Ecrit le 7 juillet 2010
Et pourquoi donc La Mée se tairait-elle au sujet des retraites alors que le rouleau compresseur gouvernemental ne cesse de passer et repasser . Le gouvernement s’est même payé un dossier spécial dans Ouest-France et plusieurs quotidiens régionaux.
Et pour dire que le déficit des caisses de retraite est dû à un problème de démographie : pas assez de gens au travail pour payer ceux qui ne travaillent plus. d’où l’idée de repousser de deux ans l’âge de la retraite.
Mais encore une fois : le manque de gens au travail est lié au chômage massif, que ce soit celui des jeunes ou celui des personnes « âgées » (+18,9 % en un an, chez les plus de 50 ans)
CGT : jusqu’au boutiste
Pour la CGT, la réforme Woerth est jusqu’au boutiste ! « En repoussant l’âge de départ à la retraite à 62 ans et l’âge de la retraite à taux plein à 67 ans (au lieu des 60 et 65 ans actuels), et en confirmant l’allongement de la durée de cotisation à 41,5 ans, les conditions d’acquisition des droits à la retraite en France seraient les plus drastiques en Europe »,
Le sort réservé aux salariés exerçant des métiers pénibles et astreignants relève de la provocation. « Il n’y aurait aucun métier pénible ! Seul serait apprécié le degré d’usure du salarié qui, le cas échéant, lui permettrait de continuer de partir à 60 ans. On est loin du droit au départ anticipé avant 60 ans pour une retraite en bonne santé, alors que la CGT estime à 15 % les salariés en emploi pénible ».
« Pour les fonctionnaires, la cotisation retraite augmentera de 2,7 %. Le dispositif de départ anticipé pour les femmes ayant eu trois enfants disparaîtrait. Au nom de l’équité, c’est l’alignement des droits par le bas »,
Le projet de loi est soumis à la volonté du Medef qui réclamait le report de l’âge légal de la retraite. Les entreprises obtiendraient de plus de nouvelles aides financières pour l’emploi des plus de 55 ans.
La brutalité des mesures gouvernementales vise à répondre à la pression conjuguée des marchés financiers et des agences de notation qui exigent une réduction des budgets publics et sociaux dans tous les pays européens (alors qu’ils ont largement contribué à creuser ces déficits !)
Pour la CGT, chaque salarié doit prendre conscience que c’est de sa mobilisation que tout va désormais dépendre. Il s’agit d’empêcher le gouvernement de mettre en œuvre ce recul social sans précédent injuste et inefficace
Solidaires : la roue à l’envers
« Ils ont décidé de faire tourner à l’envers la roue du progrès social. Après toute une vie de labeur et de subordination, nous n’aurions plus le droit à la retraite en bonne santé avec une pension permettant de vivre dignement ? c’est parce que nous refusons l’inacceptable, et c’est aussi par fidélité aux combats des anciens qui se sont crevé la peau pour ce droit, que nous sommes présents aujourd’hui, à l’appel de l’intersyndicale, pour défendre nos retraites et imposer le droit à une retraite pleine et entière à 60 ans ».
Le plongeon
Soyons clairs, l’objectif de Sarkozy est de faire la place à un système d’assurance par capitalisation qui ferait le bonheur des fonds de pension. Le report de l’âge légal de la retraite à 62 ans, dans un pays où 38,2 % de la population de 55 à 64 ans est sans emploi, aboutirait évidemment à diminuer dramatiquement le taux des pensions.
l’allongement de la durée de cotisation va dans le même sens. Dans une société dans laquelle les jeunes trouvent un emploi de plus en plus tard et où les plus âgés sont licenciés de plus en plus tôt, pas besoin d’être grand clerc pour imaginer le plongeon des pensions. Et la pression pour qu’on se tourne vers le privé avec des retraites complémentaires pour compenser.
La pénibilité ? « c’est l’aspect le plus cynique de l’édifice. Seuls les malades ou les corps brisés dûment constatés par un médecin bénéficieraient d’une dérogation. Ce n’est pas la pénibilité qui serait mesurée mais la résistance humaine. On achève bien les chevaux ! Cela aussi, c’est une idée du Medef ».
« Tout est là : la ficelle de l’exploitation tirée à l’extrême et la règle sociale hachée menue dans l’individualisation » dit encore « Solidaires ».
l’automne sera « chaud » Espérons-le
Alors, mes camarades, il va falloir y aller, il va falloir se castagner pour imposer nos droits et préserver ceux de nos jeunes « dit Solidaires en évoquant » un affrontement majeur dès la rentrée de septembre « » parce que nous n’accepterons jamais que la retraite redevienne l’antichambre de la mort pour laisser une petite minorité de possédants et de rentiers s’accaparer toujours plus la richesse créée par les salariés ".
CFDT : la violence de l’effort
Pour la CFDT, la réforme est injuste. Injuste pour l’ensemble des actifs qui doivent prendre en charge les conséquences de la crise, tandis que le recours à la fiscalité reste symbolique, injuste à l’égard des salariés qui ont commencé à travailler jeunes et qui doivent cotiser plus que les autres, sans pour autant améliorer le montant de leur pension. Alors que ces salariés qui ont commencé à travailler jeunes occupent bien souvent les emplois les plus pénibles, et perçoivent les salaires les plus modestes.
Injuste pour les salariés aux carrières incomplètes, notamment les carrières féminines, qui voient l’âge du départ sans abattement, reculer de 65 à 67 ans.
Injuste à l’égard des salariés qui ne sont plus en activité et qui voient s’éloigner le moment où ils vont pouvoir prendre leur retraite. Des salariés au chômage, en maladie ou en invalidité que l’on va contraindre à rester plus longtemps, avec des allocations plus faibles que leurs droits à la retraite,
Injuste () et Inefficace car les transferts de charges entre les comptes sociaux notamment entre les caisses de retraite et l’assurance chômage ne sont absolument pas pris en compte,
Le gouvernement renforce les injustices, en ignorant la plus grande partie des salariés exposés à la pénibilité () il ne règle pas le problème de l’emploi des seniors ()
Violence
Pour la CFDT, il y a une énorme injustice entre la violence de l’effort demandé aux salariés du privé et du public et la faiblesse des mesures fiscales demandées aux plus hauts revenus.
Pour la CFDT, l’utilisation du Fonds de réserve des retraites, pour éponger les déficits actuels, constitue une grave remise en cause de la solidarité entre les générations. Contrairement à ce qu’affirme le texte gouvernemental, les déficits n’ont pas vingt ans d’avance, mais dix ans. Et c’est la crise économique qui explique cette situation du fait de la réduction de la masse salariale et donc des rentrées de cotisations. c’est donc à l’Etat, de prendre en charge la part des déficits liée à la crise, pas au Fonds de réserve des retraites.
Actuellement on veut prolonger les carrières, mais pendant que les Vieux ne partent pas, les Jeunes ne commencent pas. Absurdité ! Et prend-on en compte l’usure, et les sentiments qu’éprouve celui qui est usé ? Qui aura envie de se ménager pour durer au détriment des autres ? Le 24 juin 2010, un millier de personnes (et peut-être 1200) à Châteaubriant ont exprimé le désir d’une réforme qui s’attaque aux injustices, qui renforce les possibilités de choix des salariés, qui équilibre le système à long terme, et qui redonne confiance à toutes les générations. On n’en prend pas le chemin.