Ecrit le 1er octobre 2008
Allegro ... fortissimo
Obésité le gros mot est lâché. Il s’accompagne de « épidémie », « problème de santé publique », « difficulté à trouver un emploi », « difficulté à trouver un prêt bancaire », « mal-être » etc.
Deux aspects sont à considérer :
– Le mal-vivre des obèses,
– Le poids social.
Le mal-vivre des « personnes enveloppées » est réel, soit psychologique : « Je ne peux pas me regarder dans une glace » - soit physique : « je suis tout de suite essouflée ». Il peut s’accompagner de problèmes cardio-vasculaires, de diabète, d’hypertension mais des gens minces en sont affectés aussi.
Cette souffrance est accentuée par le regard des autres. Un regard changeant selon les époques et selon les pays. A l’époque du grand peintre Rubens, il était de bon ton d’être de forte corpulence. Dans les pays africains, la corpulence des femmes est un signe d’aisance du couple.
Un film drôle paru en 1981 s’appelait : « Les hommes préfèrent les grosses » c’est pas faux ! Comme chantait Jean Ferrat : « Verticalement, tu n’es pas une affaire, mais horizontalement c’est toi que je préfère de loin ».
Mais voilà , la mode a changé. Maintenant il faut être jeune et mince. Oui, jeune ! Au point que les entreprises refusent les vieux (et on est vieux à 40 ans de nos jours). Il faut toujours être jeune, rapide, performant. Gare à qui ralentit.
Et puis il faut être mince ! La minceur, sans doute, promettant plus de rapidité La publicité, qui façonne notre regard, ne nous montre que des humains de ce type : elle nous enseigne, insidieusement, que le bonheur est lié à la beauté, que la beauté est liée à la minceur, à des cheveux souples et brillants, à de longues jambes, à une voiture rutilante (et puissante cela passe de mode), à une belle maison, sur une plage de rêve ou dans une campagne verdoyante.
Et tant pis si vous êtes quelque peu corpulent, si vos cheveux sont abîmés par le bonnet porté au boulot, si votre voiture a perdu sa première jeunesse, si vous habitez un HLM morne dans une banlieue polluée par l’usine d’Ã -côté .
c’est là qu’intervient l’obésité.
Avez-vous remarqué que celle-ci est stigmatisée pour les enfants : c’est la faute des parents, ils nourrissent mal les gosses. Ah oui, ils achètent plus souvent des pâtes que des fruits ? Question de moyens. Les pauvres gens sont toujours fautifs. Les distributeurs de bonbons dans les écoles ne le sont pas.
Avez-vous remarqué que l’obésité est stigmatisée pour les femmes essentiellement ? Le corps de la femme reste un objet sexuel !
Avez-vous remarqué que l’obésité frappe surtout dans les catégories sociales défavorisées ? Regardez autour de vous, les ministres, les chefs d’entreprises, les directeurs et cadres de ceci ou cela, sont-ils obèses ? Non. On se demande pourquoi. Ont-ils été systématiquement écartés de ces postes ?
Leur faute
Après avoir stigmatisé et écarté les obèses, il faut en trouver la justification. Facile ! Cette obésité est de leur faute !
Grande idée : un obèse est une personne qui mange trop !
Des fois c’est vrai. Mais il s’agit alors d’une obésité liée au plaisir de la table. Il est alors assez facile d’y remédier quand les inconvénients dépassent le plaisir.
Mais la plupart du temps il ne s’agit pas de trop manger ou mal manger. Chacun de nous connaît des amis qui dévorent et restent minces. Et d’autres qui suivent un régime strict et équilibré et qui ne parviennent à perdre que quelques kilos (et pas là où ils les voudraient !).
Y a-t-il une question génétique ?
c’est là une piste de recherche actuelle. Il y a aussi des phénomènes mal connus : des personnes qui grossissent quand elles ont des soucis, au contraire des autres.
Alors, que faut-il faire pour être mince ? A dire vrai nul ne le sait, sinon que c’est un combat permanent. Ce combat vaut-il le coup ? Est-ce épanouissant de centrer sa vie sur son régime, ses médicaments, son exercice physique ? En un mot : de centrer sa vie sur soi-même . Pour avoir au bout du compte un corps qui ne sera quasiment jamais satisfaisant ? Il faut limiter les inconvénients d’un excessif embonpoint, sans s’imaginer pouvoir obtenir un corps de rêve ..
