Ecrit le 22 septembre 2010
Colloque International
Un colloque international « Frontières oubliées, frontières retrouvées » va avoir lieu au château de Châteaubriant et au théâtre de Verre les 30 septembre - 1-2 octobre dans le cadre du programme d’identification et de valorisation du territoire des Marches de Bretagne.
Organisé par le département de Loire-Atlantique et la Région Bretagne, ce colloque est une invitation à poursuivre la réflexion sur les perspectives de l’Europe et ses anciennes frontières.
Quelques thèmes et questions abordés :
Les anciennes frontières, des origines à la fin du Moyen Age. Quelles frontières dans l’occident médiéval ? Perceptions et réalités des frontières de la Bretagne, du Moyen Age à nos jours.
Frontières visibles, frontières invisibles : tracer des frontières, créer des identités ? Frontières et cultures ; mémoires de la frontière ; dépasser les frontières dans l’Union européenne au XXIe siècle.
Avec qui ?
Des spécialistes seront présents, venus des universités d’Espagne (Madrid, Barcelone), de Roumanie (Cluj Napoca), d’Italie (Turin, et Ecole française de Rome) et bien sûrde France (Brest, Toulouse, Strasbourg, Rennes, Lille, Bordeaux, Nanterre, Angers, Montpellier et Nantes, en particulier avec Michel Catala). Les conférences ont lieu au théâtre de Verre (dans la limite des places disponibles)
Rens. 02 40 28 20 20
Jusqu’au 3 octobre : derniers jours de l’exposition « Marches de Bretagne » - et de l’exposition de photos, sur le thème de la frontière, dans la galerie des Arcades au Château de Châteaubriant
Un colloque de très haute tenue : http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=20069
Kendiviz « Harzoù ankounac’haet, harzoù adkavet. Marzoù ha bevennoù kozh e Frañs hag en Europa »
Dibabet o deus Departamant al Liger-Atlantel ha Rannvro Breizh klozañ an diskouezadeg Marzoù Breizh, harzoù an Istor gant ar c’hendiviz « Harzoù ankounac’haet, harzoù adkavet. Marzoù ha bevennoù kozh e Frañs hag en Europa ». Ur bedadenn da genderc’hel gant ar preder war diarselloù Europa hag he harzoù kozh.
n’eus ket a harzoù etre Kuzul-departamant al Liger-Atlantel ha Rannvro Breizh ! Kenderc’hel a ra an div strollegezh gant o c’henlabour en ur ginnig e Kastell-Briant ur c’hendiviz aozet e darempred gant Skol-veur Naoned. An eskemmoù-se a roio an tu da vont pelloc’h gant ar preder istorel bet roet lañs dezhañ gant an diskouezadeg « Marzoù Breizh, harzoù an Istor », kinniget betek an 3 a viz Here er c’hastell departamantel.
Skolveuridi hag arbennigourien a studio pizh keal an « harzoù » ha pa vefent politikel, istorel, melestradurel, douaroniel pe sokial.
Taolioù-krenn a vo da-heul ar prezegennoù. Digoust ha digor d’an holl eo an emgavioù-se..
Un nebeud dodennoù a vo komzet diwar o fenn
An harzoù kozh, adalek ar penn-kentañ betek dibenn ar Grennamzer : bevennoù kentañ, harzoù kentañ ? Peseurt harzoù e kornôg ar Grennamzer ? Doareoù gwelet ha gwirvoudoù harzoù Breizh, eus ar Grennamzer d’an deiz a hiziv (taol-grenn).
An harzoù a c’haller gwelet, an harzoù na c’heller ket gwelet : tresañ harzoù, krouiñ identelezhioù ?
Harzoù ha sevenadurioù ; Eñvorennoù an harzoù ; Mont pelloc’h eget harzoù Unaniezh Europa er XXIañ kantved (taol-grenn)
Pelec’h ha pegoulz ?
d’an 30 a viz Gwengolo, 1añ ha 2 a viz Here 2010 er C’hoariva Gwer hag e kastell departamantel Kastell-Briant.
Pgz. 02 40 28 20 20
Pellgargañ ar programm
Note du 15 mars 2013
Faut-il abolir les frontières ?
Numéro « Manière de voir » n°128 / Avril - mai 2013 coordonné par Benoît Bréville et Philippe Rekacewicz
Physiques, culturelles ou symboliques, les frontières continuent de fragmenter les sociétés. Elles partagent les peuples et les cultures en même temps qu’elles les rassemblent et les préservent ; elles sont source de guerres, mais constituent des espaces d’échanges et de rencontres . Menaçantes et protectrices, elles cristallisent « deux manières de se perdre ».
Les deux manières de se perdre par Benoît Bréville
I. Territoires à la découpe
Une chaîne de montagnes ou un cours d’eau ne suffisent pas à instituer la séparation entre deux pays. Toutes les frontières ont été tracées par l’homme, définies au terme de guerres et de négociations, fixées dans des traités. Dès le XVe siècle, à Tordesillas, les colonisateurs portugais et espagnols s’entendirent sur un partage du monde. Quatre siècles plus tard, à Berlin, Français et Britanniques redessinèrent la carte de l’Afrique, au mépris des réalités locales et au prix d’un découpage arbitraire de géomètre qui continue de fragiliser le continent.
