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Ecrit le 10 décembre 2003
FOCAST : les belles promesses
Patrons voyous : Charles Gautier, sénateur de Loire-Atlantique, a posé une question d’actualité au sénat, le jeudi 4 décembre 2003, à propos de la situation locale et plus particulièrement de Focast : « Votre ministère a accepté un moratoire d’une durée exceptionnelle de 7 ans sur les dettes fiscales, d’un montant de 48 millions d’euros, du groupe Valfond, propriétaire de la société Focast. Dans le même temps, vous avez signé un protocole avec l’actionnaire principal, l’Union des Banques Suisses, et accepté le plan de restructuration présenté par Valfond, véritable vente par appartements. Ces ventes ont pour la plupart été effectuées à d’anciens cadres de Valfond qui, sitôt les acquisitions effectuées, ont procédé à des licenciements (...). Le gouvernement peut-il revenir sur ces aides et consacrer ces sommes au reclassement des salariés et à la redynamisation des bassins d’emplois sinistrés ? En bref, quelle est l’action du gouvernement contre les patrons voyous ? ».
Nicole Fontaine, ministre déléguée, a répondu que " L’Etat ne se désengage pas puisqu’il a permis que l’activité de Focast se poursuive à Châteaubriant. (...) Il a prévu que le plan de restructuration s’accompagne d’une période de six mois d’observation au terme de laquelle il sera décidé s’il y a, ou non, cessation d’activité.
Dans l’affirmative, avec M. Fillon, nous serons très attentifs à ce que tous les salariés, sans exception, soient reclassés. Sur le plan territorial, le contrat de plan Etat-Région a été révisé la semaine dernière et un désenclavement routier et ferroviaire de cette région a été décidé ".
Tu causes, tu causes : notons qu’il y a belle promesse de reclasser TOUS les salariés de Focast. (y compris de les accompagner jusqu’Ã la retraite, éventuellement ?)
Notons aussi la promesse d’un désenclavement de la région castelbriantaise .... On peut douter de sa réalité. Un exemple : le préfet, à la Foire de Béré (mi-septembre 2003) avait promis une réunion en octobre, au sujet de la déviation Sud de Châteaubriant avec les maires de Châteaubriant et d’Erbray. Octobre est passé, novembre aussi. La réunion n’aura lieu que la deuxième quinzaine de décembre. Et puis il y aura les fêtes .... Le temps passe, rien ne bouge.
Avocat : de plus en plus il est manifeste que le Pays de Châteaubriant ne fait pas partie des préoccupations des Nantais. Avant 2001, quand il y avait une municipalité de gauche, Jean Seroux trouvait que tout allait mal, mais il n’était pas question pour une majorité de Droite de donner un coup de pouce à une ville qui avait voté à gauche. Maintenant qu’il y a une majorité de droite, Jean Seroux s’énerve quand on dit qu’il y a des difficultés économiques à Châteaubriant. Pour lui tout va bien. Pourquoi donc le Conseil Général donnerait-il un coup de pouce, dans le domaine économique, puisque tout va bien ? Il préfère donner des sous pour un rond-point, un bowling, un terrain de foot, etc.
Le désenclavement routier de Châteaubriant, ce n’est pas seulement la rocade Sud, c’est aussi la Nationale 171 (Laval-St Nazaire), c’est aussi un réseau secondaire qui, lui, dépend du Conseil Général. Or celui-ci ne s’en préoccupe guère .
BP -
Ecrit le 17 décembre 2003 :
Fonderie Focast
Ce n’est pas la joie à la fonderie Focast. Dans le secteur « Grosses Pièces » qui est le point fort de l’entreprise, les commandes ne se bousculent pas.
Les repreneurs potentiels non plus. Il est question de temps en temps du retour de la solution (?) avancée par l’actuel directeur de site, Jean Paul Lebret.
Quant au PDG, Thierry Rivez, il voyage et ravage, semant licenciements et dépôts de bilan sur son passage.
Son titre officiel : directeur de division chez Valfond.
1). Il a réussi à obtenir des investissements de la Communauté de Communes du Castelbriantais chez Focast. Mais l’emploi « garanti » n’est plus garanti
2). il a géré la cession de Sadefa (Fumel), autre boite du groupe Valfond
3). Il a été nommé PDG de Valfond St Dizier . dépôt de bilan !
