Ecrit le 19 octobre 2011
médecins du Monde dresse un état des lieux catastrophique de l’accès aux soins des plus démunis en France. L’association dénonce un « krach sanitaire » qui pour elle « n’a pas seulement pour origine la crise économique », mais aussi « une politique qui volontairement écarte du soin les plus vulnérables » et « fait disparaître les quelques solutions même temporaires de mise à l’abri et de prise en charge ».
Ecrit le 19 octobre 2011
l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre 2011, médecins du Monde publie son baromètre annuel de l’accès aux soins en France : conditions de vie pathogènes, retard aux soins, retour des épidémies.
Une étape supplémentaire a été franchie en 2010/2011 dans le rejet des plus vulnérables hors du système solidaire d’accès aux soins. A la crise économique qui se traduit par une recrudescence de la pauvreté s’ajoute une réponse publique plus sécuritaire que sociale.
Les effets de cette politique sont maintenant clairement visibles et dramatiques pour les personnes. Dans ces conditions, les centres de médecins du Monde ne désemplissent pas (+ 10 % de consultations médicales et dentaires en 2 ans) et les équipes mobiles multiplient leurs interventions. Elles vont à la rencontre de personnes désormais en logique de survie et font face à des situations d’urgence sanitaire : des publics qui ne se rendent plus dans les lieux de soins et dont les besoins vitaux les plus élémentaires, avoir un toit, un accès à l’eau potable et à la nourriture, ne sont pas satisfaits.
Près de la moitié des patients vus en consultation en 2010 aurait besoin d’une prise en charge d’au moins 6 mois (hypertension artérielle, diabète, troubles de la santé mentale...). Ces personnes accèdent de plus en plus difficilement au système de soins ou n’arrivent pas à faire valoir leurs droits à la couverture maladie. Près d’un quart des personnes ont eu recours aux soins de façon trop tardive. Les enfants, dont la fréquentation reste importante (12 % des patients), n’ont pour la majorité toujours pas accès à la vaccination ni même à une simple couverture maladie.
l’année 2010 a aussi été marquée par la dégradation significative des conditions de vie des personnes rencontrées : le nombre de personnes avec un logement stable a baissé de 45% en 10 ans. La crise de l’hébergement d’urgence a été accentuée en 2011 par la baisse des subventions, et par voie de conséquence, la baisse du nombre de places disponibles. En témoigne le nombre de femmes enceintes (8 %) et de mineurs (9 %) à la rue reçus par médecins du Monde. De nombreuses personnes malades restent aussi à la rue. Des personnes en danger sur le plan sanitaire et social.
Après le krach boursier, un krach sanitaire donc qui n’a pas seulement pour origine la crise économique : au contexte général vient s’ajouter une politique qui volontairement écarte du soin les plus vulnérables, fait disparaître les quelques solutions même temporaires de mise à l’abri et de prise en charge.
De ce fait on constate un retour des épidémies liées à la misère, par exemple la tuberculose, avec tous les risques que cela comporte en matière de santé publique. Le taux de couverture vaccinale des patients de médecins du Monde est globalement faible avec, selon les vaccins, seulement 28 à 44 % des personnes qui peuvent être considérées comme à jour des principaux vaccins obligatoires ou recommandés.