Ecrit le 30 janvier 2008
Faites sauter la banque
La Mée ne fait pas d’opérations financières. Mais il paraît que ces opérations sont très contrôlées, qu’il y a une multitude de procédures pour éviter que la banque y perde (et accessoirement les clients).
Normalement tout est sécurisé. Et on nous raconte que le jeune « trader » Jérôme Kerviel aurait réussi à contourner cinq barrières de contrôle interne du système de défense de la Société Générale, et cela pendant un an, en manipulant 50 milliards d’euros ce qui aurait abouti à une perte de 4.9 millards. Ce jeune homme, on dit tout de lui, son nom, son âge, sa photo, sa commune de naissance, la profession de ses parents, son salaire, tout tout ! En quelques jours il aurait été démasqué et la banque l’a laissé filer ! Bizarre ! Un petit voleur pris à piquer 10 € ne s’envolerait pas comme ça !
Et puis on apprend que plusieurs supérieurs de Jérôme Kerviel ont été licenciés brutalement. Tiens donc, ils auraient une part de responsabilité aussi ? Alors pourquoi tout renvoyer sur le petit « trader » à qui nul ne reproche le moindre enrichissement personnel ?
Cette histoire étonne beaucoup de monde, même le Parquet de Paris est circonspect et une perquisition a eu lieu au siège de la banque. Ah non, il paraît que ce n’est pas une perquisition mais une « remise volontaire de documents ». Que de précautions ! Il est vrai que cette affaire a une grosse importance pour le système bancaire français dont la Société Générale est le fleuron, réputé dans le monde entier pour son savoir-faire sur les marchés financiers.
Et pendant qu’on s’intéresse à Jérôme, on oublie de parler des deux autres milliards de pertes, faites par la Société Générale en 2007, dans le sillage de la crise de Subprimes aux USA. Mais on nous dit que « Aucun client ne perd quoi que ce soit, le contribuable n’est pas appelé en quoi que ce soit, les emprunteurs ne verront aucun changement ». Donc on peut perdre 6,9 milliards d’euros sans que rien ni personne n’y perde ?? Allons donc !
Notes complémentaires du 30 janvier 2008 :
Elic Cohen n’y croit pas
Elie Cohen, économiste et directeur de recherches au CNRS Professeur à l’école des Sciences politiques, Elie Cohen estime que l’explication donnée par la Société Générale, qui a annoncé 4,9 milliards de pertes à cause de la fraude d’un de ses traders, est « difficile à croire ». L’économiste estime que la Société Générale a préféré « charger un pauvre bougre » afin de faire passer des pertes qui « s’étaient accumulées » au cours de la crise des « subprimes » (prêts immobiliers à risques américains). (Voir l’article paru dans Le Figaro)
http://www.lefigaro.fr/societes-francaises/2008/01/24/04010-20080124ARTFIG00594-fraude-a-la-societe-generale-elie-cohen-n-y-croit-pas.php
Même s’il a « du mal à croire qu’une chose d’une telle ampleur soit arrivée », il pense que « les opérations de courtage malhonnêtes arrivent probablement chaque jour », mais que « les banques n’aiment pas le révéler, parce que cela poserait un problème de confiance de la clientèle ».
La vérité sur la Société générale
(Lu sur Duo & Co ) « Hier, j’ai eu la chance de discuter avec un de mes anciens collègues de la Société géniale générale qui est ’trader exo’ (...). Toujours est-il que cet ami a pu m’apporter quelques précisions ’inside’ sur les derniers évènements. Le trader en question, Jérôme Kerviel, a réussi son coup à partir d’un procédé simple qui consistait à créer dans le système interne de la Société générale de fausses contreparties, autrement dit de faux clients. Le système en question s’appelle Eliot, c’est le système central du département dérivés actions dans lequel l’ensemble des ’deals’ sont ’bookés’ »
Voir : http://duoandco.blogspot.com/2008/01/la-vrit-sur-la-socit-gnrale.html
Les salaires des traders : jusqu’Ã 11 millions d’euros dans une année
Vache folle + Tchernobyl
« Sur le fond, cette affaire, c’est la vache folle, plus le nuage de Tchernobyl ».
Commentaire de l’ancien premier ministre socialiste Laurent Fabius sur l’affaire de la Société générale, dans un entretien publié par Le Parisien aujourd’hui. « La vache folle c’était : je ne sais pas ce qu’il y a dans mon assiette. LÃ , les banques ne savent plus ce qu’elles ont dans leur portefeuille et les clients ce qu’il y a dans les banques », a-t-il dit.
Notes du 30 janvier 2008
Pas mal ! Pas mal !
Pour une « petite » prime
Chaque jour apporte de nouvelles révélations sur le krack de la Société Générale. Et les interrogations s’accumulent.