4). Puis PDG de Focast. dépôt de bilan
5). Il vient d’être nommé PDG à Douvaines où sont prévus 40 licenciements d’ici la fin de l’année et un dépôt de bilan technique début 2004 (un dépôt de bilan technique est une opération voulue par la Direction pour permettre à l’entreprise d’échapper à la pression des créanciers)
T.Rivez est le nouvel Attila : là où il passe l’emploi trépasse. Après tout, le chômage, c’est la faute des chômeurs
Impudence !
La section CGT de Focast a écrit au Maire et au Sous-préfet pour demander l’autorisation de prendre la parole lors de l’inauguration de la place Ernest Bréant et du bowling, le samedi 20 décembre 2003. Non mais, tu parles d’une impudence ! Les futurs chômeurs ont peut-être les boules mais c’est pas une raison pour perturber les braves gens qui ne demandent qu’Ã faire la fête avec des quilles !
Ecrit le 24 décembre 2003 :
La CGT répond au maire
L’Union Locale CGT avait demandé, le 9 décembre 2003, de faire une prise de parole le jour de l’inauguration de la place Ernest-Bréant et du Bowling ! Crime de Lèse-maire ! Celui-ci a fait une réponse furibarde reprochant à la CGT de n’avoir pas manifesté durant les douze ans de la municipalité de Martine Buron. C’est oublier les manifestations qui ont effectivement eu lieu notamment à propos de Provost et Bridel.
Dans une « réponse ouverte » (tract) lors de l’inauguration, la CGT dit notamment (20 décembre 2003) :
Novembal : « Vous nous dîtes que des interventions sont en cours auprès du Ministère des Affaires Sociales pour, dans le cadre du FNE, atténuer les conséquences des licenciements : nous vous rappelons que notre député [ndlr : Michel Hunault, jumeau du maire Alain Hunault] auquel vous êtes apparenté politiquement, a voté à l’Assemblée Nationale la suppression du FNE et l’allongement de la durée du travail (retraites) ».
Focast : « Le dossier fait l’objet de l’attention des Pouvoirs Publics ainsi que de celle de la Communauté de Communes du Castelbriantais. Mais quelle utilisation, la Direction Focast a-t-elle fait des fonds publics qui lui ont été alloués ? ».
A propos d’une prétendue absence de manifestation de la CGT du temps de l’ancienne municipalité, la CGT répond : « Vous ne nous avez jamais vus manifester ? Ceci démontre clairement que vous ne vous occupiez pas du social avant votre mandat ! Il est vrai que lorsque nous avons manifesté, rencontré les élus et le Sous-préfet, nous n’avons pas remarqué la présence des élus de l’opposition de l’époque ».
« La CGT va toujours dans le sens des intérêts des salariés et la démarche est et restera toujours syndicale et non politique, contrairement à ce que vous affirmez. néanmoins l’Union Locale CGT reste ouverte à toute proposition pour discuter sereinement de la situation de l’emploi dans le Castelbriantais, non pour simplement établir un constat mais pour trouver des solutions concrètes et durables »
NDLR : la CGT a aussi participé, avec la CFTC, à une grève du personnel de la marie, du temps du mandat de Martine Buron. Cette grève CFTC ne se reverra sans doute pas de si tôt ....
Ecrit le 21 janvier 2004 :
Focast : préoccupant
M. Humeau, président de la Chambre de Commerce de Loire-Atlantique, l’a dit sur France 3 mardi 13 janvier 2004 : « la situation du département n’est pas préoccupante, sauf pour Focast à Châteaubriant ».
Vendredi 16 janvier 2004, les représentants des salariés ont découvert qu’un « mandataire ad-hoc » a été nommé dès le 28 août 2003, c’est-Ã -dire avant le dépôt de bilan de l’entreprise. « Personne ne nous en a informés, disent les délégués syndicales. Pourtant nous jouons à fond le jeu de l’entreprise, dans l’espoir d’une reprise. On nous demande de participer et en même temps on nous mène en bateau. Qui fait de la rétention d’information ? Est-ce le directeur pour son projet personnel qui prévoit une centaine de licenciements ? Est-ce une volonté des politiques qui souhaitent que le dossier Focast traîne jusqu’après les élections régionales ? Cette attitude fait que le temps passe en vain. S’il y a des projets, qu’on nous le dise. Nous savons nous taire pour ne pas faire capoter un projet, mais qu’on cesse de nous prendre pour des imbéciles ». La colère gronde chez Focast.