Grossophobie
c’est là qu’intervient tout particulièrement le rôle de la société : faire accepter les obèses comme on fait accepter (trop lentement !) les personnes en fauteuil roulant. Tout est affaire de normes. Mais qui définit la norme ? Les publicitaires ? Qui dit que vous êtes « hors norme » ?.
Il se met en place, à Châteaubriant, une association pour aider les personnes en situation d’obésité. Il s’agit de les aider à s’accepter, dit-on, ou plus exactement de les aider à ne plus se laisser démolir par le regard des autres. Et là c’est une vraie question de santé publique : faire changer le regard des autres !
Bêtise
Une intéressante réunion a eu lieu à Châteaubriant le 26 septembre, organisée par le CCAS , autour d’une pièce jouée par des bénévoles de Mûrs-Erigné. Une pièce drôle, mettant en scène deux inventeurs de génie qui avaient le remède miracle pour régler la question de l’obésité. Pièce prétexte à tordre le cou à toutes sortes de préjugés imbéciles.
Dans la salle il y avait 150 personnes, presque toutes obèses. Eh bien je peux vous dire que, dans cette assemblée de « grosses », toutes ces femmes étaient belles, avec un visage souriant qui donnait envie d’aller vers elles !
On a parlé un peu de nutrition, avec des diététiciennes qui ont mis en garde contre les régimes miracles. « régime ne veut pas dire restriction alimentaire. Le régime est adapté à chaque personne : ce qui fait maigrir l’une ne fera pas maigrir l’autre ».
On a parlé un peu de sport. Ah oui, une demi-heure de marche rapide par jour
Opération-miracle ?
On a parlé aussi d’opération chirurgicale pour entendre que, là encore, il n’y a pas de miracle, qu’il y a toujours un risque de reprise de poids, qu’il y a toujours un risque de fonte de la masse musculaire (or le cœur est un muscle ! Bonjour les problèmes cardiaques !). Pour apprendre aussi que l’opération peut engendrer des carences graves et qu’il faut continuer à se soigner toute sa vie. En somme : remplacer un problème par un autre ! « L’obésité est un combat jusqu’à la fin des jours ».
On a surtout dit que tout traitement doit prendre la personne dans sa globalité.
Le manque de sommeil peut conduire à une prise de poids, le stress aussi, de même que certains traitements anti-dé-presseurs. La grossesse aussi, avec tous les changements hormonaux qu’elle implique, peut conduire à l’obésité.
Yo-Yo
Les régimes-miracles ? On ne le dira jamais assez : ils sont un miracle pour les laboratoires qui les fabriquent, alors qu’ils sont une catastrophe du fait de l’effet yo-yo : on perd 5 kilos, on en retrouve 10. On perd à nouveau 8 kgs, on en récupère 15. Et à la fin le corps ne veut plus rien perdre du tout. Car, cela a été prouvé, le corps a son intelligence : il sait qu’il a été privé, il stocke les graisses pour le cas où il serait privé encore.
Le corps bavard
On est obèse quand ? La définition médicale est celle-ci : il faut diviser le poids (en kg) par la taille et encore par la taille. Exemple : une personne de 90 kg qui mesure 1,60 m. Il faut diviser 90 par 1,6 et encore par 1.6. On obtient 35. Ce nombre s’appelle « indice de masse corporelle ».
– Si cet indice est inférieur à 25, c’est bon,
– Entre 25 et 30 il y a surpoids,
– De 30 à 40 il y a obésité,
– Au dessus de 40 : obésité morbide.
Mais qui donc a choisi ces chiffres ? Pourquoi 25 et pas 27 ? Pourquoi 40 et pas 50 ? On note ainsi que cette « définition médicale » n’a rien d’absolu ! c’est juste une approximation statistique des risques !