Dans cette banque (comme dans d’autres), il y a des « traders » c’est-Ã -dire des commerçants chargés de vendre des produits financiers. Un grand jeu de Monopoly, en quelque sorte, où on manie des chiffres, sans toucher un seul billet de banque, sans voir un seul être humain dans les actions et obligations des usines qu’on achète et qu’on vend.
Parmi les traders, un jeune homme de 31 ans, qui gagnait bien sa vie, ma foi. On aparlé de 100 000 € par an. Pas mal ! Pas mal ! Suffisant pour être déconnecté de la vie des gens ordinaires.
Il voulait être « le plus grand trader » de sa grande banque, petite satisfaction morale qui lui laissait espérer, en outre, une prime de 300 000 €. Quasiment en une seule fois le salaire de toute une vie de SMICard. Pas mal ! Pas mal !
Le petit trader, génial, aurait déjoué tous les contrôles internes depuis la fin de 2005, donc pendant deux ans. Pas mal ! Pas mal ! La banque est donc mal contrôlée. Lorsqu’il gagnait 500 000 € pour sa banque, celle-ci fermait les yeux. Un jour, il a gagné 1,4 milliards d’euros et il a pris peur et il a annulé ce gain par des opérations fictives !
Et le PDG, lui, il ne saute pas ? On nous raconte que les grandes patrons gagnent de gros salaires parce qu’ils prennent de gros risques. Mais quand le petit trader joue (car c’est son boulot !), le gros patron reste en place ! A propos, Daniel Bouton, PDG de la Société Générale est le numéro 1 des banques. Selon un classement du magazine Capital datant de novembre 2007, Daniel Bouton a vu son salaire fixe augmenter de 25 % en 2006 à 1,250 millions d’euros. En y ajoutant la part variable, son salaire total s’élève à 3,3 millions d’euros. Avec les stock-options, ses revenus ont dépassé les 10,8 millions en 2006 (soit 900 000 € par mois). Pas mal ! Pas mal !
Voir ici : http://www.lesechos.fr/info/finance/300238787.htm
Initié !
Dans cette banque un administrateur aurait vendu pour 140 millions d’euros, en décembre et janvier 2008, au moment où l’action cotait 90 à 95,9 euros juste avant que le titre ne tombe à 78 euros. Voyez vous comme le hasard fait bien les choses. délit d’initié dîtes-vous ?? Toujours les grands mots. d’abord qu’est-ce qui vous empêche, vous, de vendre pour 140 millions d’euros ?
Ah bon, le PDG ne saute pas. Il reste à la tête du navire pour sauver les meubles, mais il est mis sous la surveillance d’un triumvirat. c’est peut-être mieux qu’un départ précipité quand on parle d’achat de la Société Générale par une autre banque, ou de « vente par appartements » (= démantèlement). Et puis le PDG renonce à son salaire pour 6 mois. Bof, avec ce qui lui reste il ne sera pas malheureux !
En ce moment d’autres banques connaissent des turbulences, UBS par exemple, notre grande amie de l’Union des Banques Suisses (vous savez, celle de Focast). En 2006 elle avait eu 12,5 milliards de bénéf. Mais on nous dit que, maintenant, elle aurait perdu 10,3 milliards d’euros dans différents investissements immobiliers (dont des surprimes américains). Quand les banques font des bénéfices, les salariés et emprunteurs en bénéficient-ils ? Oh non ! Mais quand les banques ont
des pertes il faut s’attendre à des licenciements ! c’est la (sale) loi du marché.
La banque BNP Paribas, elle, annonce pour 2007 un résultat net record de 7,8 milliards, en progression de 7 % par rapport à 2006, et cela malgré une perte de 900 millions d’euros liée à l’immobilier américain (contre 2 milliards pour la Société Générale). Et elle achèterait la Société Générale ! Bien des bouleversements en perspective ! Ca ne présage rien de bon.
Comment gagner plus sans travailler plus ?
Il suffit d’avoir des « stock options ».
Une stock-option est une forme de rémunération versée par une entreprise qui permet à ses dirigeants et à ses employés d’acheter des actions de celle-ci à une date et un prix fixé à l’avance et de les vendre à certains moments de l’année. Ainsi, le 15 juin 2007, Daniel Bouton a acheté des actions pour 568.150 euros et les a revenduesdans la même journée pour 1.373.700 euros, soit 805.550 euros de gain avec seulement deux jeux d’écriture !
Note du 31 janvier 2008
Ouvriers et employés ... en peine
Mais pour qui sont ces milliards qui volent sur nos têtes ? Selon l’INSEE, en 2006, dans les entreprises du secteur privé, le salaire mensuel moyen pour un poste à temps complet s’élève à 2 583 euros en brut et 1 941 euros nets de tous prélèvements à la source. Compte tenu de la hausse des prix à la consommation de 1,6 % en 2006, le salaire brut moyen a augmenté de 1 % entre 2005 et 2006 en euros constants et le salaire net de 0,4 %.
