Ecrit le 21 avril 2010
Les retraites à COR et à cris
Le COR Conseil d’Orientation des Retraites, a fait paraître des estimations le 14 avril 2010. On peut les trouver ici :
http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1327.pdf
Et volent les milliards ! Des gens qui ne gagneront jamais un million en 60 ans de labeur, s’effrayent des milliards nécessaires pour assurer les retraites. On parle d’un besoin de financement de 15 milliards en 2015, pouvant aller jusqu’Ã 72 voire 115 milliards en 2050. Le MEDEF, lui, cumule tous ces besoins de financement jusqu’en 2050 et annonce 2600 milliards ! Quel manque d’envergure ! Il aurait bien dû calculer ce que ça ferait jus-qu’en 2100 !
Tous ces chiffres sont bien effrayants pour des gagne-petit ! Surtout si on évite de les mettre en perspective.
15 milliards en 2015, c’est beaucoup ? Cela ne représente guère que la moitié du budget de la défense pour 2010. Cela représente aussi environ la moitié du « plan de relance » mis en place en raison de la crise économique actuelle.
15 milliards, c’est 5 fois moins que le montant des niches fiscales. Celles-ci se montent à 74,788 milliards d’euros pour 2010 (voir le document officiel annexé à la loi de finances : http://www.performance-publique.gouv.fr/farandole/2010/pap/pdf/VMT2-2010.pdf, page 13)
Donc finalement les chiffres du COR qui se veulent effrayants, démontrent au contraire que le financement de nos retraites ne dépend que du partage des richesses.
Reprenons donc le scénario C du COR, c’est le plus pessimiste mais le plus « crédible » (allez donc savoir pourquoi selon le Figaro).
– 1- Le COR parle de « besoins de financement », mais le Figaro titre sur le « trou » de nos régimes de retraites en 2050. Un besoin de financement, à la différence d’un « trou » peut, par définition, être financé. Cela nous renvoie au partage des richesses : diminuer le montant des retraites en allongeant la durée de cotisation et en repoussant l’âge légal ou maintenir et améliorer ce niveau en augmentant progressivement la part patronale des cotisations retraites.
– 2- Le COR estime que la productivité augmenterait de 1,5 % par an pendant 40 ans. Cela signifie donc que la productivité actuelle du travail serait multipliée par 1,81 en 2050. En effet si l’on part de 100 en 2010 et qu’on augmente de 1,5 % par an, on arrive à 181 en 2050.
Aussi le pétard dont nous menace le gouvernement est-il un pétard mouillé : « En 2010, il y a 1,8 cotisant pour 1 retraité ; il n’y en aura plus que 1,2 en 2050 et nous ne pourrons plus financer les retraites » dit le COR. Alors faisons un calcul :
1.2 x 1,81 = 2.17
Cela veut dire que, avec l’augmentation de la productivité, les 1,2 cotisants produiront autant que 2,17 cotisants de maintenant, c’esr-Ã -dire plus que les 1,8 actuels.
La question se ramène donc à savoir si ce sont les retraités ou les actionnaires qui profiteront de la part de l’augmentation de la productivité du travail qui devrait, dans un régime de retraite par répartition, revenir au financement des retraites.
– 3- Le COR estime qu’en 2050, le « besoin de financement » de nos régimes de retraites pourrait être de 115 milliards d’euros (constants, une fois l’inflation neutralisée). Il précise surtout que ces 115 milliards d’euros représenteraient 3 % du PIB de 2050. Ce qui veut dire (il suffit de faire une règle de trois) que le PIB en 2050 serait supérieur à 3 800 milliards d’euros. Or le PIB annuel est aujourd’hui d’un peu plus de 1 900 milliards euros. Selon les chiffres du COR, ce PIB devrait donc doubler en 40 ans. A qui peut-on faire croire qu’il serait difficile, dans ces conditions, de trouver 115 milliards pour financer nos retraites ? Une fois ce financement assuré, il resterait encore 1 785 milliards d’euros pour financer l’augmentation des salaires directs, l’assurance maladie, la réduction du temps de travail, l’investissement public, les investissements privés productifs
A une condition, là encore, c’est que les actionnaires ne captent pas à leur profit, comme le prépare la contre-réforme du gouvernement Sarkozy et du Medef, la part de richesse qui devrait servir à financer les régimes de retraites.
