Ecrit le 22 avril 2015
De tant d’horreurs, mon cœur devint immense
Vendredi 7 mai 2015 au théâtre de Verre, représentation de la pièce ’’De tant d’horreurs, mon cœur devint immense’’. écrite par Isabelle Lauriou, adaptée du témoignage de Gisèle Giraudeau : « Résistance et déportation à 20 ans ». Le titre est emprunté à un texte de Marcelle Baron.
Les femmes représentées dans ce spectacle, à l’exception de Lily, ont toutes existé. Elles ont été arrêtées, internées, et déportées.
« Quand on aime la vie comme je l’aime, malgré les chagrins, les peines, et quand bien même elle nous a un peu malmenés, il est difficile d’oublier que d’autres avant, à 10, 15 ou 20 ans, n’ont pas eu la chance de vivre tout simplement. Tous ceux qui n’ont pas pu profiter, apprécier ce que la lumière du jour, la joie d’un foyer, les balades dans la nature, les rires partout autour, peuvent provoquer dans nos vies » dit Isabelle Lauriou. « Alors il y aura toujours à parler de ces résistants, de ces combattants, de ceux qui ont lutté pour qu’un monde meilleur prenne le pas sur l’horreur ».
Ecrit le 29 avril 2015
Marcelle : moi, la prison.... j’ai du mal à parler. Je sais que beaucoup d’autres ont souffert mais moi, c’était vraiment J’ai été presque étouffée, j’avais le visage comme « mâché ». Ils m’ont aussi pendue au barreau d’une échelle, par les bras, les mains attachées dans le dos. Il paraît que c’était un supplice au Moyen âge. J’ai fait une hémorragie, j’étais épuisée, tuméfiée, pleine de sang ...(elle ferme les yeux un court instant). Je revois ces images et la mort rôde encore autour de moi...mais il ne faut pas. Il faut rester pour mes enfants. Mon mari. La mort ne s’échappe pas. Elle me colle au corps et revient à chaque fois. Mais je lui résiste. Ma nature n’en veut pas. Résister c’est vouloir vivre. (Elle rouvre les yeux, et la force dans la voix lui revient). J’ai été arrêtée sur mon lieu de travail. Devant mes camarades. Les Allemands savaient bien que j’étais dans la Résistance. Ce drapeau de la Wehrmacht hissé dans la ville, c’était tellement insupportable. (Un temps) J’ai su ensuite que j’avais été dénoncée.
Gisèle : ils m’ont enfermée dans un placard. Un placard. Comment est-ce possible de faire une chose pareille ? On m’enferme et là ...... dans le fond du placard, j’aperçois une forme
humaine, accroupie qui, le doigt sur la bouche, me fait comprendre que le silence est d’importance. Je ne connais pas cette personne. Puis la porte s’est refermée à clé sur nous deux ...
théâtre ’’De tant d’horreurs mon cœur devint immense’
jeudi 7 mai 20h30, théâtre de Verre Châteaubriant
Réservations : 02 40 81 19 99
Ecrit le 6 mai 2015
â—™ Gisèle : Deux jours, deux nuits. où sommes-nous ?
â—™ Marcelle : : c’est Ravensbrück....
â—™ Gisèle : et ces torches électriques dans les yeux ! Avec nos sacs, paquets, valises à la main, nous sautons comme nous pouvons. Les gens tombent. Madame la générale Audibert est avec nous, son mari était responsable de la résistance dans l’Ouest. Elle se traîne....fatiguée...
Schnell ! Schnell ! raus, springer, antreten, zu funf, los !
â—™ Gisèle : « vite vite, sautez, alignement par cinq, en avant ! » Quelle brutalité ! Il fait froid. Pour un 16 Mai.
â—™ Germaine : l’hiver alors, ne finira-t-il donc jamais ? Quand je lisais des récits de l’autre guerre, je reprochais à leurs au-teurs de relater des histoires de latrines, je pensais qu’il eût mieux valu ne pas mentionner ces détails vulgaires....hélas ! L’expérience démontre leur importance et qu’il est impossible de les omettre dans un carnet de route.
â—™ Marcelle : J’en fais des cauchemars encore (silence) ...surtout lorsque je suis seule. Parfois, je me réveille en larmes. Ce grand porche où nous nous bouscu-lions et ces chiens féroces qui nous menaçaient....
â—™ Germaine (elle marche sur place) : la lente marche vers le camp s’amorçait, cette masse qui avançait sans bruit don-nait une impression de ... de cauchemar... Le camp. J’ai cru à un décor de cinéma ...
â—™ Gisèle : avec ces projecteurs toujours braqués sur nous, les SS et leurs airs menaçants.... avec leurs chiens-chiens.
â—™ Germaine : j’ai froid. (Elle a toujours son sac:baluchon, d’où elle va sortir une laine). J’ai froid, je suis comme anesthésiée. Le jour se levait ....tout était gris, le sol, le ciel. Pas d’oiseaux chantant le lever du soleil.
â—™ Gisèle : Pas d’oiseaux mais des femmes. Elles sont là . Devant nous. Ces femmes en tenue rayée.
Jeudi 7 mai 2015 à 20h au théâtre de Verre à Châteaubriant, pièce de théâtre écrite par Isabelle Lauriou adaptant le témoignage de Gisèle Giraudeau, ’’La déportation et la résistance à 20 ans’’. l’auteur met en scène les conditions d’enfermement de la jeune femme dans les camps de concentration, mais aussi sa rencontre avec une autre figure de la résistance, Marcelle Baron. C’est l’histoire de ces femmes qui ont marqué une page de notre histoire par leur courage : leur enfance, leur jeunesse, afin de perpétuer la mémoire.