Ecrit le 2 février 2011
Rapport radioactif
Le rapport de l’Office parlementaire de l’évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST) qui porte sur le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs () est un brûlot contre la politique nucléaire du gouvernement et les ambitions du PDG d’EDF.
Les députés adressent un rappel à la loi à EDF qui tente de passer en force avec un projet de stockage souterrain des déchets les plus radioactifs nettement moins cher (15 milliards contre 35 milliards) que l’état actuel du projet de l’andra. [] Ils rappellent le cadre légal qui donne à l’Andra le rôle décisif et à l’Autorité de sûreté nucléaire celui d’exercer son devoir de contrôle sur la sûreté et la sécurité du démantèlement des installations et la gestion des déchets. [] Rappel à la loi aussi pour le gouvernement qui n’a toujours pas mis en place la commission nationale d’évaluation financière de ce projet, pourtant prévue par la loi de 2006. []
Le rapport montre clairement que la privatisation de fait d’EDF mine la confiance que les citoyens comme les élus peuvent avoir dans sa direction qui n’est plus perçue comme capable de proposer une politique visant l’intérêt général et de long terme, mais seulement celui, à courte vue, des finances de l’entreprise. []
Alors que Nicolas Sarkozy promeut le nucléaire partout, le rapport déclare que « l’énergie nucléaire est une technologie trop sophistiquée pour faire l’objet d’un prosélytisme universel ; tous les pays ne sont pas en mesure d’en maîtriser suffisamment les conditions de sûreté. »
Proviseurs : Prime aux résultats
Lemonde.fr du 27/01 : Les chefs d’établissement seront récompensés par une prime au mérite.
Le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, est allé un peu vite en déclarant « avoir conclu un accord » avec le SNPDEN-Unsa, le Sgen-CFDT et Indépendance et Direction, les organisations syndicales représentant les principaux de collège et les proviseurs de lycée : en réalité, l’instauration, dès septembre 2011, d’un système de rémunération variable pour ces cadres de l’Education devrait être actée en mai prochain.
Mais le ministre a bien confirmé le principe, nouveau dans ce secteur de la fonction publique, d’une prime versée tous les trois ans, et d’un montant maximum de 6« ˆ000 euros, aux chefs d’établissements du secondaire »en fonction des résultats obtenus au regard des objectifs de performance qui leur ont été fixés" . Les recteurs (qui en bénéficient depuis le 16 novembre 2010) jugeront si les missions ont correctement été remplies.
La prime serait assise sur le « projet pédagogique » de l’établissement, les « résultats scolaires » ou « la capacité d’intégrer des élèves en grande difficulté ». []
[Ndlr : intégrer les élèves en difficulté : les mots sont inutilement ronflants quand on constate, sur le terrain, la suppression des RASED qui viennent effectivement en soutien à ces élèves. En réalité les primes seront versées aux proviseurs qui auront bien su supprimer des postes d’enseignants ..]
Cette tendance à rémunérer chacun en fonction de ses performances n’est pas sans risque, prévient Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS, qui travaille à Sciences Po Paris. Cette mesure relève de « la poursuite d’une volonté politique d’individualisation et de privatisation de la fonction publique ». « Dans un contexte d’économies budgétaires, on bloque les salaires et on joue sur l’individualisation en fonction des résultats personnels. Or cette méthode pose un » problème de mise en œuvre « , celui de » la nature et la transparence des critères d’évaluation ".
Autre danger : « La transformation de la qualité du service en critères quantitatifs. » Cette dérive peut entraîner « des pratiques professionnelles artificielles », comme cela a été dénoncé dans la police ces derniers mois, observe le chercheur. Bref, ’’cela peut devenir purement formel, comme cela s’est passé aux Etats-Unis dans les années 1970 : une illusion managériale ".
Pour le SNES, « cette prime sera fondée sur le zèle et la détermination à mettre en œuvre des réformes largement contestées par les usagers ».
Ndlr : Les bons élèves ont des images ; les principaux et proviseurs auront une prime parce qu’ils le valent bien ?
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Gros donateurs
Rue89.com du 26/01 : Le Premier cercle, club des « plus gros donateurs de l’UMP », jadis présidé par l’ex-trésorier Eric Woerth a reçu la visite de Nicolas Sarkozy.
Il est resté une demi-heure, au cours de laquelle il a copieusement tapé sur l’ISF, estimé « qu’il n’y avait personne dans les rues » lors des manifs du week-end dernier contre les suppressions de postes à l’école, et promis à ses fans qu’ils le retrouveraient tel qu’ils l’aiment, lors de la prochaine campagne présidentielle. []
Tout ne va pourtant pas si mal. La vertu progresse. Ainsi, la commission sur les conflits d’intérêts va rendre son rapport qui préconise tout un tas de recommandations, d’obligations, de déclarations. Peut-être même y aura-t-il une loi. Mais, à propos des présidents de la République qui viennent faire la retape clandestinement devant les millionnaires de leur parti, la commission ne prévoit apparemment rien.
