Ecrit le 12 novembre 2014.
Situation d’emploi fictif
L’Obs du 05/11 : Catherine Tasca, sénatrice PS des Yvelines, dénon- ce « presque une habitude d’emploi fictif » chez « certains sénateurs » et appelle à lutter contre l’absentéisme au sein de la chambre haute du Parlement. « Il y a à s’attaquer de façon très concrète au problème d’absentéisme. Il s’est déve- loppé au sénat, j’ose dire, presque une habitude d’emploi fictif pour certains sénateurs », lâche l’ancienne ministre sur Public sénat, dans le cadre des réformes du sénat proposées par son nouveau président UMP, gérard Larcher.
Sur le plateau de la chaîne, gérard Larcher a réagi en disant qu’il « n’irait pas jusqu’aux mots de Catherine Tasca », parce qu’« il ne faut pas jeter, j’allais dire, l’eau du sénat au nom de quelques collègues qui s’affranchissent d’une présence au sénat. Je constate quand même qu’il y a une majorité assez large de mes collègues qui vraiment sont à la fois présents sur le territoire, présents au sénat, présents en commission ».
Énumérant trois problèmes « d’organi- sation de notre agenda », de « mode d’examen du texte » et de « votation » gérard Larcher a rappelé qu’il avait demandé la mise en place d’un groupe de travail sur ce sujet, évoquant une réforme des méthodes de votation et une éventuelle « modulation » des rémunérations.
Fillon tape sur Sarkozy
L’Obs du 05/11 : C’est l’histoire d’un ancien président qui ne cesse de s’enfoncer à mesure qu’il tente de se protéger. Bref, c’est l’histoire de Nicolas Sarkozy, mis en examen pour « trafic d’influence actif », « corruption active » et « recel de violation du secret professionnel » dans une affaire, celle dite « Azibert » du nom de ce haut magistrat accusé d’avoir tenté d’influer sur une décision de la Cour de Cassation le concernant, et menacé dans dix autres dossiers dont beaucoup à l’instruction.
Il y a trois ans, gérard Davet et Fabrice Lhomme avaient publié « Sarko m’a tuer », recueil de confessions de 27 personnalités du monde de la politique, des affaires, de la magistrature ou de la police racontant avoir subi des menaces, sanctions ou représailles de la part de Sarkozy. Avec « Sarko s’est tuer », c’est l’autre face de ce système que dissèquent les deux auteurs, chargés de l’investigation au « Monde ». []
L’anecdote date du début de l’été 2014. Cela s’est passé en toute discrétion. L’ancien Premier ministre François Fillon, déjà en campagne pour l’élection présidentielle de 2017, convie ce jour-là à déjeuner Jean-Pierre Jouyet, le nouveau secrétaire général de l’Elysée. Après tout, Fillon et Jouyet s’apprécient. Surtout, le premier a été le chef du gouvernement auquel le second appartint, en qualité de secrétaire d’Etat aux Affaires euro- péennes, de mai 2007 à décembre 2008. Au menu, évidemment, la situation de l’UMP, en plein scandale Bygmalion, et, surtout, l’avenir de Nicolas Sarkozy. Devant un Jean-Pierre Jouyet ébahi, François Fillon n’a pas de mots assez durs pour l’ex-chef de l’État. Il se montre particulièrement sévère s’agissant des pénalités remboursées par l’UMP en lieu et place de Nicolas Sarkozy, sanctionné pour avoir dépassé le plafond de ses dépenses de campagne en 2012. []
Mais de cette entrevue, le bras droit du président de la République a surtout retenu une demande, à la fois insistante et déconcertante. Ce jour- là , l’ancien « collaborateur » de Nicolas Sarkozy, comme ce dernier l’a un jour mécham- ment qualifié, a en effet une drôle d’interrogation à formuler : il veut tout bonnement savoir si l’Elysée va user de ses prérogatives pour accélérer le cours judiciaire des affaires visant Nicolas Sarkozy ! ...
