Ecrit le 6 juillet 2011
Les défis de la jeunesse
Commémorer le passé, vivre le présent. Lors de la cérémonie anniversaire de l’attaque du Maquis de Saffré, la maire Jocelyne Poulin a interrogé les personnalités présentes en ces termes :
C’était il y a 67 ans. Aujourd’hui, qu’avons-nous fait de leur sacrifice ? Nous vivons dans un monde désormais de plus en plus compliqué, la nature est mise à mal, les peuples expriment leurs inquiétudes et cherchent des repères là où la crise s’exprime avec violence, crée des injustices inadmissibles et engendre des conflits dont les premières victimes sont souvent les jeunes.
Ce n’est pas pour ce monde d’insécurité
et d’inquiétude que nos maquisards ont donné leur vie. Ils voulaient des choses simples : du pain et du travail pour tous et la liberté partout, le retour de la démocratie, des hommes qui se comprennent et des peuples qui coopèrent.
Les premières années de l’après-guerre furent les 30 glorieuses : la reconstruction donnait du travail, des enfants naissaient dans chaque famille, et l’ennemi d’hier redevenait chaque jour un peu plus fréquentable.
A San Francisco, en 1945, les représentants d’une cinquantaine de pays ont créé l’ONU. A Rome en 1957, six pays dont la France et l’allemagne, ont créé le marché commun, première marche vers l’Union européenne. Ailleurs dans le monde, on décolonisait et on oeuvrait pour le progrès, on combattait les dictatures, on luttait contre la maladie, l’analphabétisme, la pauvreté
Evidemment, les premières crises aurait pu donner le signal des difficultés à venir, mais la marche en avant vers un monde de plus en plus technologique et financier, donc de moins en moins humain, se poursuivait avec aveuglement vers cette nouvelle étape dans l’histoire de l’humanité, celle que nous vivons aujourd’hui, celle de la mondialisation qui déstabilise les sociétés et qui fragilise les hommes. Et au premier rang des victimes, partout, on retrouve la jeunesse : chez nous, ils sont les plus nombreux au chômage, les jeunes femmes surtout. Ailleurs ils sont les plus nombreux dans la rue, dans la contestation, sur les bateaux de réfugiés, ou parmi les victimes de la répression, là où les dictateurs règnent encore, comme la Lybie ou la Syrie.
Hier la jeunesse manifestait en Tunisie, en Egypte, de l’autre côté de la méditerranée aux frontières de notre territoire européen. Aujourd’hui c’est sur les places de Barcelone, de Madrid ou d’Athènes, qu’ils manifestent.
Comment ne pas entendre les appels de tous ces jeunes qui en appellent à un monde meilleur, un monde plus juste, plus fraternel, un monde qui les respecte et leur donne enfin une vraie place ?
Les catastrophes ne sont pas toute naturelles et donc imprévisibles. Pour le bonheur et la richesse de quelques-uns, la surproduction, la surconsommation, les délocalisations et l’appauvrissement des ressources naturelles pillées sans vergogne ont provoqué des dégâts immenses et qui engagent l’avenir à long terme.
De partout la revendication qui monte a les mêmes accents et les mêmes exigences : du travail, des études, des logements, et même pour certains, les plus démunis, le droit de ne plus avoir à errer de pays en pays, le droit de ne plus avoir à se cacher pour franchir les frontières au risque de se retrouver en prison. Et puis, pour tous, le droit à la dignité.
Alors, ne reste-t-il que des raisons de désespérer ? Non bien sûr ; les historiens affirment que les crises sont faites pour en sortir, et il est vrai que depuis l’antiquité l’humanité est sortie de tant de crises ! Mais aujourd’hui ce ne sont plus quelques millions d’habitants qui attendent des jours meilleurs, mais 7 milliards d’êtres humains qui veulent plus de sécurité et l’assurance de jours meilleurs pour leurs enfants. Et ces enfants, nos enfants, c’est précisément la jeunesse, notre bien le plus précieux, l’espoir de l’humanité pour un avenir meilleur.
De l’ONU dont les décisions sont bafouées, à l’Union européenne qu’il faudra améliorer d’urgence, ou aux pays émergents qui exigent leur juste place au gouvernement du monde, les chantiers sont immenses. Les défis sont gigantesques, mais l’espoir ne meurt jamais : l’avenir est entre les mains des jeunesses du monde entier qui vont devoir construire un monde nouveau, porteur de nouvelles solidarités internationales et intergénérationnelles.
Alors, lorsque demain, grâce à nos enfants, nous aurons commencé à relever avec succès ce défi colossal qui engage l’avenir, tous ensemble nous pourrons tendre la main aux déportés et aux Fusillés de la 2e guerre mondiale, et tout particulièrement ici, nous pourrons tendre la main à nos p’tits gars du maquis : ils ne seront pas morts pour rien !