« Soyez riche, ayez de l’argent, faites des chèques, vous aurez de l’influence et on écoutera votre voix ! ». c’est ainsi que François Bayrou (Modem) ironisait sur RTL, sur le message glissé par Jean-François Copé à l’oreille des plus généreux donateurs de l’UMP.
Perquisition chez Johnny
Le Canard enchaîné du 26/01 : Une perquisition a eu lieu le 02/12/2010 chez le conseiller fiscal de Johnny Hallyday, puis dans ses bureaux, à Vaucresson.
Le contrôle porterait notamment sur les sociétés créées pour gérer les affaires de Johnny Hallyday, déjà résident suisse. Selon le Canard, le rockeur a en effet « chargé ses conseillers de créer un réseau complexe de sociétés pour gérer ses petites affaires dans l’Hexagone ». Surtout, « une partie des actifs de la galaxie Hallyday » aurait été transféré au Luxembourg.
Si les agents du fisc trouvent suffisamment de preuves d’une fraude, le dossier sera transmis à la Commission des infractions fiscales du ministère du Budget, puis une plainte sera déposée.
Ndlr : Ah que c’est triste ! Johnny n’a pas encore réagi.
Policiers voleurs
Libération.fr du 26/01 : Deux gardiens de la paix du commissariat Nord de Toulouse ont été condamnés le mardi 25 janvier à un an de prison ferme et deux avec sursis pour « escroqueries aggravées » : les duettistes, un homme et une femme, faisaient leurs achats sur Internet... en utilisant les cartes de crédit de leurs gardés-Ã -vue. []
Le subterfuge a été découvert par la société financière d’un grand distributeur, en butte à la hargne d’un quidam protestant du débit de 778 Euros pour un I.Phone qu’il jurait ne jamais avoir acheté. Dans le but louable de lui mettre son bon de commande sous le nez, la société de crédit a fait des recherches et constaté que l’achat avait été effectué « depuis un ordinateur du ministère de l’Intérieur ». L’enquête a été très brève. []
Arrêtés en mars 2009, les deux policiers ont d’abord purgé quatre mois de détention provisoire, avant d’être radiés de la fonction publique.
à l’annonce du jugement, les policiers toulousains n’ont pas manifesté.
Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux non plus ne s’est pas fait entendre.
Ecrit le 9 février 2011
Aux larmes, citoyens !
Nouvelobs.com du 03/02 : Le directeur de la gendarmerie nationale a demandé, le 3 février, l’ouverture d’une enquête auprès des services de l’IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale) après la diffusion d’une vidéo montrant une intervention musclée de la gendarmerie durant une manifestation dans la gare d’Anduze (1)
L’incident s’est déroulé le 21 janvier, lors d’une mobilisation des habitants de la région. Réunis pour manifester leur mécontentement quant au projet de rattachement de la Communauté de Communes autour d’Anduze (2C2A), les habitants avaient entrepris de bloquer le train dans lequel se trouvait le président de la communauté d’agglomération du Grand Alès.
Les gendarmes ont évacué le groupe de militants, composé pour partie de personnes âgées et d’enfants, avec une certaine brutalité. On peut ainsi voir sur la vidéo un des gendarmes, identifié par le Canard Enchaîné comme le chef d’escadron Frédéric Warion, utiliser une bombe de gaz lacrymogène à quelques centimètres du visage d’un manifestant. Les forces de l’ordre ont également fait usage de leurs matraques, comme en témoigne une victime montrant ses plaies à la caméra.
Un élu d’une commune de la 2C2A affirme que la manifestation s’est déroulée pacifiquement et qu’il n’y aurait pas eu de sommation avant le début de l’évacuation.
La vidéo du blogueur, retraité et vidéaste amateur, pourra peut-être aider la justice à y voir plus clair dans cette affaire puisque ce dernier a l’intention de remettre les bandes vidéo originales à un huissier. Selon Alain Beaud, président socialiste de la communauté de communes d’Anduze, cité par LeMonde.fr, un groupe d’élus présents à la manifestation envisagerait de déposer une plainte collective visant le commandant Warion. Une première plainte aurait déjà été déposée auprès de la gendarmerie d’Anduze par une victime de projections de gaz lacrymogène. (2)
R-émission
Marianne.fr du 03/02 : Michèle Alliot-Marie l’a affirmé devant les députés avec aplomb : elle ne démissionnera pas. Elle n’a pas démissionné quand elle proposait à Ben Ali « le savoir-faire » de la police française en matière de sécurité et de maintien de l’ordre. Elle n’a pas démissionné quand, au Caire, voici quelques jours à peine, elle vantait encore les mérites du régime Moubarak. Elle ne le fera pas non plus après les révélations du « Canard Enchaîné » sur ses vacances de fin d’année en Tunisie.