Puis vint le traité de Sèvres, quand les vainqueurs de la première guerre mondiale organisèrent le dépeçage de l’Empire ottoman et établirent leurs mandats au Proche-Orient, divisant les populations, créant des clivages artificiels. Même les mers ont eu besoin de leur convention : à Montego Bay, en 1982, l’Organisation des Nations unies (ONU) a défini les règles du partage des eaux territoriales, afin d’en finir avec un désordre qui profitait surtout aux nations riches - lesquelles ont longtemps refusé de ratifier le texte. En fait, les frontières sont si peu naturelles que les Etats éprouvent souvent le besoin de les matérialiser. Et ils ont trouvé toutes sortes de moyens pour y parvenir : ériger des murs, dresser des barrières ou tendre des fils barbelés.
Il n’est frontière qu’on n’outrepasse, Edouard Glissant
mémoires de l’épopée balkanique, François Maspero
La difficile conquête des espaces marins, Monique Chemillier-Gendreau
Et les colonisateurs morcelèrent l’Afrique... Louis C. D. Joos
Nouveau propriétaire pour Bakassi, léon Koungou
Comment l’Empire ottoman fut dépecé, Henry Laurens
Histoire politique de la clôture, Olivier Razac
II. Zones de friction
Quand il est apparu au XIIIe siècle, avant qu’il ne désigne la délimitation entre deux Etats, le terme « frontière » représentait la ligne de front établie par une armée. Cette étymologie militaire ne s’est pas démentie avec le temps : à travers les siècles et les continents, souverains, rois et autres empereurs ont tenté de conquérir par la force de nouveaux espaces. Car la taille d’un royaume fut longtemps le critère principal pour apprécier sa puissance.
De nos jours, l’extension territoriale n’est plus une fin en soi. La plupart des conflits frontaliers, qu’ils soient violents ou diplomatiques, portent sur des régions précises, celles qui recèlent d’importantes richesses naturelles ou qui, à l’image des îles Kouriles, occupent une position stratégique. Toujours plus pressante, la course aux matières premières a ainsi transformé le Proche-Orient, l’Afrique et, plus récemment, l’Arctique en zones de friction.
Frontières et guerres sont si intimement liées que les premières peuvent servir à qualifier les secondes. Quand un conflit se déclenche entre deux pays limitrophes, comme ce fut le cas entre le pérou et l’Equateur, on parle de guerre internationale. S’il a pour théâtre un seul et même Etat, on évoque une guerre civile. La formule recouvre diverses situations : des populations qui s’affrontent pour des raisons religieuses, ethniques ou politiques ; une fraction armée qui tente de s’emparer du pouvoir ; au Soudan, au Mali ou au Kurdistan, les revendications indépendantistes - et donc la volonté de créer de nouvelles frontières - d’une partie de la population, parfois opprimée, sont source de guerres.
Des nations africaines aux contours fragiles, Anne-cécile Robert
Le tracé incertain du Kurdistan, Joost R. Hiltermann
Un Proche-Orient sans cesse chamboulé, Alain Gresh
Misérable conflit entre le pérou et l’Equateur, Pablo Paredes
Etat de guerre permanent dans le Haut-Karabakh, Philippe Descamps
Divorce à la soudanaise, gérard Prunier
Les Kouriles, pomme de discorde russo-japonaise, Guy-Pierre Chomette
Corées, la grande déchirure, Philippe Pelletier
Ruée vers l’or noir sur la banquise, Dominique Kopp
III. Barrières de protection
Dans un système économique mondialisé qui place les Etats en concurrence les uns avec les autres - où trouve-t-on les travailleurs les moins bien payés ? les syndicats les plus inféodés ? -, les frontières peuvent faire office de barrières de protection contre les délocalisations, le dumping social ou la main-d’œuvre immigrée à bas prix.
L’idée n’est pas neuve - déjà , pendant la crise des années 1873-1896, plusieurs nations européennes brandirent la menace douanière pour se préserver des importations à bon marché -, mais la débâcle financière de 2008 l’a remise au goût du jour. Des économistes et des dirigeants politiques n’hésitent donc plus à prôner la « démondialisation », le rétablissement des frontières et de la souveraineté économiques des Etats, malmenées par trente ans de politiques libérales et libre-échangistes.
En temps de crise, la libre circulation des personnes constitue un autre sujet de controverse. Si certains y voient un principe fondateur des droits humains, d’autres souhaitent la contrôler, arguant d’une pression à la baisse sur les salaires. Loin du brouhaha médiatique sur le « problème de l’immigration », l’Europe, les Etats-Unis, mais aussi la Chine et l’Afrique du Sud, sont engagés dans un savant jeu d’équilibre où la frontière permet de filtrer les flux de population pour choisir ceux des migrants qui deviendront un atout économique.
En 1880, les douaniers s’en donnèrent à cœur joie, Serge Halimi
La mauvaise fortune des « maquiladoras », Anne Vigna
L’improbable saga des Africains en Chine, Tristan Coloma
Libre circulation de l’information et domination mondiale, Herbert I. Schiller
Comment l’Union européenne enferme ses voisins, Alain Morice et Claire Rodier
Qui a peur de la démondialisation ? Frédéric Lordon
Iconographie
Ce numéro est composé d’un ensemble cartographique réalisé par Philippe Rekacewicz, avec la collaboration d’Agnès Stienne.
Extraits littéraires
« Sur la frontière », Michel Warschawski
« Mes voyages avec Hérodote », Ryszard Kapuscinski
« La Ligne de front », Jean Rolin