Ecrit le 13 avril 2016
référendum ou ajournement ? Le projet de Notre-Dame des Landes est loin d’être bouclé et le rapport des derniers experts ne manque pas d’intérêt. On peut le lire ici
Ce rapport ne tranche pas mais il dit que :
– indépendamment de l’option qui sera retenue, transfert ou non de l’aéroport, il est maintenant évident que l’exploitation de Nantes Atlantique se poursuivra bien au-delà de cette échéance
– rechercher un autre site ? « Parmi les sites envisageables, celui de Notre-Dame-des-Landes apparaît comme un compromis acceptable, malgré des difficultés à ne pas sous-estimer ».
– « l’agrandissement et la rénovation des installations actuelles de Nantes Atlantique permettraient d’accompagner la croissance du trafic. Les questions de bruit resteraient très prégnantes ».
– « Pour autant, force est de constater que le projet, fruit d’une conception ancienne jamais réexaminée, est surdimensionné. Son redimensionnement à la baisse permettrait de réduire la consommation d’espace d’environ 200 hectares et de réduire en conséquence l’importance des mesures compensatoires ».
Les UD
Le 19 janvier 2016, en Loire-Atlantique et région Pays de la Loire, la CGT, la FSU et Solidaires ont porté une appréciation négative face au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Elles l’ont fait à partir d’une approche essentiellement syndicale et environnementale. « Le projet Notre Dame des Landes, voulu comme une vitrine du Grand Ouest fait l’impasse sur l’optimisation pourtant possible de l’actuel aéroport de Nantes Atlantique à Bouguenais » disent-elles.
Le 31 mars 2016, les syndicats CGT du groupe Vinci ont pris position de façon claire et solennelle contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. pensé comme une « machine à profit », propice à la « surexploitation » des salariés et mené dans un « simulacre de démocratie ». Financement opaque, coûts immédiats sous-estimés, gains futurs surestimés le syndicat considère que le contribuable est pris dans la nasse. « Les travaux de construction eux-mêmes ont été sous-estimés. () Comme on a pu le constater sur d’autres projets en partenariat public-privé, () cette contrainte économique () impose, de fait, le recours à toutes les formes ’modernes’ de dumping social. Sur tous les chantiers importants dont Vinci est le maître d’œuvre, la majorité des ouvriers sont employés par des entreprises de sous-traitance qui les surexploitent : contrats précaires, intérimaires, salariés détachés avec des salaires de misère, salariés sans papiers, etc. ». « Au niveau des emplois créés par la construction de l’aéroport, c’est le black-out total du côté de la direction », dit la CGT
Parlant d’un projet « né, il y a 50 ans, de rêves mégalomaniaques périmés : recevoir le Concorde, faire de Nantes le ’Rotterdam aérien’ de l’Europe », la CGT-Vinci dénonce pêle-mêle les promoteurs « qui convoitent les terrains ainsi libérés au sud de Nantes » et le « simulacre de démocratie () sans jamais permettre un débat de fond sur l’avenir de la région et ses choix de développement ». Voulant redonner ses lettres de noblesse au mot ’progrès’, le syndicat plaide pour des projets « dont nous puissions être fiers pour leur utilité sociale et sociétale. () Nous ne sommes ni des mercenaires, ni des esclaves : nous ne voulons pas travailler dans un climat de guerre civile. »
mégalo
Dans ce dossier épineux, il faut redonner quelques éléments chiffrés pour décrire l’ampleur de la mégalomanie qui s’est emparée des Bretons et des Nantais. La zone d’aménagement du futur aéroport de Nantes s’étend sur plus de 1 600 hectares. Les simulations envisagent un maximum de 10 millions de passagers annuels, soit un doublement de la fréquentation par rapport à la situation actuelle.
La simple comparaison des chiffres montre toute l’absurdité du projet de Notre-Dame-des-Landes.
– Avec 1300 hectares, l’aéroport de Singapour (ville de 5 millions d’habitants) accueille près de 40 millions de passagers annuels.
– Avec 1560 hectares, l’aéroport de Munich (ville de 1,5 million d’habitants) en accueille près de 35 millions. Avec la même surface, Orly en accueille près de 25 millions.
référendum 26 juin
Le référendum sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est prévu le 26 juin, a annoncé la ministre de l’Environnement ségolène Royal. « Donc, tout le monde va pouvoir se saisir de ce rapport et pouvoir s’exprimer sur la meilleure solution pour concilier l’équipement et le développement économique », a-t-elle ajouté en disant que, si le OUI l’emporte, l’aéroport se fera mais avec une seule piste, ce qui fâche beaucoup la président de la Région Pays de Loire.
Un débat très intéressant sur l’aéroport
Naturalistes en lutte
Les Naturalistes en lutte se réjouissent de constater qu’une autorité publique prend enfin en considération la possibilité de réaménager l’aéroport actuel de Nantes-Atlantique comme alternative crédible à la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. « Il n’en demeure pas moins que le rapport, peut-être très éclairé sur les aspects socio-économiques du débat, pêche cruellement dans son analyse des aspects écologiques » disent-ils.
L’étude menée par les inspecteurs de l’environnement reconnaît des enjeux environnementaux sur le site () et aussi l’absence d’impact de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur le lac de Grand-Lieu. Elle reconnaît aussi partiellement le non-respect de l’esprit de la procédure « Éviter-Réduire-Compenser ». La présence des espèces protégées nouvellement découvertes est acceptée.
Il n’y a aucune fatalité à la destruction des espaces naturels de Notre-Dame-des-Landes, contrairement à ce que laisse entendre le rapport qui les croit voués à l’agriculture intensive s’ils ne sont pas massacrés par les pistes, les parkings et les routes. Il existe de nombreux moyens pour en assurer la préservation en lien direct avec ceux qui y vivent et avec le soutien des outils que la législation et les traités internationaux prévoient.
Aéroport en saucisson
L’Europe exige depuis deux ans une étude d’impact globale du projet aéroportuaire. En effet, trop d’omissions, trop de morcellements. Pour y voir clair, il manque aux décideurs européens un document de synthèse, qui comprendrait l’aérogare elle-même, mais aussi tous les autres projets mécaniquement liés. La liaison tram-train, les rubans routiers et les échangeurs supplémentaires à construire. Le rapport des trois experts s’interroge aussi au sujet du tram-train prévu, ’’projet coûteux’’, ’’le taux de couverture par le prix du billet est médiocre’’
Grâce au Canard Enchaîné (8 mars 2016) on apprend que le 16 avril 2014, une missive de la Commission Européenne, 20 pages, reproche à la France la technique du ’’saucissonnage’’ pour éviter une étude d’impact unique et dit que la République Française ’’a manqué aux obligations qui lui incombent’’. Et les courriers se poursuivent jusqu’au 25 novembre 2015 où la commission européenne invite la France ’’Ã porter une attention particulière à la consultation du public et de l’autorité environnementale et à la prise en compte des commentaires qui seront formulés’’.
« Moralité, dans le meilleur des scénarios, les travaux seraient autorisés à démarrer début 2017, en pleine campagne présidentielle. Quel bon calendrier ! » conclut Le Canard.
Lire : un mensonge d’Etat