le 18 août 2002 - Précédente
Le gouvernement cherche à modifier l’allocation personnalisée d’autonomie (APA)
Le secrétaire d’Etat aux personnes âgées, Hubert Falco, a indiqué, mercredi 14 août 2002, que l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) nécessitait des mesures de financement "réalistes". Toutefois, M. Falco a affirmé que rien n’était encore tranché quant au contenu de la réforme envisagée. « Une évidence s’impose : c’est le caractère totalement irréaliste des prévisions concernant la montée en charge des demandes de bénéficiaires de l’APA », a-t-il déclaré.
Mise en place par le gouvernement de Lionel Jospin, cette aide, destinée aux personnes âgées de plus de 60 ans en perte d’autonomie, est, en quelque sorte, victime de son succès. Depuis son entrée en vigueur, le 1er janvier 2002, 715 000 dossiers de demandes ont été déposés. « Nous assistons à une montée en charge des demandes des bénéficiaires de cette mesure nettement plus rapide que prévu, souligne encore M. Falco dans un communiqué. Les projections réalisées par le précédent gouvernement estimaient les bénéficiaires à 800 000 en rythme de croisière à l’horizon 2005-2006 »
Selon le gouvernement cette situation risque de provoquer « un important déséquilibre du plan de financement de l’ordre de 1 milliard d’euros pour 2002-2003 ».
INQUIÉTUDE DES SYNDICATS
C’est dans un entretien publié dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles du 2 août que le secrétaire d’Etat s’est inquiété publiquement de cette dérive, tout en révélant que le gouvernement envisageait de rétablir la récupération sur la succession des sommes versées au défunt au titre de cette allocation. Aussitôt, les syndicats CGT et CFDT, les associations de retraités, relayés par la députée du Doubs, Paulette Guinchard-Kunstler (PS), l’ancienne secrétaire d’Etat aux personnes âgées, se sont émus de ce projet. Celle-ci a déploré « l’approche uniquement financière de [ses] successeurs », tandis que Jacques Sense, secrétaire général de l’Union confédérale des retraités CFDT, craint le retrait de « nombreux dossiers déjà déposés ». Le communiqué diffusé, mercredi 13 août, par le ministre est une réponse à ces réactions.
Comment ça se passe
Le montant de l’aide allouée est décidé en fonction du degré de dépendance de la personne et du niveau de ses revenus. Une équipe médico-sociale effectue des visites à domicile et élabore, en association avec les intéressés et leurs proches, « plan d’aide » jugé nécessaire. Celui-ci peut exiger la présence d’aides ménagères, prévoir une garde à domicile, la livraison de repas, voire un accueil temporaire dans un établissement. Ce mode de fonctionnement ne convient pas à l’actuel ministre. « Peut-on être raisonnablement satisfait des lourdeurs administratives, de l’embolisation des services d’instruction chargés de l’APA et de l’inorganisation des équipes médico-sociales chargées d’évaluer les besoins des personnes âgées ? », s’interroge-t-il.Comme s’il pressentait une montée de la polémique, le ministre se veut rassurant vis-Ã -vis des partenaires sociaux. Dans sa mise au point, il assure que son action « aura pour priorité l’information au public et la formation des professionnels à la prévention ».
Yves Bordenave
Article paru dans Le Monde du 16 août 2002
25 décembre 2002