Châteaubriant, à 30 km à la ronde
Leçons d’un recensement
Celui de 1999
Les chiffres utilisés dans cet article sont ceux de la population légale, dite « avec doubles comptes » c’est-Ã -dire y compris les militaires, élèves internes, détenus, SDF rattachés à la commune, habitants de résidences secondaires, qui sont comptabilisés dans deux communes.
Une vaste zone dans le noir
On remarquera que la partie Loire-Atlantique proche de Châteaubriant est en chute (Ã l’exception d’Erbray qui se maintient tout juste, Fercé, Treffieux et Lusanger). La partie Maine-et-Loire est également en chute à l’exception de Pouancé et La prévière . La partie Mayenne est plus mitigée. En revanche la partie Ille et Vilaine est stable ou en progression à l’exception de Martigné-Ferchaud et de Retiers.
On peut s’interroger sur les raisons de cette différence entre la partie bretonne (35) et la partie ligérienne (44 et 49) et dans une moindre mesure la Mayenne (53). La population (en doubles comptes) de Nantes a progressé de plus de 10 %, celle d’Angers de près de 7 %, et celle de Rennes de 4,36 % seulement. La Bretagne a-t-elle une meilleure politique d’aménagement du territoire ? Nantes, Angers et la Basse-Loire s’engraissent-elles sur le dos de leur arrière-pays ?
En plus, en moins ?
A 30 km autour de Châteaubriant, les communes en nette progression
– pour la Loire Atlantique sont : Conquereuil (+ 7,79 %), Noyal sur Brutz (+ 11,94 %) ;
– pour le Maine et Loire : Bourg l’Evêque (+ 11 %), Grugé l’Hôpital (+ 11,15 %).
– pour la Mayenne : La Rouaudière (+ 9,6 %), Saint Herblon (+ 24,44 %).
– et pour l’Ille et Vilaine : Brie (+ 25 %), Janzé (+ 20,7 %), Moussé (+ 48,18 %), Le Petit Fougeray (+ 20,57 %) et Poligné (+ 23,92 %).
Les communes en chute importante sont,
– pour la Loire-Atlantique : Le Petit Auverné (- 20,8 %)
– pour le Maine et Loire : Combrée (- 10,89 %), Noë llet (- 11,55 %), Saint-Michel-et-Chanveaux (-10,64 %) -
– pour la Mayenne : La Boissière (-24,34 %), La Fontaine Couverte (- 11,95 %).
– et pour l’Ille et Vilaine : Forges la Forêt (- 9,42 %) et Martigné-Ferchaud (- 9,89 %).
Soldes
L’INSEE n’a pas encore rendu publics les soldes naturels (naissances-décès) ni les soldes migratoires (arrivées-départs). Les communes qui ont à la fois un solde naturel négatif et un solde migratoire négatif sont embarquées dans un très mauvais processus (vieillissement, non renouvellement et disparition des populations). Châteaubriant connaît actuellement un solde migratoire négatif mais que compense un solde naturel (naissances-décès) largement positif.
Les hommes en minorité
On peut connaître le vieillissement en consultant la liste électorale. En effet, alors qu’il naît 104,5 ou 108,3 garçons pour 100 filles, il reste 92 hommes pour 100 femmes et, à 80 ans, 58 hommes pour 100 femmes (source : recensement 1990). A Châteaubriant, à l’examen de la liste électorale, on s’aperçoit qu’il y a 773 femmes de plus que d’hommes. Au dessus de 70 ans, il reste 989 femmes pour 547 hommes et au-dessus de 80 ans, on compte 338 femmes pour 120 hommes : Châteaubriant compte donc un nombre relativement important de personnes âgées.
Chômage en baisse ? ?
L’analyse de ces résultats sur la région castelbriantaise incite donc à relativiser la baisse des statistiques du chômage.
Ce chômage, on peut en sortir par 3 portes :
– la création d’emplois locaux, qui est forte à Châteaubriant malgré certaines évasions industrielles que l’on peut qualifier de criminelles
– l’accès à la retraite
– et le départ de la région. On pourrait même arriver à la situation paradoxale de communes en chute libre, où les offres d’emplois seraient supérieures à la main d’œuvre disponible : dans l’absolu, une commune sans salariés n’a plus de problème de chômage et, à terme, ... plus de problème du tout !
Attirer des jeunes
Une politique de création d’emplois et de formation est donc nécessaire pour fixer la main d’œuvre restante. Seule une politique à long terme d’emplois qualifiés à haut niveau de salaires peut être attractive et inverser la vapeur en provoquant le retour et l’arrivée d’une nouvelle population active. Il ne semble pas que les employeurs, les administrations et les services chargés de l’emploi tiennent ce raisonnement.
En conclusion, il ne peut qu’être répété que, tant pour Châteaubriant que pour son pays, la question politique fondamentale, la seule question qui conditionne toutes les autres, est la question démographique.
Haut niveau de salaire
Tout ce qui peut maintenir les jeunes sur place, et en faire venir d’autres, est prioritaire, formation, emplois certes, mais je le répète, des emplois qualifiés à haut niveau de salaire. Mais aussi infrastructures adéquates, logement et logement social, accueil de jeunes couples et de jeunes en général, même en situation de chômage ou de précarité, et même si cela doit demander un effort particulier pour les budgets communaux ou sociaux : c’est la meilleure et la seule façon d’investir pour l’avenir.
Jean GILOIS