Ecrit le 15 septembre 2010
Un beau 7 septembre 2010
1200 manifestants selon la gendarmerie, 1500 selon les manifestants. Il y avait incontestablement du monde le 7 septembre à Châteaubriant, plus qu’espéré ! Et des têtes nouvelles, et des personnes en âge de travailler (c’est-Ã -dire pas retraitées). Il aurait pu y en avoir davantage encore si un certain nombre de femmes comprenaient que leur place est, aussi, dans la manif !
Cette manifestation était soutenue par la Confédération Européenne des Syndicats dont le secrétaire général a déclaré :
– " Le défi majeur n’est pas l’âge du départ de la retraite mais la question de l’emploi. Tout l’effort doit porter sur l’emploi.
– Il est nécessaire de faciliter l’entrée des jeunes sur le marché de l’emploi en leur assurant des emplois de qualité qui leur permettront de financer le système public de protection sociale basé sur la solidarité, et d’avoir des retraites décentes.
– Garder les seniors sur le marché du travail est également capital, or ce n’est pas ce qui se passe actuellement, nous le savons. Nous ne devons pas nous tromper de priorité ".
Gilles Barracand
Pour Gilles Barracand (syndicat Solidaires) : " Par petits bouts, à tour de rôle, toutes les catégories voient leurs conditions se dégrader, chaque recul de l’une servant à justifier le recul de la suivante, avec une double, voire triple peine pour les femmes, les travailleurs précaires et ceux qui sont restés longtemps au chômage. En condamnant les salariés âgés à travailler toujours plus tard, on aggrave les difficultés d’entrée dans la vie active des jeunes !
Commencée sur la base d’un mensonge grossier « il n’y a qu’une solution, travailler plus », la contre-réforme Sarkozy-Fillon-Parisot s’achève en prévoyant un nouveau hold-up sur la richesse produite par les travailleurs. Le gouvernement et le patronat ont nié la possibilité de trouver de véritables sources de financement supplémentaire parce qu’ils entendaient conserver « l’acquis » des classes possédantes au cours des dernières décennies ".
Et d’expliquer que l’on devrait faire payer des cotisations sociales aux « revenus financiers distribués par les entreprises à leurs actionnaires et créanciers » ce qui permettrait de réunir des ressources supérieures au déficit de toutes les caisses de retraite, et cela dès aujourd’hui et pour demain. Mais « le gouvernement se contente de prévoir un prélèvement sur le capital ridiculement bas de 3,7 milliards en 2010 alors que le déficit annoncé dépasse 32 milliards »
Ce qui est en jeu, c’est le type de développement humain : « Ã la nouvelle contre-réforme des retraites correspond un modèle d’où est exclue la possibilité d’utiliser les gains de productivité pour réduire la durée du travail et dans lequel la société est vouée à jamais au productivisme »
Serge Adry
Le projet de loi est très largement marqué de l’empreinte du MEDEF qui réclamait le report de l’âge légal de la retraite [ndlr : tout en refusant de garder les salariés de plus de 50-55ans !]. Les entreprises obtiendraient de plus de nouvelles aides financières pour l’emploi des plus de 55 ans.
" La brutalité des mesures gouvernementales vise à répondre à la pression conjuguée des marchés financiers et des agences de notation qui exigent une réduction des budgets publics et sociaux dans tous les pays européens.
Non content d’affaiblir encore davantage le système de retraite par répartition, en accentuant les conséquences des réformes antérieures qui amputent déjà le niveau des retraites, le gouvernement n’apporte aucune réponse nouvelle aux défis du chômage, des bas salaires et de la précarité ".
c’est pourtant dans la réponse à ces problèmes que réside l’essentiel des solutions garantissant la pérennité des retraites. Pour la CGT, c’est évident, cette réforme des retraites doit être résolument combattue.
Monsieur le président
« Monsieur le président, que vous faut-il de plus pour entendre les revendications des salariés ? » dit la CFDT
" Votre réforme est injuste, elle pénalise les femmes, les carrières longues, les polypensionnés, les métiers pénibles.
Votre réforme est brutale : en voulant reculer l’âge de départ de 60 à 62 ans, vous pénalisez les salariés qui ont travaillé jeunes, ceux qui ont déjà subi des parcours professionnels chaotiques.
Votre réforme est irresponsable. Elle fragilise le système par répartition, et le plonge dans une difficulté que les jeunes salariés devront assumer.
Votre réforme est inacceptable. Une fois encore les salariés trinquent, les gros revenus sont épargnés et les niches fiscales maintenues pour une poignée de nantis ! « La CFDT souhaite consolider les financements » en supprimant le bouclier fiscal, en taxant les revenus du capital, mais surtout en menant une réelle politique en faveur de l’emploi, particulièrement pour les jeunes et les seniors ".
Ecrit le 15 septembre 2010
Une réforme régressive et agressive
Le 10 septembre est un jour noir : après quatre jours de débat, dans un hémicycle assez clairsemé, les députés UMP et Nouveau Centre ont adopté l’article-phare du projet de loi qui prévoit le passage de l’âge légal à 62 ans à l’horizon 2018, en l’augmentant chaque année de quatre mois à partir de la génération 1951.
Cette réforme, dont Nicolas Sarkozy veut faire un marqueur de son quinquennat, revient sur la retraite à 60 ans, mesure entrée en vigueur en 1983 sous la présidence de François Mitterrand. « Une réforme régressive et agressive » a dit le Parti Socialiste.
Toute la gauche s’oppose à ce report de l’âge légal, de même que les syndicats, qui ont appelé à une nouvelle mobilisation le 23 septembre.
« En 2012, si nous sommes au pouvoir, nous rétablirons la retraite à 60 ans » a déclaré Jean-Marc Ayrault, patron des députés PS. « L’âge légal à 60 ans, c’est le bouclier social des plus modestes », a complété Marisol Touraine (PS), accusant Nicolas Sarkozy d’avoir « menti au peuple français » en promettant, pendant sa campagne présidentielle, de ne pas toucher à la retraite à 60 ans
Unie pour défendre le symbole de la retraite à 60 ans, l’opposition de gauche a toutefois montré des signes de division sur la question de l’allongement de la durée de cotisations, désormais soutenue par le PS, au grand dam du PCF et du Parti de gauche.
67 ans
Le 10 septembre en soirée, l’Assemblée a voté une autre disposition clef, qui relève de 65 à 67 ans l’âge à partir duquel on peut bénéficier d’une retraite à taux plein, même sans avoir toutes les annuités. Cette disposition va pénaliser les personnes qui ont eu des interruptions de carrière, à commencer par les mères qui ont dû s’arrêter de travailler.
Une députée UMP, Chantal Brunel, a demandé en vain que le recul de la retraite sans décote ne s’applique pas aux « femmes qui ont donné deux enfants à notre pays ».
L’examen du projet, qui compte une trentaine d’articles et sur lesquels ont été déposés environ 600 amendements, devrait se poursuivre jusqu’au 15 septembre, jour où les députés se prononceront par un vote solennel sur l’ensemble du projet de loi que le sénat examinera à son tour dès le 1er octobre. L’objectif du gouvernement, qui a décidé d’utiliser la procédure d’urgence, est de faire adopter définitivement cette réforme par le Parlement à la fin octobre.