Ecrit le 13 juillet 2011
Le FD CIVAM 44, le GAB 44 et la Confédération paysanne 44 ont adopté une position commune au sujet du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes. Ces organisations déclarent :
« Nous sommes engagés depuis de nombreuses années dans l’accompagnement de projets contribuant à un développement local et durable des territoires. Le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, de par ses objectifs et son implantation, est en contradiction totale avec les objectifs poursuivis par nos structures ».
Plusieurs éléments nous amènent à prendre cette position :
- Du point de vue social : ce projet conduirait à démanteler un bassin de vie rurale très dense. Sur tout le département, ce projet engendrerait un processus d’urbanisation bien au-delà d’un aéroport (routes, TGV, entreprises, habitations) et l’expulsion de familles de paysans en découlerait dans des proportions non évaluées à ce jour. La spéculation sur l’immobilier et le foncier engendrerait une sélection par l’argent, concentrant ainsi la richesse et les pouvoirs autour de la métropole Nantes St Nazaire, au détriment de l’agriculture et du reste de la région Pays de la Loire.
- Du point de vue agricole : ce projet s’inscrit au cœur du département de la Loire Atlantique, dans un bassin d’élevage important, dont la majorité des exploitations sont déjà engagées ou pourraient s’engager dans des systèmes d’agriculture durable (bio notamment).
Ce serait donc, plusieurs centaines d’actifs agricoles qui disparaîtraient mais également des surfaces en prairies et des km de haies dont les vocations environnementales ne sont plus à démontrer (moindre pression par les intrants, puits carbone, biodiversité). Ces disparitions s’ajouteraient à l’emprise urbaine galopante, d’une part, et aux nombreuses zones d’activités en projet, d’autre part, qui engloutissent les surfaces agricoles mais également créent des situations difficiles de relations entre les agriculteurs et leurs voisins.
Nous préconisons une préservation de toutes les surfaces agricoles pour maintenir des capacités de production, dont les agricultures biologique et durable afin de proposer des produits sains et une eau de qualité à la population ligérienne dans un environnement préservé. A contrario, les pertes de surfaces agricoles entraîneraient une intensification de l’agriculture à l’inverse des objectifs politiques affichés (Grenelle ; projets départemental et régional) et de la demande des consommateurs.
- Du point de vue énergétique : L’implantation de ce projet sur une des zones les plus bocagères du département apparaît en contradiction avec une volonté affichée par ses promoteurs de voir se développer une filière bois-énergie départementale pour une plus grande autonomie énergétique des territoires.
La ressource bocagère constitue une ressource renouvelable, si et seulement si, elle est gérée durablement. Laisser penser que replanter après avoir arraché suffit à faire du développement durable, c’est oublier qu’un arbre met plusieurs dizaines d’années pour arriver à l’âge adulte.
- Du point de vue de l’effet de serre et de l’environnement : le transport aérien est de loin le mode de transport le plus polluant, tant par ses rejets directs dans l’atmosphère que par les aménagements satellites qu’il génère, notamment à travers le réseau routier et l’afflux de véhicules.
De plus, le schéma routier qui accompagne le projet d’aéroport aurait des conséquences très négatives pour le paysage et le bocage, la biodiversité particulièrement riche dans cette région, la pollution de l’air,
- Du point de vue économique : le transport aérien facilite les échanges économiques incohérents, notamment alimentaires ou produits à contre-saison, au détriment de la production saisonnière et locale souhaitée par beaucoup et qui permet de dynamiser une économie locale du producteur au consommateur final.
- Du point de vue de l’action publique : la consommation des crédits publics pour l’aéroport se ferait au détriment d’actions plus durables, tout aussi créatrices d’emplois : la maîtrise des énergies et la réhabilitation énergétique du bâti ancien, le développement des énergies renouvelables et de l’éco-construction, l’investissement dans l’aménagement et la protection de l’environnement, etc. Autant d’engagements publics en faveur d’une plus grande solidarité face aux enjeux sociaux et économiques.
De plus, l’engagement définitif dans un tel projet amènerait « la force publique » à intervenir pour rentabiliser des outils qui deviendraient trop onéreux avec l’augmentation du coût de l’énergie. Enfin, le processus de décision ne prend pas suffisamment en compte les éléments négatifs liés à ce projet d’aéroport.
Pour toutes ces raisons, notre collectif se prononce contre la réalisation d’un futur aéroport à Notre Dame des Landes et soutient une alternative simple et économique : la poursuite de l’activité de l’aéroport actuel, résolument tournée vers un développement local et durable, dans le cadre d’un processus de décision ouvert, prenant en compte toutes les facettes du projet et de ses conséquences. Nous souhaitons continuer à être les acteurs de ce développement durable sur tout le département et non servir de caution à un « verdissement » du projet de Vinci qui vient freiner le développement du département le plus bio de France.
Si ce projet a pu paraître sensé, viable, voire inéluctable à une époque, l’évolution de notre Monde a modifié la donne et nous attendons de nos élus qu’ils aient le courage d’en tenir compte comme ceux qui ont déjà rejoint le collectif des élus doutant de la pertinence de ce projet.
Signé des COPAINS (Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes)
Ecrit le 13 juillet 2011
L’aéroport à l’Assemblée Nationale
06 juillet 2011, à l’Assemblée Nationale, l’opposition au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes transcende les clivages. Ce n’est pas tous les jours que cécile Duflot, François Bayrou, Christine Poupin (porte-parole du NPA) ou encore le député Patrick Braouezec partagent une même tribune, avec des responsables d’associations nationales pour une conférence de presse. Ce fut pourtant le cas ce jour-là à l’Assemblée, où François de Rugy avait souhaité donner la parole aux représentants nationaux des organisations politiques et associatives opposées au projet d’aéroport.
« Ecologiquement absurde », « inutile économiquement », « financièrement insupportable »...les responsables politiques et associatifs qui se sont exprimés ont chacun fait état de leurs doutes ou de leur opposition au projet de Notre Dame des Landes. Elles et ils ont clairement rappelé qu’Ã leurs yeux, « ce projet d’Etat n’est pas une question locale, mais bien un enjeu du débat national. » dénonçant « l’incohérence environnementale, le choix d’un développement basé sur des vols low-costs, c’est à dire sur le dumping social, l’incapacité des décideurs à remettre en cause de vieux projets, conçus au temps du pétrole bon marché ».
Près de 10 000 personnes se sont retrouvées sur le site du projet d’aéroport, les 8-9-10 juillet 2011, pour « Trois jours de Résistance ».