Ecrit le 11 novembre 2015
Dopage d’État
Le Monde.fr du 10/11 : Un contrôleur antidopage quittant son hôtel moscovite par la fenêtre pour échapper à sa surveillance policière et faire parvenir des échantillons à Lausanne ; des sportifs rançonnés par leur entraîneur ; le laboratoire antidopage de Moscou sur écoute des services secrets ; des agents de l’ex-KGB déguisés en ingénieurs dans ce même institut Ce n’est pas le scénario du dernier opus de James Bond mais la réalité de l’athlétisme russe aujourd’hui.
Le rapport de la commission indépendante mise sur pied par l’agence mondiale antidopage (AMA), présenté le 9 novembre, a confirmé l’existence en Russie d’un dopage d’État. L’instance recommande la suspension de la fédération russe d’athlétisme et la fin de l’accréditation pour le laboratoire antidopage de Moscou, entraînant celle de l’agence russe antidopage. En outre, la commission demande la suspension à vie de cinq athlètes russes. La fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a lancé un ultimatum à la Russie, qui a jusqu’à la fin de la semaine pour répondre aux accusations. Le pays risque une suspension provisoire, voire de rater les JO 2016. []
L’implication de l’État russe est notamment prouvée par des témoignages attestant des pressions imposées par le ministère des sports et le FSB, ex-KGB, sur les opérations de contrôle antidopage, afin de permettre aux sportifs russes de continuer de se préparer médicalement sans craindre une suspension. « Tout cela n’aurait pu avoir lieu sans que les autorités n’en aient connaissance et ne donnent leur consentement, implicite ou explicite », a dit l’ancien président de l’aMA lors d’une conférence de presse. [] Comme sous le régime soviétique et en RDA, les athlètes russes étaient devant une alternative : se doper ou quitter la sélection nationale. La triche et le contournement des règles antidopage étaient présentés comme « nécessaires pour la compétition et peut-être même des obligations patriotiques ». []
Ce rapport explosif ne concerne pas le seul athlétisme ni la seule Russie. Mais il vise en particulier ce sport et sa seconde puissance. La présence d’athlètes russes aux JO de Rio, dans neuf mois, enverrait ainsi un message désastreux. L’IAAF, qui a déjà lancé la procédure de suspension, pourrait la lever avant août prochain si elle estime les conditions remplies.
Sexisme
Le HuffPost du 10/11 : Mise en cause par une chronique au ton résolument sexiste publiée par le magazine Le Point, Najat Vallaud-Belkacem a choisi de répondre par le mépris, invitant chacun à ne pas « s’encombrer l’esprit » avec les dérapages de l’auteur, proche du parti souverainiste Debout la France. Essayiste et enseignant, Jean-Paul Brighelli avait jugé subtil de s’en prendre au rouge à lèvres, aux boucles d’oreille et même au soutien-gorge qu’il croyait deviner sous le chemisier de la ministre de l’Éducation lors d’une de ses interventions à l’Assemblée nationale. « Une stratégie de communication vieille comme le monde », écrivait-il en accusant Najat Vallaud-Belkacem de se servir de sa beauté comme d’un « écran de fumée ».
« Je vous invite à ne pas vous encombrer l’esprit avec ce monsieur qui ne le mérite pas », a-t-elle répondu ce mardi 10 novembre. Et de rajouter : « Quelqu’un qui comme lui se croit autorisé à donner des leçons sur l’école et commence par la qualifier de ’fabrique du crétin’, c’est vous dire la finesse légendaire du personnage. Moi il ne m’intéresse pas. Et je vais beaucoup mieux depuis que je l’ai fait disparaître de mon champ de vision. »
Les propos du chroniqueur avaient notamment indigné Pascale Boistard, la secrétaire d’État chargée des Droits des Femmes. Celle-ci avait estimé qu’il s’agissait d’une « insulte à toutes les femmes ».
