Ecrit le 11 décembre 2013
La démission de Gilbert Massard
21 ans de bénévolat : Gilbert Massard démissionne maintenant du poste de président de l’association St Patern. La conduite de cette association n’a pas toujours été (notamment depuis 4 ans ! ) un long fleuve tranquille. Dans un courrier, Gilbert Massard explique ses raisons et indique notamment que « la chapelle de l’hôpital désormais » dénaturée « laissera pour moi un souvenir trop douloureux pour continuer sereinement les actions entreprises ».
Voici ce courrier :
Lettre de démission
Au terme de vingt et une années passées à la tête de l’association St Patern, j’ai pris la décision de démissionner du poste de président, et je tiens à en expliquer ici les raisons, car aujourd’hui si la foi est toujours intacte, le découragement a pris le pas sur l’enthousiasme des débuts.
Mais auparavant il ne me semble pas inutile de rappeler brièvement les fondamentaux et buts qui ont présidé à la création de l’association, résumés dans son intitulé : « Pour la sauvegarde du petit patrimoine religieux du pays de La Mée » comprenant croix, calvaires, oratoires, chapelles, cloches, objets liturgiques, statues, tableaux etc
c’est ainsi qu’ont été initiées de nombreuses réalisations : travaux (près d’une centaine pour 25 communes) sur les croix et calvaires, oratoires, mémorial, le plus souvent avec des bénévoles, mais aussi, jeunes de l’école d’agriculture de Derval, scouts, et depuis quelques années l’aCPM (ateliers et chantiers du pays de La Mée).
Douze expositions ont aussi permis de faire connaître notre travail et sensibilisé un large public à la sauvegarde du patrimoine religieux, outre les six expositions castelbriantaises, dont celle de Béré avec la paroisse , et rayonné au-delà de notre secteur : Ponchâteau, Lizio, Le Sel de Bretagne
Participation à diverses manifestations ; échanges et collaborations
avec de nombreuses associations et personnalités oeuvrant dans le domaine patrimonial ;
Parution de deux opuscules : guide des oratoires, chapelles et fontaines sacrées et patrimoine campanaire ; animations, conférences, concerts etc de tout ce travail dont nous pouvons, sans prétention excessive, être légitimement fiers,
Tous ces événements ont été largement et régulièrement relatés dans les cinquante trois bulletins « Signes de Foi » et dans la presse locale- que je tiens ici à remercier- qui a participé à une plus large information auprès du public
Mais alors pourquoi démissionner après avoir brossé un tableau aussi flatteur ?
hélas toute médaille a son revers en réalité ces incontestables réussites cachent beaucoup (trop) d’efforts, de déceptions, de mesquineries, de propos offensants, de silences complices, qui finissent par décourager et user au point d’y laisser une partie de sa santé, et c’est hélas ce qui m’est arrivé !...
Il est regrettable de constater le manque d’intérêt et le peu d’implication pour la seule association de terrain oeuvrant pour la sauvegarde du patrimoine religieux dans le pays castelbriantais. Que l’on en juge :
- - exposition sur le thème des « pèlerinages » annulée début 2009 au terme de cinq mois de préparation (aides financières, contacts, intervenants),
- - manifestations envisagées pour les vingt ans de l’association... non abouties,
- - désintérêt pour la sauvegarde de la chapelle de Monpais,
- - patrimoine cémétérial outrageusement mutilé,
- - manifestations autour d’une statue en restauration abandonnées sans explication ;
- - difficultés ou inaccessibilité à certains documents et archives,
- - démarches engagées et contrecarrées pour commémorer la mémoire du sculpteur Jean Fréour dans notre région ... et combien d’autres signes décourageants et éprouvants
Une des 14 stations du chemin de croix en fonte, à la chapelle de l’ancien hôpital
J’estime donc ne plus avoir les moyens et les soutiens nécessaires pour défendre cette tâche exaltante, ce qui m’amène à cette douloureuse décision avec cette seule et essentielle question : à quoi sert une association comme la nôtre, si sur le sujet religieux on ne daigne même pas nous consulter ?...
Les actions que nous devons mener pour le patrimoine religieux sans exclusive, exigent conviction, disponibilité, volonté et exigence ; rien n’est pire que l’indifférence, la passivité et le renoncement.
c’est un paradoxe, alors que de tous cotés on se bat pour sauver églises et chapelles en péril, Châteaubriant qui a possédé jusqu’Ã 22 chapelles sur son territoire, abandonne celle de l’ancien hôpital, en relatif bon état et qui est désormais dénaturée et vidée de sa fonction d’origine. Le lieu était pourtant tout indiqué pour y organiser des manifestations de qualité, comme ce fut le cas par le passé...
Je sais que, même au sein de l’association, mon point de vue n’est pas vraiment partagé et peu soutenu, je le regrette et m’en étonne, car enfin il s’agit bien en l’occurrence d’un précieux témoin du patrimoine castelbriantais, comme pourraient en témoigner les nombreuses personnes et malades qui ont fréquenté cette chapelle accueillante je persiste à penser que l’on pouvait tout à fait conserver l’esprit du lieu, et pour le moins éviter le « démontage » du chemin de croix moderne et unique en fonte, et l’antependium de « l’autel privilégié » en terre cuite vernissée. Reste-t-il encore la plaque de fondation en schiste de 1819 ?
Comme il semble que les marques religieuses soient un obstacle à l’utilisation future du bâtiment, je suggère que l’on dépose également la cloche baptisée Marie-Joseph en 1892 et les 11 vitraux de la maison Denis de Nantes datés 1880 et les deux bénitiers près des portes. Les deux chimères, au dessus de la porte d’entrée, peuvent tout à fait rester en place, elles sont purement décoratives et profanes
Je connais déjà les critiques qui ne manqueront pas de se manifester ici et là : quelle prétention de vouloir conserver un bâtiment religieux à destination prioritairement religieuse !...c’est pourtant ce qui avait été envisagé jusqu’en 2009. A une époque où l’on ne cesse de prôner la « conservation et la mémoire du patrimoine », cette chapelle ne mérite-t-elle pas autant de considération que ce qui se fait pour le sport, les loisirs et la mémoire industrielle ?...
Photo : Chantier de restauration de la Croix Blais à St Vincent des Landes
avec St Patern et une équipe de l’ACPM (Ateliers et Chantiers du Pays de la Mée)
c’est sans animosité, mais avec une grande tristesse que je quitte mes fonctions, tout en restant attentif et bienveillant pour le devenir de l’association que j’ai créée. Les hommes passent les idées demeurent
Signé : Gilbert Massard