Ecrit le 24 février 2016
Moralement fatigués, oui. Nous n’avons pas les moyens de généraliser à tous les Français, mais il nous est possible d’écouter ce que disent les gens autour de nous.
" Le climat politique est désespérant. La plupart des propositions et décisions du gouvernement sont systématiquement critiquées par une partie de la gauche. Il y a une guéguerre entre ceux qui se considèrent comme la vraie gauche, les gardiens du temple qui n’attirent pourtant pas les électeurs et ceux qui veulent aller vers la social-démocratie.
Sur la déchéance de nationalité je pense que Fr. Hollande s’est embarqué là dessus dans l’émotion qui régnait au lendemain des attentats en croyant à l’unité nationale. Mais l’unité chez les politiques passe après leurs calculs politiciens. Tout le monde s’accorde à dire que c’est symbolique et ça n’aura aucun effet. Mais on passe des mois à débattre d’un truc sans intérêt.
Le gouvernement n’a aucune unité et on va en voir des couacs et des déclarations contradictoires dans les mois à venir ! La droite n’en parlons pas avec un Sarkozy qui veut sa revanche par tous les moyens et qui a beaucoup contribué depuis une dizaine d’années au climat actuel en politique ! La politique me fait vomir "
Juste après les attentats de novembre 2015, il notait un sentiment de solidarité nationale, d’union nationale et de réaction collective. Mais en décembre 2015 l’état d’esprit général se caractérise par des traits négatifs tels que la lassitude (31%), la morosité (29%) et la méfiance (28%).
la lassitude (31%), la morosité (29%) et la méfiance (28%).
Plus douce que l’exaspération, la lassitude traduit l’état latent d’un peuple proche du découragement face à l’inertie des structures sociales et politiques, à l’impossibilité d’imaginer un lendemain meilleur. Le degré de lassitude est plus fort chez les femmes (36%), les salariés du secteur public (35%) et les partisans de droite (35%), mais aussi chez les personnes fragilisées par la situation de l’emploi (36% chez les chômeurs, 37% chez les personnes en situation d’emploi partiel, intérim).
Résiliente
Une société résiliente se caractérise par la capacité de ses membres et de ses institutions à contenir des changements sans mettre en péril son fonctionnement structurel. Il existe plusieurs degrés de résilience allant du statu quo (forte résilience) au chaos (résilience nulle). L’enquête du CEVIPOF évoque pour la France la résilience sociale et la résilience politique.
La résilience sociale se manifeste par la confiance interpersonnelle (93% pour la famille, 93 % pour les personnes de son entourage et 76 % pour les voisins).
La résilience politique se manifeste par une confiance à hauteur de 58% auprès des institutions locales (conseils municipal, départemental ou régional) contre 37% pour les institutions nationales (Assemblée nationale, sénat, exécutif).
La menace terroriste représentée par le groupe Daesh sur le sol français n’a pas réellement affecté le niveau de confiance sociale ni même amélioré la forte défiance à l’égard des représentants politiques nationaux. Le CEVIPOF note donc une confiance vers la France d’en bas opposée à une défiance vis à vis de la France d’en haut. « Le clivage entre liens de proximité et distance vis-Ã -vis des élites reste solide et imperméable aux attentats ».
Trop résiliente
Si les systèmes résilients garantissent le bon fonctionnement d’une société, ils ne préjugent pas de la qualité du fonctionnement de la démocratie.
La France combine à la fois les effets positifs de sa résilience (fondamentaux sûrs)
lui permettant d’absorber jusqu’Ã présent les chocs des attentats terroristes mais aussi les effets négatifs de sa résilience réduisant sa capacité à dépasser certains conservatismes qui sont souvent sources d’inertie de l’action publique et d’approfondissement de plusieurs fractures sociétales (éducation, santé, logement,).
d’une certaine manière, le retour à la normalité articulée autour d’une société de défiance politique laisse aujourd’hui place à des aspirations anti-démocratiques. Ainsi, depuis 2014, un nombre croissant de Français (de 12 à 17% aujourd’hui) est favorable à ce que l’armée dirige le pays ou encore qu’un homme fort, qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections, gouverne le pays. Cela témoigne d’une profonde fatigue citoyenne un désintérêt vis-Ã -vis de ce qui peut se décider « en haut », comme un sentiment qu’il ne peut rien se décider de bien !
Et ce ne sont pas les dernières décisions (état d’urgence permanent, déchéance, réforme du code du travail) qui pourront arranger les choses : elles en arrivent à gommer les avancées positives, car il y en a : l’avancée vers le tiers-payant, le remboursement à 100 % de l’IVG, le mariage pour tous, la réforme pénale, etc.