Financement libyen
Le Point.fr du 13/11 : C’est un coup de massue pour l’ex-président de la République. Un expert reconnu dans le monde entier pour ses compétences vient de conclure à l’authenticité d’un document explosif révélé en avril 2012 par nos confrères de Mediapart. Quelques semaines avant l’élection présidentielle, le site d’information en ligne avait publié une note issue des archives libyennes, signée de la main de Moussa Koussa, l’ancien chef des services secrets extérieurs libyens. Daté de 2006, ce document « évoquait le déblocage par le régime de Tripoli d’une somme de 50 millions d’euros en faveur de Nicolas Sarkozy à l’occasion de la campagne présidentielle de 2007 ». La missive était adressée à Bachir Saleh, le directeur de cabinet du général Kadhafi, qui vit aujourd’hui en Afrique-du-sud.
Un « faux grossier », avait rétorqué Nicolas Sarkozy, avant de déposer plainte pour « faux et usage de faux ». Deux ans et demi plus tard, il semblerait que l’information judiciaire confiée aux juges d’instruction René Cros et Emmanuelle Legrand ait fait un grand pas. Dans un document de 66 pages, une nouvelle fois publié par Mediapart, Roger Cozien, expert en informatique, écrit ainsi : « L’ensemble de ces résultats milite très fortement en faveur d’un document physique ayant réellement existé et qui aurait été numérisé, afin de produire une image numérique primaire. » Le spécialiste ajoute : « La très grande cohérence entre l’examen et l’intuition visuelle et sémiotique, d’un côté, et les résultats de l’analyse multi-spectrale, de l’autre, nous incite à privilégier l’option d’un document authentique ayant existé sur support physique. »
Contactée par Le Point.fr, la défense de Nicolas Sarkozy n’était pas joignable dans l’immédiat.
Étiquetage
Le Monde.fr du 13/11 : L’Europe devrait avoir honte. Elle a pris une décision immorale. " Le premier ministre israélien Benyamin nétanyahou s’est élevé contre la décision de la Commission européenne d’étiqueter les produits israéliens fabriqués dans les colonies.
La notice interprétative stipule que dorénavant les importations en provenance des colonies situées en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et sur le plateau du Golan, que l’État hébreu occupe depuis 1967, devront clairement mentionner une autre origine qu’« Israë l ».
Il s’agit avant tout de produits cosmétiques, de fruits et légumes, de miel, d’huile d’olive et de vin. Selon la Commission, cela ne présagerait en rien d’un boycottage pur et simple des produits des colonies, illégales au regard du droit international. L’Union européenne (UE) met en avant une volonté de transparence à l’égard des consommateurs. Le Danemark, la Belgique et le Royaume-Uni appliquent déjà ces textes.
Les autorités israéliennes ne redoutent pas les conséquences économiques d’un étiquetage. Mais, selon elles, cette forme de sanction déguisée donne une légitimité et du souffle au mouvement international BDS (boycottage-désinvestissement-sanctions), qui appelle à punir Israë l pour la poursuite de l’occupation. La réaction israélienne a donc été instantanée. L’ambassadeur de l’UE, Lars Faaborg-Andersen, a été convoqué pour une remontrance officielle. Plusieurs rencontres UE-Israë l, prévues dans les prochaines semaines, ont été annulées par Tel-Aviv. []
David Simha, président de la Chambre de commerce et d’industrie israélo-palestinienne, regrette la décision de l’UE. Il rappelle que l’impact sur l’économie israélienne sera très limité. Selon la Commission, les produits concernés représentent « moins de 1 % » des échanges commerciaux entre l’UE et Israë l, qui s’élèvent à 30 milliards d’euros en 2014. Pour David Simha, « cela aura par contre des conséquences pour les milliers de Palestiniens qui travaillent dans les usines et les exploitations des colonies. S’il n’y a plus de commandes, ils devront être licenciés ».