile M51, nouveau joujou à tête nucléaire qui doit équiper certains sous-marins à l’horizon 2012. Dessus, figure un message hautement subversif : « Exigeons le respect du traité de non-prolifération. Oui à la paix, non à la guerre, oui à la vie, non à la mort. » La gendarmerie locale n’y avait rien trouvé à redire. Et avait autorisé les militants à stationner sur le parking à l’entrée de la ferme. C’était compter sans le barnum sécuritaire convoqué à chacune des sorties de Nicolas Sarkozy.
Cinq minutes avant l’arrivée du ministre d’État, les huiles de la Place Beauvau découvrent, horreur ! la présence de cette manifestation sauvage qui risque de faire tache dans le plan média de leur patron. Engueulade des gendarmes, menaces... Une vingtaine de CRS finissent par embarquer manu militari les trois militants. « On s’est retrouvé parqué à 300 mètres de là avec quinze CRS pour nous garder », raconte, encore ébahi, Padrig Goarnig. Quant au missile en carton, il est démonté et planqué à la va-vite derrière des véhicules. Les choses vont se gâter. « On n’allait pas rester là , comme des prisonniers, pendant les deux heures de la visite du ministre, poursuit Padrig. Alors, on a sauté le talus et on a commencé à partir en courant. » Les CRS n’apprécient pas. Course-poursuite. Deux militants se font rattraper, dont Padrig.
Furibard, le chef des CRS l’incendie : « La prochaine fois que tu me fais un coup comme ça, je t’éclate la gueule personnellement ! » Il lui tire violemment son bras droit, vers le bas, puis vers l’arrière. Bilan : une distension des ligaments de l’épaule et cinq jours d’arrêt de travail que Padrig va devoir prolonger. « Je suis maçon et je n’arrive toujours pas à lever une tasse à café... » Bien sûr, le militant va porter plainte. Mais reste, tout de même, stupéfait par l’attitude du ministre : « En pleine campagne pré-électorale, il montre déjà qu’il n’a aucun respect du citoyen et du droit de manifester. Je n’ose imaginer ce qui se passera s’il est élu... »
Laurent Mouloud