Ailleurs l’inquiétude grandit aussi. : Chez Edwimode (confection, zone du Bignon), les salariées ont été avisées qu’elles ne seront pas payées le 5 du mois, comme d’habitude, mais le 15 , et que la direction a dû faire un emprunt pour payer les salaires. Ca peut durer combien de temps ce petit jeu-là ?
Ah, une bonne nouvelle : l’ouverture du bowling a entraîné la création de 5 emplois .... !
Ecrit le 28 janvier 2004 :
Focast :
entre l’enfer et l’enfer
Focast : « Je vous propose de voter pour choisir entre l’enfer et l’enfer » a dit Pascal Bioret aux salariés de Focast, le 22 janvier 2004.
Il faut savoir que dans cette entreprise, il n’y a pas vraiment de plan de reprise. Il n’y a que quelques cadres qui proposent une RES (reprise de l’entreprise par les salariés), à condition que les salariés apportent eux-mêmes 10 % des fonds. Le problème est que ces cadres sont bien connus des salariés qui, depuis des années, ne leur font aucune confiance. « Ils n’ont pas su arrêter la baisse des commandes, ils n’ont pas su trouver de nouveaux clients. Ils n’ont pas su motiver le personnel » disent les salariés qui, pourtant, tiennent à « leur boite ».
Le « plan Lebret » (du nom du directeur en place depuis 4 ans) prévoit le licenciement d’une centaine de salariés (sur 185) et une participation financière des autres salariés. En gros 40 000 euros :
40 % apportés par le directeur
10 % par les ouvriers
10 % par les cadres
40 % par deux cadres dirigeants
M. Lebret promet que le secteur « grosses pièces » serait développé, « mais depuis qu’il est là , le carnet de commande a chuté de 50 % » disent les salariés. De plus, depuis le dépôt de bilan du 4 novembre 2003, la reprise espérée se fait désirer !
Un vote à bulletins secrets a donné : 7 salariés prêts à faire confiance au « Plan Lebret », 9 abstentions et 131 votes contre. La « solution » Lebret a donc fort peu de « chances » d’être retenue par le Tribunal de Commerce. « Si nous acceptons une solution bancale au départ, nous tomberons plus bas que maintenant » disent les salariés qui ont l’expérience de ce qui s’est fait dans d’autres usines du groupe Valfond. Quelle que soit la solution retenue, cela signifie, à court terme, la disparition de l’entreprise.
De plus, les salariés sont très en colère du manque de considération de la Direction à leur égard. « Nous n’avons pas cessé de travailler, mais nous nous apercevons que depuis des mois la Direction a essayé de minimiser la gravité de la situation. Elle ne nous a pas informés de la nomination, le 29 août 2003, d’un mandataire ad-hoc (sorte d’administrateur judiciaire) » chargé de l’aider dans ses discussions avec les créanciers, dans la recherche de solutions permettant de répondre aux besoins de trésorerie, chargé de superviser la mise en œuvre de mesures de restructuration et de favoriser la poursuite de l’activité. « Comment pourrait-on faire confiance à quelqu’un qui nous a caché une étape primordiale dans la survie de l’entreprise ? ».
Les syndicats s’interrogent : « Pourquoi le tribunal de commerce n’a-t-il pas informé les syndicats ? A moins que des personnes n’aient privilégié leurs intérêts personnels avant l’intérêt collectif ? A moins que le pouvoir politique, qui verrait d’un mauvais oeil la cessation d’activité de FOCAST avant les échéances de mars, n’ait imposé le silence ? ». L’attitude de la Direction alimente la défiance des salariés.
La CGT compte interpeller les députés sur la responsabilité de l’actionnaire principal (UBS, Union des Banques Suisses). La CFDT a demandé à rencontrer François Fillon, ministre du travail, qui vient à Châteaubriant le 30 janvier, en lui demandant de tenir la promesse faite au sénateur Charles Gautier, à l’assemblée nationale (revoir La Mée du 10 décembre 2003) : « Avec François Fillon, nous serons attentifs à ce que tous les salariés, sans exception, soient reclassés » a dit Nicole Fontaine. Chiche !
Viande rouge et pain blanc : quand l’abattoir Tendriade a quitté Châteaubriant, les élus de la majorité actuelle, sans vouloir tenir compte des efforts déployés par la municipalité de l’époque, ont dit « Martine Buron a fait un faux pas ». Puis ils ont pris la mairie, coulé pas mal de béton, et laissé couler les entreprises ! Ils ont mangé leur pain blanc : la crise économique les rattrape. Vous allez voir qu’ils vont en rendre responsables les salariés !