Ecrit le 24 décembre 2008
On se moque de nous ou quoi ? Oui oui, on se moque de nous. La valse des millions continue à un rythme effréné. Et pendant qu’on culpabilise les familles isolées qui bénéficient d’une niche fiscale de 400 euros par an (en moyenne), on apprend que les institutions financières du monde jouaient à qui gagne-perd. Par milliards ! Par millions.
Le scandale Madoff (escroquerie de 50 milliards de dollars) est un tsunami financier qui va accélérer le désastre boursier mondial.
BNP-Paribas estime à 350 millions d’euros ses pertes liées à cette fraude
– Natixis, filiale de la Caisse d’Epargne et de la Banque Populaire, a avancé une perte potentielle pouvant aller jusqu’Ã 450 millions d’euros.
– La Banque Santander, deuxième banque européenne, pourrait perdre jusqu’Ã 2,3 milliards d’euros. Les pertes pour la place financière suisse pourraient s’élever à 3 milliards d’euros. - La place financière britannique parle de pertes de 1,8 milliards d’euros.
Le groupe bancaire français Crédit Mutuel-CIC pourrait perdre jusqu’Ã 90 millions d’euros. Etc etc. Que de millions !
Les licenciements continuent par milliers :
Nissan supprime encore 500 postes au Japon — Les magasins Woolworths ferment définitivement en Angleterre : 22 000 licenciements — Le néerlandais ASML va supprimer 1000 postes — Alcatel-Lucent raye 1000 postes de cadres — Pfizer France annonce 700 suppressions de postes - Et Valeo 1600 en France et 5000 dans le monde — Et Western Digital (2500 personnes) .
Et ne parlons pas de Spir-Communication, Faurecia, Arkema, mécachrome, BNP-Paribas, et tous ceux qu’on ne sait pas.
Dans la police c’est plus « rigolo » : 5 jours de RTT en moins, suppression de 10 000 fonctionnaires de police sur trois ans, contre une augmentation de 15 € par mois en janvier 2009 et 15 € supplémentaires l’année suivante pour les gardiens de la paix. La Fortune, quoi !
Responsables ?
Le prétexte de ces licenciements réels : c’est la crise boursière, c’est à dire l’économie virtuelle, le sacro-saint marché capable, croyait-on, de s’auto-réguler. Mais qui donc est responsable ? Que diable faisaient les responsables de régulation des marchés financiers ces dernières années ? Etaient-ils en vacances prolongées ?
Peu nombreux (Rue89) sont ceux qui rappellent que les mouvements de fonds de la finance internationale sont informatiques. Or l’informatique laisse des traces. Il serait donc aisé de retracer les transactions. Il suffirait d’ausculter le cœur informatique des banques et, surtout, des chambres de compensation pour savoir qui a fait quoi, quand et comment...
Mais a-t-on vraiment envie de le savoir ? Peut-on accepter, en haut lieu, de mettre en cause des gens importants qui jouent (et gagnent) avec l’argent (virtuel) sans rien produire, tandis que le monde réel se meurt de faim, de pandémies, de guerres, de bas salaires ?
Crise sociale en vue
A en croire l’Insee, les éléments d’une crise sociale ne sont plus très loin. Après 358.000 créations d’emplois en 2007, l’économie française aurait perdu 71.000 postes en 2008 et en détruirait à nouveau 169.000 au seul premier semestre l’an prochain, selon ses prévisions publiées le 18 décembre. Le chômage pèsera sur le pouvoir d’achat des ménages, qui ne progressera globalement que grâce au recul des prix. En juin 2009, l’inflation sur un an sera limitée à 0,3 %, escompte l’Insee. Ce qui, au passage, pèsera sur la revalorisation du SMIC.
Le plan de relance d’un montant de 26 milliards d’euros, annoncé par N.Sarkozy le 4 décembre, n’est passé en Conseil des Ministres que le 19 décembre et devrait être soumis à l’Assemblée Nationale dès le 5 janvier. Il était sans doute plus urgent de soumettre à l’assemblée le projet de travail le dimanche !