Stupéfiante, la démarche de François Fillon nous a été confirmée en septembre 2014 par la présidence de la République, qui a assuré n’y avoir « évidem- ment » donné aucune suite (disent les deux journalistes)
L’incendiaire à la tête des pompiers
L’Obs du 06/11 : d’un côté, vous avez une Commission qui, conformément aux choix politiques des gouvernements de la zone euro, impose aux Européens une discipline fiscale très rude, une austérité dévastatrice pour la croissance, afin de coller à des objectifs comptables. De l’autre, l’un des plus petits pays européen, un des plus riches par tête d’habitant, se vantant de produire sans entrave des produits fiscaux « compétitifs ». Plus de 340 sociétés multinationales ont passé des accords secrets pour y installer, de façon largement fictive, leurs sièges. Elles choisissent leur propre réglementation, leurs règles fiscales Au détriment des budgets des autres pays européens, qui voient leurs recettes siphonnées par milliards d’euros.
Pour couronner le tout, l’incendiaire a été nommé à la tête de la caserne des pompiers. L’homme qui a supervisé la construction de la machine luxem- bourgeoise à saucer l’assiette fiscale des pays voisins n’est autre que l’actuel président de la Commission lui-même : Jean-Claude Junker, longtemps ministre des finances (1989-2009) et Premier ministre (1995-2003) du Luxembourg, cumulant les deux postes pendant 14 ans (1995-2009). []
Bref, il ne faut pas trop compter sur le président de la Commission pour être très allant sur ce dossier. Comment dans ces circonstances ubuesques réconcilier les citoyens avec l’Europe ? Comment justifier le cap économique suivi, les épreuves sociales exigées quand rien n’est fait pour empêcher que des multinationales refusent de payer leur dû à la collectivité ?
Cela fait des décennies que le « LuxLeaks » empoisonne l’Europe. Jusque là , aucun effort n’a réussi à mettre au pas le Luxembourg, qui a acquis une agilité et une inventivité indiscutables pour s’adap- ter aux règles internationales. L’Europe (fiscale, économique, politique) n’a pourtant guère de sens si un tel trou noir se niche en son sein. Faire pression sur le Luxembourg n’a rien d’impossible. Face à des paradis fiscaux ou apparentés, seule la menace concrète a des effets. En 2008, lorsque l’OCDE l’avait placé sur l’infa- mante liste grise des paradis fiscaux, le Grand Duché avait subitement accepté que des informations fussent échangés entre administrations fiscales, ce qu’il refusait jusque lÃ
Il reste des murs
Huffington-Post du 09/11 : ce 9 novembre 1989, les Berlinois, rassemblés des deux côtés de la barrière en béton qui les avait divisés pendant presque 30 ans, ont commencé à la démolir petit à petit. Le mur de Berlin allait bientôt disparaître.
Mais 25 ans après, d’autres barrières dans le monde sont toujours debout. Elles séparent des communautés, des pays et même des continents entiers.
Il y a le mur de la honte, sur plus de 700 km, emprisonnant les Palestiniens en leur interdisant d’avoir un Etat.
Il y a la barrière de 12 kilomètres de la ville de Melilla qui sépare l’Espagne du Maroc, la prospérité du désespoir. Il y a la barrière de 1300 km qui sépare le Mexique des Etats-Unis.
Il y a la ligne de démarcation entre la Corée du Nord et la Corée du Sud sur 650 kilomètres. Depuis 61 ans, 24 heures sur 24 et 365 jours par an, des forces lourdement armées se tiennent face à face des deux côtés de la ligne.
Il y a les murs de Belfast, séparant encore des quartiers catholiques et des quartiers protestants en Irlande du Nord. La ségrégation est certes moins intense qu’autrefois. En mars 2013, le gouvernement nord-irlandais s’est engagé à les détruire d’ici une dizaine d’années.
En tout on recense une cinquantaine de murs dans le monde, construits ou en cours d’édification, contre l’émigration, contre le terrorisme, sans oublier la barrière des langages et ces murs de verre qui séparent les nantis des autres.