Mais ceci n’est qu’une moyenne puisque, malgré ce contexte relativement favorable de la France, le salaire net moyen des ouvriers a légèrement diminué après prise en compte de la hausse des prix à la consommation (− 0,2 %), et celui des employés a stagné. Pour ces deux catégories de salariés, c’est dans le secteur des services opérationnels, notamment l’intérim, les activités de nettoyage et de surveillance, que les évolutions ont été les plus faibles.
Source : http://www.insee.fr/fr/ffc/ficdoc_frame.asp?doc_id=2185
Front-office et back-office
C’est un vocabulaire bien technique ! (1)
Les termes de Front Office (littéralement « boutique ») et de Back Office (« arrière-boutique ») sont généralement utilisés pour décrire les parties de l’entreprise (ou de son système d’information) dédiées respectivement à la relation directe avec le client et à la gestion propre de l’entreprise.
Le Front-Office (parfois appelé également Front line) désigne la partie frontale de l’entreprise, visible par la clientèle et en contact direct avec elle, comme les équipes de marketing, de support utilisateur ou de service après-vente.
Le Back Office à l’inverse désigne l’ensemble des parties du système d’information auxquelles l’utilisateur final n’a pas accès. Il s’agit donc de tous les processus internes à l’entreprise (production, logistique, stocks, comptabilité, gestion des ressources humaines, etc.).
Dans la réalité, Back Office et Front office ne sont pas totalement cloisonnés car les équipes chargées de la relation client ont besoin de connaître un minimum d’information sur le processus de réalisation du produit ou du service de l’entreprise. A l’inverse, les secteurs dédiés à la conception du produit doivent être tenus informés des problèmes rencontrés par les usagers ou à l’inverse de leurs besoins, afin de rentrer dans un cercle d’amélioration continue.
Ce document intitulé « e-Business - Front Office et Back Office » issu de Comment Ça Marche (http://www.commentcamarche.net) est mis à disposition sous les termes de la licence Creative Commons. Vous pouvez copier, modifier des copies de cette page, dans les conditions fixées par la licence, tant que cette note apparaît clairement.
Voir aussi : http://www.fimarkets.com/pages/front_back_middle_office.htm
Ecrit le 30 janvier 2008
Quel rapport y a-t-il entre le front et le STP ?
Front-office, middle-office, back-office sont des instances de décision ou de contrôle des actes des « traders » (qui font du commerce en Bourse avec des millions et des milliards d’euros). On nous dit que, à tous les niveaux, le mot d’ordre est STP, « Straight Through Processing », (c’est-Ã -dire : l’opération passe tout droit à travers). En d’autres termes, le traitement de l’opération financière se fait avec un minimum voire aucune opération manuelle. Donc tout par ordinateur.
Eh bien s’il y avait quelques hommes sensés pour examiner les opérations boursières, il y aurait peut-être moins de spéculations dangereuses et malhonnêtes.
Ecrit le 6 février 2008
Comment les vacances peuvent-elles éviter la folie ?
réponse
c’est le jeune « trader » Jérôme Kerviel qui le dit : « Je n’ai pris que 4 jours de vacances en deux ans. Cela aurait dû les alerter ». En effet il est très difficile de dissimuler une fraude quand le travail quotidien est effectué par un autre.
Les traders n’aiment pas trop s’éloigner des marchés. Un précédent aurait dû servir d’avertissement : celui du trader de Daiwa, qui a perdu 1,1 milliard de dollars en 1995 et n’avait pas pris de vraies vacances pendant dix ans.
Salaires et stock-options du sieur Bouton :
http://www.lesechos.fr/info/finance/300238787.htm
Extrait des procès-verbaux d’audition du jeune trader :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/01/30/extraits-des-proces-verbaux-des-auditions-de-jerome-kerviel_1005363_3234.html
Une chronologie des derniers jours :
http://www.challenges.fr/business/1201734000.CHAP1023350/comment_la_gnrale_a_perdu_7_milliards_deuros.html
Info de dernière minute :
Le trader fou
Lire le document ci-contre
Le monde des traders : effrayant : http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/02/02/les-traders-pur-sang-des-marches_1006679_3234.html#ens_id=628862
Jérôme Kerviel : un héros de notre temps
Un jeune homme qui travaillait plus pour gagner plus .
Voir l’article du Monde :
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/02/01/un-heros-de-notre-temps-par-christian-salmon_1006348_3232.html
Les trainous qui tradent ; : chronique en gallo