Ecrit le 30 mai 2012
Appel des 60
De lettres de refus en boycotts, plusieurs milliers d’enseignants à travers le pays ont participé au mouvement « Résistance pédagogique », inédit dans l’école de la République, mouvement à la hauteur des attaques lancées, année après année, par le ministère de l’Education Nationale : « querelle sur les méthodes de lecture, destruction programmée des Rased et réduction des horaires en lien avec l’instauration de l’aide personnalisée, mise en place des évaluations nationales de CE1 et de CM2 et du fichier base-élèves, étiquetage des enfants au travers du livret personnel de compétences » disent-ils.
« Au moment où la politique scolaire de la nation va prendre de nouvelles orientations qui, nous le souhaitons, feront du quinquennat passé une triste parenthèse, () nous n’avons pas de rancune, mais nous n’oublions pas les silences gênés, les mises en quarantaine, l’indifférence et la sinistre litanie des sanctions blessantes et ridicules : blâme, baisse de note, rétrogradation d’échelon, refus de promotion, retenues sur salaire, suspension. Comme nous n’oublierons jamais la confiance des élèves, de maints parents et d’élus conscients de la justesse de nos combats ».
« Nous, membres du Réseau des enseignants du primaire en résistance, demandons solennellement que soient levées ou effacées toutes les sanctions qui nous ont frappés et que soit symboliquement reconnue notre action pour la défense de l’école de la République. Nous souhaitons être reçus collectivement par le ministre de l’Education nationale, pour devenir dès à présent une force de proposition dans le débat sur l’école qui s’annonce. Notre résistance au quotidien dans les classes, notre réflexion sur les enjeux scolaires ne sauraient être ignorées par le nouveau ministère. Nous avons soif de reconnaissance, de justice et de responsabilités ».
Ecrit le 30 mai 2012
Les dossiers cachés
Par souci de « transparence » et pour « contribuer utilement au débat public », le nouveau ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, a fait publier, le 25 mai, dix-sept rapports des inspections générales qui sont autant de mines d’informations sur le système éducatif.
Tous datés de 2011, ces rapports abordent l’école maternelle, le remplacement des enseignants, les premiers internats d’excellence, le suivi de la réforme du bac professionnel ou encore la mise en œuvre de la très controversée réforme de la formation des enseignants. En cela il répond aux demandes d’organisations, comme les parents d’élèves de la FCPE .
L’association des maires ruraux de France (AMRF) avait, de son côté, dû saisir la commission d’accès aux documents administratifs (Cada) pour obtenir le rapport de juin 2011 (« pourtant favorable ») sur le plan « Ecole numérique rurale » que l’ancien ministre L. Chatel lui avait refusé.
Ces rapports sont consultables sur le site www.education.gouv.fr. « Cette transparence contribuera utilement au débat public sur la réussite éducative ». dit le ministre.
Il est question par exemple des absences des enseignants : pour maladie (43%), maternité (38%), longue maladie (10%), formation (6%) ou autre (3%). Pour l’année 2009-2010, on compte 2 546 626 heures d’absence qui n’ont été remplacées qu’Ã 18,11 %. Il est utile de rappeler que les métiers de l’enseignement sont largement féminisés et que le taux de féminisation déjà important n’a cessé de croître durant ces dix dernières années. Entre 2000 et 2010, ce taux est passé de 77,8 à 81,5 % dans le premier degré public ; et de 56,7 à 57,6 % dans le second degré public. Cette caractéristique n’est naturellement pas sans effets sur la nature et le poids des absences.
Par ailleurs, il est noté un pic d’absences entre le mois de décembre et le mois de février, comme dans l’ensemble de la population française et l’administration contribue elle-même à accroître les problèmes de remplacement notamment en mettant en place des stages de formation et des journées pédagogiques sur ces périodes-là , sans prendre en compte les emplois du temps des établissements ou encore en convoquant à des jurys sans anticiper sur les besoins de remplacement que font naître ces convocations.
Pour ce qui est de la mise en œuvre du remplacement, la mission d’étude a constaté que dans le premier degré public, le système mis en place autorise un remplacement dans des conditions satisfaisantes dès le premier jour, tandis que dans le second degré les établissements ont assez largement renoncé à assurer le remplacement des absences de moins de quinze jours ce qui ne peut qu’accroître l’insatisfaction des familles !