Entre Noë l et le Jour de l’an, la ministre des affaires étrangères et son époux, Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement, ont voyagé dans le jet privé d’Aziz Miled, un proche du clan Ben Ali et de la famille Trabelsi. Un scandale auquel nul ministre, dans toute autre démocratie en Europe ou aux États-Unis, ne résisterait. A fortiori un ministre des Affaires étrangères censé incarner partout dans le monde l’image de la France.
Pourquoi démissionnerait-elle alors que tant de ministres avant elle, pris la main dans le pot de confiture, ne l’ont pas fait ?
Son prédécesseur, Bernard Kouchner, a-t-il rendu les clés du Quai d’Orsay quand le journaliste Pierre péan, dans un livre-enquête relayé par Marianne, avait révélé les honoraires hallucinants que lui versaient des dictateurs africains ? Eric Woerth a-t-il quitté son maroquin quand les médias ont révélé toutes les compromissions fiscales de l’affaire Bettencourt ? Quant à Brice Hortefeux, condamné à deux reprises en première instance pour propos racistes, puis pour atteinte à la présomption d’innocence, il occupe toujours la place Beauvau. []
l’affaire Alliot-Marie, après bien d’autres, nous éloigne un peu plus de la fameuse « démocratie irréprochable » que promettait le candidat Sarkozy en 2007.
Magistrats en vrac
L’Humanité.fr du 03/02 : A Nantes, les juges ont refusé de siéger jeudi après-midi. Un débrayage de toges noires pour réagir au discours tenu quelques heures plutôt par le chef de l’Etat à propos de l’affaire Laetitia Perrais. En visite jeudi matin au commissariat d’Orléans pour parler de prévention de la délinquance, Nicolas Sarkozy a continué à pointer du doigt les magistrats dans le sordide fait divers de Pornic.
« Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s’assurer qu’il sera suivi par un conseiller d’insertion, c’est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés, c’est la règle », a-t-il déclaré devant gendarmes et policiers. Des sanctions déjà promises, lundi, par les ministres de l’Intérieur et de la Justice qui ont dénoncé « une défaillance dans la chaîne pénale ».
Dès qu’ils ont pris connaissance ce nouveau missile anti-magistrat du chef de l’Etat, les juges de Nantes se sont spontanément réunis dans la salle des pas perdus du tribunal. Se sont joints à eux des avocats, des représentants de syndicats policiers, de la protection judiciaire de la jeunesse et des fonctionnaires pour « protester contre l’amalgame par les plus hautes autorités de l’Etat entre la commission d’un crime et les prétendues carences décisionnelles des services de la justice, de la police et de l’administration pénitentiaire », relate leur communiqué. Le barreau de Nantes a également apporté son soutien.
Le chef de l’Etat aurait dû plutôt faire profil bas après la révélation de documents, selon lesquels la plus haute hiérarchie connaissait l’état du service d’application des peines de Loire-Atlantique. Celui-ci, avait, par manque de moyens, mis de côté le suivi de 800 personnes condamnées, dont celui du tueur présumé de Laë titia Perrais, Tony Meilhon. « Tout le monde sait que ce n’est pas une faute qui a été commise », a explique Matthieu Bonduelle, du Syndicat de la magistrature, rappelant que ces choix ont « été faits et validés par la hiérarchie ».[...]
L’Union Syndicale des Magistrats (USM, majoritaire) a appelé à « la suspension des audiences partout en France jusqu’au mouvement national prévu les 10 et 11 février avec notamment une grande manifestation à Nantes ». Si Nicolas Sarkozy soutient une révolution, cela risque d’être celle des palais de justice.
Bouleversements
Pour 1250 filiales d’entreprises françaises, les bouleversements politiques en Tunisie ne constituent pas forcément une bonne nouvelle. Elles emploient, selon une enquête de « l’Humanité » (26/01), 110 000 Tunisiens, et leur porte parole au sein du Medef pouvait déclarer, en avril 2009, que « les entreprises françaises sont heureuses en Tunisie ». Pardi, avec des salaires cinq à dix fois inférieurs à ceux pratiqués en France, il y a de la marge à se faire.
Mais, à en croire les témoignages recueillis par « l’Humanité », il se pourrait que les salariés tunisiens croient l’heure venue de réclamer de meilleurs salaires. Comme si les entreprises françaises ne faisaient pas tout ce qu’elles peuvent en ce domaine.
Fillon l’intègre
Le Canard Enchaîné du 02/02 : le Premier ministre a invité ce mercredi, dans les salons de l’hôtel Matignon, les responsables et les adhérents de France.9 qui regroupe depuis 2001 les amis et supporters de François Fillon. Ce club fantomatique a le statut de « parti politique associé à l’UMP ». A ce titre, il est habilité à recevoir des dons. Avec en prime une « déduction fiscale plafonnée à 7500 euros par personne et par an ». []
Si soucieux d’intégrité, le Premier ministre va sûrement régler de sa poche le coût de cette réception dans son palais officiel !