Le moral des industriels français est au plus bas : il a continué de se dégrader en décembre, touchant un plus-bas historique, à 73 points contre 79 en novembre qui était déjà le plus bas niveau depuis septembre 1993.. « Au vu des perspectives personnelles de production, à leur plus bas niveau, la chute de l’activité se poursuivrait au cours des prochains mois », estime l’INSEE
Il est né le divin enfant
Après s’en être pris à la demi-part supplémentaire accordée aux parents isolés, le gouvernement veut s’attaquer aux femmes et aux petits avantages qu’elles ont en matière de retraite (deux ans par enfant) et de pension de réversion. Et Allez donc !
Note du 31 décembre 2008
L’année finit mal
Le chômage a fait un bond de 3,2 % en novembre 2008
Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE en catégorie 1 a enregistré une progression record en novembre, avec une hausse de 3,2 % en un mois, soit 64 000 inscrits supplémentaires par rapport à octobre, et de 8,5 % en un an, pour s’établir à 2 068 500.
Cette hausse mensuelle, la septième consécutive et la plus forte depuis le début de l’année, est liée à une progression des inscriptions pour fin de mission d’intérim et pour licenciement économique.
Et c’est pas fini !
Nico-voeux 2009
Le discours de N.Sarkozy le 31 décembre 2008
Mes chers compatriotes,
L’année 2008 s’achève. Elle a été rude.
C’est la raison pour laquelle je veux penser d’abord à ceux que la vie a durement éprouvés, à ceux qui ont perdu leur emploi sans y être pour quoi que ce soit, à ceux qui sont victimes d’injustice, à ceux qui doivent affronter l’absence d’un être cher.
Je veux penser à nos soldats qui en ce moment même risquent leur vie pour notre sécurité et pour la paix. Je veux penser à leurs familles qui vivent douloureusement cette séparation. Et plus encore à ceux qui pleurent un fils, un mari, un fiancé, un père.
Pour tous les Français, cette année a été difficile. La crise économique et financière mondiale est venue ajouter son lot de peines et de souffrances. Chacun d’entre vous en subit les conséquences.
Face à cette crise je mesure la responsabilité qui est la mienne. Cette responsabilité je l’assumerai pour que tous ceux qui en ont besoin soient protégés par l’Etat et que notre pays sorte plus fort de cette épreuve.
Depuis que les difficultés sont apparues je vous ai toujours dit la vérité et j’ai agi. C’était mon devoir.
Le pire aurait été que, dans cette situation, chaque pays décide sans se préoccuper des autres. Les initiatives que j’ai prises au nom de la présidence française de l’Union européenne pour coordonner l’action de tous les Européens et pour réunir les chefs d’État des vingt plus grandes puissances mondiales à Washington, ont permis d’éviter que le monde s’engage sur la pente du chacun pour soi qui aurait été fatale. De même, l’immobilisme serait une faute.
J’ai promis que les mêmes causes ne produiraient plus les mêmes effets. La France a exigé des changements pour moraliser le capitalisme, promouvoir l’entrepreneur sur le spéculateur, sanctionner les excès inacceptables qui vous ont scandalisés à juste titre, pour redonner à la dimension humaine toute sa place dans l’économie. Nous obtiendrons des résultats lors du prochain sommet de Londres le 2 avril.
Dans une période de crise comme le monde n’en avait pas connu depuis bien longtemps, j’ai essayé de changer l’Europe. Depuis toujours j’ai la conviction que l’Europe ne doit pas subir mais agir et protéger. Avec la réponse commune à la crise financière, la résolution de la crise géorgienne, la création de l’Union pour la méditerranée, l’accord sur le climat et l’énergie, la preuve est faite désormais que c’est possible. Ce n’était qu’un premier pas. Il faut continuer car je reste persuadé que le monde a besoin d’une Europe forte, indépendante, imaginative.
Les difficultés qui nous attendent en 2009 seront grandes. J’en suis pleinement conscient. Je suis plus décidé que jamais à y faire face, avec le souci de la justice, avec l’obsession d’obtenir des résultats. Après avoir préservé les économies de chacun grâce au plan de sauvetage des banques, ce sont les emplois de tous qu’il faut désormais sauver. Le plan de relance massif de l’investissement de 26 milliards d’euros qui a été décidé y contribuera. C’est un effort considérable. Des mesures ont été arrêtées pour sauver notre industrie automobile, en contrepartie de l’engagement des constructeurs de ne plus délocaliser leur production. D’autres initiatives seront prises avec le fonds souverain dont nous nous sommes dotés pour préserver notre tissu industriel.