– 4- Le COR retient le chiffre de 7 % de chômage à partir de 2020. Le chiffre précédent était de 4,5 %. Quel aveu de l’impuissance des politiques néolibérales à nous sortir du gouffre du chômage de masse ! LÃ encore, c’est la façon dont s’effectuera le partage des richesses qui décidera s’il faut financer les créations d’emplois ou les spéculateurs.
Ecrit le 21 avril 2010
Solidarité
François régis Hutin, PDG du journal Ouest-France, dans sa grande générosité, appelle à la solidarité pour sauver le régime des retraites (édition du 17/04/2010). Chiche ! Henri Proglio, PDG de EDF après avoir été celui de Veolia, s’attend à une « retraite chapeau » (retraite complémentaire) de 13 millions d’euros. Supposons que ce monsieur vive 40 ans en retraite, cela lui ferait 27 000 € par mois, en plus de sa retraite « normale » qui ne doit pas être minime non plus. Alors, solidarité ??
Chasseurs de primes
Selon Le Canard Enchaîné du 14/04, l’Etat, l’Europe et les collectivités locales versent, ensemble, chaque année, 65 milliards d’euros aux entreprises françaises, « dans un maquis infernal de lois, décrets, directives, circulaires ». En janvier 2007 un audit mené par l’Inspection générale des finances, a recensé 6000 dispositifs ! Alors des petits malins (des cabinets d’experts), se sont transformés en chasseurs de subventions en prenant un pourcentage au passage, jusqu’Ã 20 à 30 % , c’est-Ã -dire jusqu’Ã 13 à 20 milliards chaque année.
Puisqu’on vous dit qu’il y a moyen de financer les retraites ! c’est juste une question de partage du gâteau !
Mais ça, c’est tenu bien secret. Le bon peuple n’a pas à le savoir. Il faut lui faire croire qu’il n’y a pas d’autre possibilité que de repousser l’âge de la retraite !
Niches : 25 % d’impôts
Selon l’étude de l’INSEE, pour les revenus de 2007, la dernière tranche d’imposition, à laquelle est appliqué un taux d’imposition de 40 %, concerne les revenus supérieurs au nombre de parts multiplié par 67 546 euros. C’est-Ã -dire 5600 €/ mois pour une personne seule ou le double pour un couple.
En appliquant le barème progressif de l’impôt sur le revenu, les revenus des plus
aisés devraient donc en grande partie être imposés à 40 % (Ã 36 % en considérant les abattements).
Or, pour les personnes très aisées et les personnes les plus aisées, le poids de l’imposition, est de l’ordre de 25 % seulement. Les réductions d’impôt et déductions fiscales contribuent donc à diminuer le taux moyen d’imposition.
Et même : presqu’un quart des plus aisés a un taux d’imposition des revenus déclarés inférieur à 15 %.
Source : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/REVPMEN10e.PDF page 8.
« Comment pouvez-vous expliquer que des personnes qui déclarent un revenu imposable de moins de 4 000 euros par an puissent, comme par hasard, se voir rembourser 200 000 euros par le fisc, car cela suppose qu’ils ont payé plus de 200 000 euros d’impôts, tout confondu, alors même qu’ils déclarent 3 700 euros de revenu imposable ? » disait Didier Migaud à l’assemblée Nationale le 10 décembre 2008
Les évadés fiscaux
Faire revenir les riches ! A l’été 2007, Christine Lagarde semblait y croire. « Tous ces banquiers français partis travailler à la City, tous ces exilés fiscaux réfugiés en Belgique n’ont qu’une envie : rentrer vivre en France, scandait-elle à l’Assemblée. A ceux-là , nous ouvrons nos portes. Nous leur disons : revenez. »
hélas, malgré l’engagement de l’Etat à ne pas taxer plus de 50 % des revenus, les riches sont restés exilés. Pire : 821 personnes redevables de l’impôt sur la fortune ont quitté la France en 2008, soit 102 de plus qu’en 2007.