Ecrit le 10 février 2010
La Région Pays de Loire, sous la présidence de Jacques Auxiette, intervient dans le domaine de la formation professionnelle essentiellement destinée aux jeunes et aux demandeurs d’emploi. Elle y consacre 25% de son budget annuel : 302 millions d’euros.
Les demandeurs d’emploi peuvent bénéficier de formations financées par Pöle-Emploi (s’ils sont indemnisés).
Pour les salariés, le financement des formations est essentiellement assuré par les entreprises et les organismes gestionnaires des fonds payés par les entreprises au titre de la formation professionnelle. Les salariés bénéficient des financements de la Région lorsqu’ils suivent une formation dite de « promotion sociale » c’est-Ã -dire une formation hors temps de travail visant à accompagner une évolution de carrière dans un établissement conventionné par la Région (CNAM, universités, Chambre des métiers).
Mais pour suivre une formation, il faut savoir qu’on a des chances de réussir. Or il y a des personnes, tellement persuadées de leur propre « nullité », qu’elles n’osent même pas penser à une formation où elles sont sûres de ne pas y arriver ! Il y a donc là un obstacle important à franchir. c’est le pari mené par l’aCPM .
l’aCPM (1), le GRETA (2) et le Lycée Professionnel Etienne Lenoir ont proposé un stage de découverte de 20 heures à sept salariés du chantier d’insertion de l’aCPM , avec la participation de leur référent : exercices de raisonnement logique (pour mieux connaître leur façon d’apprendre), puis 4 h de chaudronnerie avec Mme Céline Barnola, 4 h de plomberie avec M. Serge Boucherie, et 4 h d’électricité avec M. Christian Cormerais. Et un temps de bilan.
Les sept personnes (3 femmes, 4 hommes), ont fabriqué leur propre lampe : elles ont découpé le métal, assemblé, soudé, fabriqué une poignée en cuivre, assuré l’alimentation électrique.
Les enseignants ont trouvé que c’était « super », que les sept personnes étaient motivées et que, de plus, leur habitude de travail en équipe a permis à chacun de progresser à son rythme. De plus, ils ont nettement dépisté des aptitudes, ce qui peut utilement orienter la réinsertion des personnes.
Les sept chômeurs, quand on leur demande s’il faut conseiller cette formation à leurs camarades, sont unanimes : « oh oui ! » . Ce sera donc une opération à renouveler si les finances de l’association le permettent.
En effet, une formation de ce type coûte 2000 €. l’aCPM a tout financé sur ses fonds propres mais, pendant ce temps-là , elle n’a pas fait avancer ses chantiers « ordinaires » : c’est donc pour elle une double perte.
La Région Pays de Loire, sollicitée, n’a pas encore donné de réponse. l’aDIC (association des industriels) a donné une réponse négative (50 € de subvention, pourtant, aurait manifesté un intérêt pour cette démarche innovante. Enfin bon ce sera peut-être pour une autre fois !).
l’aCPM , par cette action, manifeste son désir d’aider les chômeurs à atteindre le seuil de la porte ouvrant sur l’emploi.
La formation des chômeurs pâtit de la crise
Complexité du montage financier des dossiers, attente moyenne souvent supérieure à six mois pour démarrer une formation, forte déperdition de demandeurs entre le moment où ils évoquent un besoin de formation et celui où cela démarre : l’accès insuffisant des chômeurs à la formation est un constat récurrent fait en 2006 par le ministère (Dares) et la Cour des comptes en 2008.
Le problème est encore plus criant avec la crise et un rapport, fruit d’un groupe de travail qui s’est réuni entre octobre et décembre 2009 sous la présidence de Jean-Marie Marx, ex-directeur général adjoint de l’ANPE, vient contredire les assurances données par les pouvoirs publics.
Les chômeurs souffrent d’un moindre accès à la formation par rapport aux salariés. 32 % des chômeurs adultes ont eu accès à la formation professionnelle contre 44 % des salariés sur une période d’un an.
Au passage, le rapport bat en brèche l’idée que les chômeurs refuseraient de retravailler dans des secteurs éloignés du leur, qui a sous-tendu la loi de 2008 les obligeant à accepter les offres d’emploi dites « raisonnables ». « Seuls 15 % refusent tout emploi inférieur à leur qualification », les cadres faisant davantage la fine bouche que les ouvriers non qualifiés (seuls 10 % refusent une mobilité descendante). « Le refus de formations proposées par Pôle emploi sont rares », précise enfin le rapport.