Ecrit le 11 avril 2016
Plan Climat Air Energie Territoire (PCAET) : Le 12 décembre dernier, la COP 21 se clôturait par un accord unanime des 196 « parties » présentes (195 États + l’Union européenne) sur un texte cadrant désormais les actions de lutte contre le dérèglement climatique. Cet accord repose sur l’objectif fixé à l’ensemble des peuples de la planète d’un réchauffement climatique contenu en-dessous des + 1,5° par rapport à l’ère pré-industrielle : alors que nous en sommes aujourd’hui déjà à + 0,85° et on en constate les dégâts.
Ce PCAET est à préparer par toutes les collectivités territoriales avant le 31 décembre 2016. Il s’agit : d’une part, de définir les mesures à adopter pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, limiter notre consommation énergétique et développer des énergies renouvelables, et d’autre part, aider notre territoire à s’adapter aux changements en cours (canicules, violence des épisodes pluvieux, dégradation des conditions sanitaires). Certains territoires, en France, ont entrepris la réflexion depuis 2012. Nous, à la Com’Com’ du Castelbriantais, on en parle depuis depuis le 9 mars 2010. Et puis rien n’a été fait en six ans. Et maintenant on va recruter un ’’chef de projet’’. Elaborera-t-il un projet tout seul ? Aura-t-il les mains libres pour associer les citoyens à cette réflexion ?
3 fois 20
L’Union Européenne s’est engagée sur l’objectif « 3x20 » à l’horizon 2020 :
â–º Réduire de 20% les émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) par rapport à leur niveau de 1990 ;
â–º Diminuer de 20% la consommation totale d’énergie ;
â–º Intégrer plus de 20% d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique européen.
La France, par la loi de Transition Energétique d’août 2015, s’est engagée à faire un peu mieux.
Elus et papillon
Un groupe d’élus du Castelbriantais (*) a proposé une réunion publique à ce sujet, en invitant le sénateur Ronan Dantec, très impliqué dans cette démarche. Ce dernier a expliqué la théorie du papillon.
En 1972, le météorologue Edward Lorenz au cours d’une conférence, a posé la question en ces termes : Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? On peut penser aussi à ce que disait Blaise Pascal : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ». Ce sont des images, bien sûr.
Mais mais la sécheresse en Chine a provoqué le terrorisme en Syrie ! Dans l’est de la Chine, durant l’hiver 2010-2011, l’absence de précipitations et les tempêtes de sable, ont conduit le gouvernement de M. Wen Jiabao à acheter du blé sur le marché international provoquant la flambée du cours mondial, ce qui a alimenté le mécontentement populaire en Egypte, premier importateur mondial de blé, où les ménages consacrent couramment plus du tiers de leurs ressources à la nourriture. Le doublement du prix de la tonne de blé, passé de 157 dollars en juin 2010 à 326 dollars en février 2011, a été fortement ressenti dans ce pays très dépendant des importations. Le prix du pain a triplé, ce qui a accru le mécontentement populaire contre le régime autoritaire du président Hosni Moubarak. Dans la même période, les récoltes de blé, de soja et de maïs de l’hémisphère Sud ont été frappées par la Niña, un événement climatique sévère qui a déclenché une sécheresse en Argentine et des pluies torrentielles en Australie.
En Tunisie, le jeune Mohammed Bouzizi s’est immolé par le feu, provoquant le ’’printemps arabe’’. La Syrie a connu la plus longue sécheresse et la plus importante perte de récoltes jamais enregistrée. Un million et demi de fermiers, d’éleveurs et de leurs familles ont émigré vers les villes, mettant à mal le contrat social entre les citoyens et le gouvernement, catalysant les mouvements d’opposition et dégradant la légitimité du pouvoir d’Assad. La guerre civile s’est déclenchée en Syrie en mars 2011, et dure toujours : guerre civile, guerre énergétique et aussi guerre sainte, faisant le lit du terrorisme
La guerre et la misère provoquent un exode massif des populations vers nos pays occidentaux. Si, en même temps, le réchauffement climatique provoque une hausse du niveau de la mer (on parle d’un mètre), des centaines de millions de personnes se déplaceront. Si on ne stabilise pas le climat, ce sont nos organisations sociales et économiques qui disparaîtront. c’est ce qu’a expliqué Ronan Dantec.
Les Etats, et même la Chine et les USA, ont enfin compris. Si on ne fait rien, la hausse des températures atteindra 3°. Il faut que les citoyens le réalisent aussi et que, sur nos territoires, chacun s’engage à réduire les émissions à effet de serre.
Le groupe d’élus a alors présenté le résultat de son travail, qu’on peut trouver ici :
Afterres-Solagro
Puis Viviane Lopez Conseillère Régionale, et Daniel Durand, agriculteur, ont parlé de stratégie bas-carbone, et du scénario « Afterres-Solagro ».
Ce dernier s’établit sur 10 points, par exemple :
â–º Changer notre alimentation en surconsommant moins (moins de calories, moins de protéines, moins de sucres), différemment (moins de viande et de produits laitiers) et d’une manière plus équilibrée (plus de fruits et légumes, de céréales complètes)
â–º Généraliser les pratiques agroécologiques (cultures intermédiaires, développement des légumineuses, rotation longue, réduction du travail du sol, )
â–º Réimplanter 2,5 millions d’ha de légumineuses pour réduire l’utilisation d’engrais azoté chimique et éliminer les importations de soja OGM
â–º Diminuer nos cheptels bovins de 50% en valorisant les prairies permanentes, en favorisant le pâturage, en diminuant la consommation de concentrés et en redéployant les races mixtes
â–º Diminuer la production de porcs et de volailles de 40% en favorisant les produits sous label et la qualité (bio, label rouge, AOC) et respectant le bien être animal
â–º Généraliser l’agriculture biologique (45%) et la production intégrée sur l’ensemble de la SAU et ainsi réduire l’usage de pesticides
â–º Généraliser la méthanisation en développant 10.000 installations de biogaz valorisant notamment les cultures intermédiaires et les pailles
â–º Implanter 2 millions d’ha d’agroforesterie et 500.000 km de haies (soit un doublement des surfaces)
â–º Mieux valoriser la ressource forestière et le bocage en bois d’œuvre et bois énergie et réduire nos importations de bois
â–º Augmenter le stock de carbone dans les sols en généralisant les cultures intermédiaires et en limitant le travail du sol
A la suite de ces exposés, la soixantaine de participants s’est partagée en six ateliers de réflexion.
(*) Quiterie de Coniac - Petit Auverné
Jean-Michel Duclos - Rougé
Bruno Leroy : Ruffigné
véronique Guérin : Soudan
Alain Le Tolguenec - Fercé
Bernard Gaudin - Châteaubriant
Marie Humeau - Châteaubriant
Nelly Boucherie - Châteaubriant