Nous serons pragmatiques, attentifs, réactifs et s’il faut faire davantage, nous le ferons mais en gardant notre sang froid.
Les difficultés, mes chers compatriotes, nous avons les moyens de les affronter.
A condition d’être solidaires les uns des autres. Je ne laisserai pas les plus fragiles se débattre seuls dans les pires difficultés. Dans l’épreuve, la solidarité doit jouer sans que le travail soit découragé. C’est pourquoi j’ai voulu que soit créé le RSA , qui s’appliquera pour la 1re fois en 2009. désormais, chaque Français qui reprendra un travail sera encouragé, valorisé, récompensé.
Pour nous en sortir chacun devra faire des efforts. Car de cette crise va naître un monde nouveau auquel nous devons nous préparer en travaillant plus, en investissant davantage, en poursuivant les réformes qu’il n’est pas question d’arrêter car elles sont vitales pour notre avenir.
Durant l’année 2009, nous réformerons l’hôpital dont les personnels sont admirables de dévouement et de compétences, la formation professionnelle indispensable pour que chacun ait la chance d’un emploi, notre organisation territoriale que tant de conservatismes ont rendu inextricables, la recherche qui conditionne notre compétitivité.
Je pense aussi à la réforme du lycée qui est nécessaire pour éviter l’échec de tant de nos enfants dans l’enseignement supérieur et l’injustice qui fait que tant de fils et de filles, de familles modestes n’ont pas les mêmes chances que les autres. J’ai demandé que soit pris le temps de la concertation, parce que prendre le temps de réfléchir ensemble, ce n’est pas perdre du temps pour la réforme. C’est en gagner.
Je pense enfin à la réforme de notre procédure pénale si importante pour mieux protéger nos libertés individuelles, dont la nécessité s’est faite jour plusieurs fois de façon criante durant l’année écoulée.
Mes chers compatriotes, toutes ces réformes, je les mènerai avec le Premier ministre François Fillon et le gouvernement, non par esprit de système mais parce qu’elles sont la condition qui permettra à la France de se faire une place dans ce nouveau monde qui se construit. Ainsi, nous deviendrons plus compétitifs, plus innovants. Et en même temps, nous préserverons les valeurs qui font notre spécificité : le travail, l’effort, le mérite, la laïcité et la solidarité, sans laquelle aucun effort n’est acceptable.
Enfin, la France continuera d’agir en Afrique, en Asie, et bien sûrau Moyen Orient où je me rendrai dès lundi parce que c’est la vocation de la France de chercher partout les chemins de la paix, comme c’est dans sa vocation d’agir pour les droits de l’homme.
Mes chers Compatriotes,
La crise nous oblige à changer plus vite et plus profondément. La crise est une épreuve. Elle est aussi un défi. Ce défi là , je veux le relever avec vous. Vous pouvez compter sur moi.
Nous avons des atouts considérables. Il y a dans le peuple français quand il est rassemblé assez d’énergie, d’intelligence et de courage pour que nous ayons ensemble confiance dans l’avenir.
Nous allons sortir renforcés de cette crise.
Du fond du cœur je présente à chacun d’entre vous mes meilleurs voeux pour 2009.
Vive la République, Et vive la France.
Rendre aux voleurs
"Bernie l’escroc.
Leçon : rendre les biens volés à leurs propriétaires légitimes. Signé, les éducateurs".
Bernard Madoff, accusé d’une fraude portant sur 50 milliards de dollars, s’est vu infliger une leçon par des voleurs. Ces quelques mots accompagnaient, selon le Palm Beach Post, une statue qui a été restituée au financier, après avoir été subtilisée le 22/12.
Les articles sur « La Crise » parus dans Le Nouvel-Obs en 2008 :
– http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/economie/la_crise_financiere/20090212.OBS4527/crise__les_articles_parus_dans_lobs_en_2008.html
Le plan de relance en 1000 projets :
– http://www.premier-ministre.gouv.fr/IMG/pdf/CIACT_020209_CartesTransport_1100-2.pdf