Un autre aspect est peu exploré : celui du langage du corps. La psychologue de la soirée, Mme Boucherie, a ouvert des horizons en citant le livre « Le corps bavard » de Sophie Marinopoulos. : « Le corps n’est pas une machine. Il est l’écho de ce que nous avons vécu. Il construit une réponse physique à une souffrance psychique, à un bouleversement, même si on n’a plus la mémoire de ces événements ». A notre insu, notre corps s’exprime. Il dit nos peurs, nos angoisses, nos désirs, notre histoire, la vraie. L’obésité peut être une de ses manifestations.
Deux conclusions
– 1 - « Quoi qu’il arrive, ne baissez pas les bras, restez en bonne santé » a dit une diététicienne.
– 2 - Pour les personnes qui souhaitent se retrouver pour ne plus être seules en face de leur obésité, pour partager l’expérience des autres, une réunion aura lieu vendredi 17 octobre 2008 18h30 au Foyer-restaurant de Châteaubriant - tél 02 40 81 52 40
Pour les personnes disposant d’internet, on peut trouver des témoignages (éloquents) sur le site :
http://www.allegrofortissimo.com/
« J’ai tenté le Weight Watcher à points. génial. Pas frustrant et efficace. Fait seule : les réunions m’horripilent. Mais c’est » un métier à plein temps « que de faire un régime, entre penser à calculer ses menus, faire les courses, préparer les plats, sans parler du coût ! Je vois mal une mère de famille faire ça ! Mais j’ai perdu 15kg, sans flancher, et retrouvé la taille 42 et les boutiques élégantes et un peu originales Et puis le boulot s’en est mêlé (4e service fermé en 6 ans, dix jours pour repartir à zéro, changer de région, à 47 ans, pas facile) et j’ai repris 8 kg en 6 mois. Plus le temps ni la possibilité de manger sur mon lieu de travail, du moins autre chose que des sandwiches. Donc il faudra faire avec les kilos » .
Une autre : « Un jour on m’a dit : trouver une entreprise dans votre état ça va être difficile. Vous savez les patrons préfèrent les jeunes et jolies employées, non vraiment va falloir s’accrocher. Mais quelques jours plus tard, je fus embauchée dans une médiathèque à l’accueil, même pas dans un endroit où je peux cacher mes grosses fesses et ma paire impressionnante de lolos. Dommage que les gens pensent encore que le physique permet de juger les qualités humaines et professionnelles d’autrui ».
Un troisième : « 10 ans à me martyriser, à me haïr, à me cacher. Ma mère m’a heureusement toujours soutenue, mes amies aussi, et j’ai eu la chance de rencontrer mon ami il y a deux ans, qui m’aime telle que je suis. Je ne serai jamais une sylphide, mais curieusement je m’en fiche aujourd’hui ! Je vois ma mère, qui n’a jamais pu perdre les kg de ses 2 grossesses, être si belle à 54 ans, pas une ride, en pleine santé... Je m’en veux d’avoir gâché toutes ces années à cause de gens qui ne voient qu’avec leurs yeux, ni avec leur intelligence, ni avec leur cœur... Mais la vie continue, je suis ronde, et heureuse. Enfin ! »
Ce qu’il faut exiger, c’est que la société soit tolérante, ne juge pas les gens sur leur physique et ne les culpabilise pas .
Mange ton yaourt
Selon Le Canard Enchaîné du 17 septembre 2008 une étude a été menée par le professeur Raoult, du laboratoire La Timone à Marseille, sur des poussins nourris de Lactobacillus Fermentum. En six semaines ces poussins sont devenus des poulets XXL, dépassant de 30 % la taille normale.
Ces bactéries sont largement utilisées dans l’alimentation moderne (bifidus, lactobacillus, etc). Dans différentes revues et notamment dans la revue « Nature » le professeur Raoult s’est demandé : « Et si les bactéries utilisées pour la transformation des produits laitiers étaient en partie responsables de l’épidémie d’obésité qui frappe les pays occidentaux ? » . Même les producteurs de yaourts s’interrogent et un programme européen de 20 millions d’euros cherche à savoir si certaines de ces bactéries ne nous transforment pas en Bibendum une fois dans notre flore intestinale .
A propos de l’étude du Professeur Raoult, lire ceci :
1) http://www.laprovence.com/articles/2008/04/23/409230-MARSEILLE-Les-yaourts-font-ils-grossir.php
2) http://ekios.free.fr/?p=290