Ecrit le 6 octobre 2010
2 octobre à Châteaubriant
Les chapeaux étaient de sortie, les parapluies aussi. 2000 manifestants : la mobilisation ne faiblit pas. Des têtes nouvelles, des commerçants, des jeunes, des anciens et le plaisir d’être ensemble !
Ecrit le 20 octobre 2010
12 octobre à Châteaubriant
Ecoles : Voulez-vous des vieux croûtons Pour vos jeunes lardons ?
Ah oui, ils étaient en verve les jeunes du Lycée Môquet, en venant à la manifestation du 12 octobre. « Il était un petit homme, pirouette, cacahuète, il était un petit homme, qui avait une drôle de réforme. Sa réforme est en carton, pirouette, cacahuète, sa réforme est en carton, et ses idées sont nulles à chier ! ». Si ce n’est pas de la haute littérature, c’est tout au moins un chant à marcher. Et pour marcher, oui, les quelque 2300 personnes ont bien marché, en rangs compacts faisant le tour de la ville et passant par la rue cen- trale, pour finir devant la Sous-préfecture où des gendarmes gardaient les accès au château ce qui a fait bien rigoler les manifestants !
Dans le cortège, peu de retraités, davantage de salariés des petites entreprises, des paysans, des commerçants de proximité. Encore des têtes nouvelles.
Blocage au lycée : Deux jours de fermeture
Quelques élèves du lycée Lenoir ont manifesté le 12 octobre. Noyés dans la masse on les a peu vus. Jeudi 14 octobre, dès 8h, ils ont décidé de ne pas aller en cours et sont descendus en ville (dommage : les poubelles en ont fait les frais !). Cette fois leur parcours n’était pas pré-établi : les gendarmes ont dû jouer aux devinettes ! Mais somme toute le défilé était plutôt tranquille sauf que .
selon le proviseur, M. Dubroca, « il était impossible d’avoir une relation raisonnée et raisonnable » avec les élèves. Cette affirmation surprend : j’étais présente à la porte du lycée ce matin-là , je n’ai vu aucune proposition de dialogue de la part de la Direction ! [Il faut dire que le proviseur est un homme qui fuit le contact]. Le proviseur, dans une lettre aux parents, écrit : « j’ai fait appel aux forces de l’ordre et le lycée aidera au dépôt de plaintes ». Par ailleurs, craignant des blocages aux portes du lycée lundi 18 octobre au matin, le proviseur a décidé de fermer l’établissement les 18-19 octobre. Bon moyen d’amplifier le mouvement !
Réunis en assemblée générale le 15 octobre, un certain nombre d’enseignants et agents du lycée condamnent fermement « les débordements dont se sont rendus coupables une poignée de jeunes lors de la manifestation improvisée du jeudi 14 octobre » - mais aussi, " Par dessus tout, nous réprouvons l’attitude de la direction tout au long de la semaine. Dès mardi, le proviseur, monsieur Dubroca, a multiplié les pressions sur les élèves grévistes. Le lendemain, un courrier était envoyé aux familles les prévenant, assez maladroitement, que les internes et demi-pensionnaires qui s’absenteraient pour manifester se verraient interdire l’entrée du self et de l’internat. Ces menaces ont été mises à exécution le lendemain, jeudi, le proviseur s’opposant personnellement au passage des élèves. ()
Il nous semble qu’un minimum de dialogue avec les jeunes aurait permis d’apaiser la tension et d’éviter les dérapages que nous regrettons tous. Au lieu de cela, le proviseur vient de nous annoncer la fermeture du lycée () . Nous sommes convaincus que les lycéens sauront répondre avec sang froid à ce coup de force administratif ".
Assistants en grève
Les assistants d’éducation du Lycée Lenoir sont partis en grève pour une semaine à compter du 12 octobre. L’ambiance « délétère » qui règne dans l’établissement les pousse malheureusement à prendre cette mesure qui ne sera pas sans grave incidence financière pour eux, qui gagnent 1000 € par mois. L’équipe aime son boulot mais les conditions ne sont plus réunies pour créer un climat de confiance. En particulier les assistants d’éducation se plaignent d’attitudes de suspicion et de flicage qui créent un climat de tension. Ils regrettent de ne pouvoir rencontrer la direction : le proviseur adore son bureau et déteste apparemment rencontrer les personnels ou les élèves !
16 octobre à Châteaubriant
Je veux bien bosser jusqu’Ã 100 ans
« Sarko, si tu fous le camp, je veux bien bosser jusqu’Ã 100 ans » disait une pancarte à Châteaubriant à la manif du 16 octobre. Celle-ci a compté 1700 personnes, mais encore des têtes nouvelles, beaucoup de femmes et même un certain nombre de personnes en situation de précarité, ce qui montre que la base sociale de la contestation s’élargit, qu’il ne s’agit pas seulement d’une revendication liée aux retraites, mais qu’il y a un réel malaise social.
Il est tout de même étonnant d’avoir compté 1700 personnes à Châteaubriant, alors que c’est la 5e manif ! La somme de 754,25 € sera remise aux syndicats de la raffinerie de DONGES pour soutenir leur blocage.
Rendez-vous maintenant
mardi 19 octobre 14h30
à la mairie de Châteaubriant
Humour
Samedi 16 octobre, il y avait très très peu de gendarmes le long de la manif à Châteaubriant. Avaient-ils compris que nous sommes ici des gens pacifiques et qu’il ne faut pas tenter de nous chatouiller ? Eh non, c’est pas ça ! c’est qu’il y avait « portes ouvertes » dans l’ensemble des brigades du département, « plus spécialement pour sensibiliser les 18-25 ans sur les opportunités offertes par ces métiers »
métro, boulot, caveau
Mais non, mais non ! Car, on vous le dit, le travail c’est la santé. Et le Figaro du 12 octobre 2010 n’hésite pas à sortir une étude de trois universitaires allemands ayant étudié un groupe d’hommes partis en pré-retraite à 55 ans au lieu de 58 pour les hommes, et à 50 ans au lieu de 55 pour les femmes.
Leur conclusion : pour les hommes, partir à la retraite un an plus tôt augmente de 13,4% les chances de mourir avant 67 ans Pour les femmes, en revanche, un départ à la retraite anticipé n’a aucun effet sur l’âge du décès. Et le Figaro conclut : « Partir plus tôt à la retraite peut nuire à la santé » ! De là à conclure qu’il faut partir plus tard
Le Figaro aurait pu s’interroger sur les conditions brutales de licenciement à 55 ans ! On l’a bien vu à Châteaubriant lors des licenciements chez Huard, Focast ou Provost : les évictions prématurées sont cause de déstabilisation, de dépression. Ce n’est pas le fait de « partir » en retraite, c’est le fait d’être « jeté » ! Un licenciement prématuré, c’est comme une rupture sentimentale : ça fait des dégâts. Cela figurait dans le rapport sorti par le Figaro, mais le Figaro ne l’avait pas lu...