Ecrit le 7 septembre 2016
La crise est-elle terminée ?
Nous avons connu pendant quelques jours, une forte pression sur le géant laitier Lactalis, à l’initiative de la FNSEA. Cela s’est terminé par un accord entre Lactalis et la FNSEA : il a été convenu que la tonne de lait serait payée 290 euros en moyenne pour les cinq derniers mois de l’année, ce qui porte à 275 euros le prix moyen sur l’année 2016. Notons que le prix moyen payé au mois d’août par Lactalis était de 257 euros les 1 000 litres, soit 10 à 30 euros de moins que ses concurrents Bongrain, Sodiaal ou Danone. Les producteurs de lait réclamaient initialement un prix moyen sur l’année de 290 €.
Mais est-ce la fin de la crise ? Pour la Confédération paysanne, « Non, les éleveurs et éleveuses ne s’en sortiront pas avec une aumône, même si elle soulagera certainement, un peu, leurs trésoreries. La satisfaction affichée à la sortie de la réunion fait surtout craindre que ce prix devienne une référence. Il faut pourtant au moins 350 € pour couvrir les coûts de production et rémunérer le travail ! On est donc bien loin d’avoir trouvé une solution à la crise ».
On continue à détruire les paysans et à dépenser l’argent public pour cacher un plan de communication dissimulant mal le gigantesque plan de licenciement en cours des paysannes et paysans. « Non, la crise ne sera pas terminée tant que des mesures de réduction obligatoire de la production ne seront pas mises en place au niveau européen. Non, il n’y a pas d’avenir pour les paysans dans une économie dérégulée. Oui, Il y a urgence à agir pour que les trésoreries retrouvent du souffle, pour que nous puissions simplement vivre ». La Confédération paysanne appelle les éleveurs à continuer à se battre pour leur avenir.
Plan de réduction des volumes
31.08.2016 Stéphane Le Foll a présenté son plan de réduction des volumes. Affichant une forte volonté d’éviter un phénomène de restructuration, il a fait le choix d’une majoration des soutiens sur les premiers 5% de réduction de la production par une incitation de 0,24€ par litre non-produit (et 0,14€ jusqu’Ã 50%). Cela devrait permettre de répartir l’effort en baissant la production par vache au lieu d’encourager la décapitalisation et les cessations d’activité, ce qui aurait eu un effet désastreux sur le marché de la viande bovine.
Le ministre de l’Agriculture semble donc avoir enfin saisi la nécessité d’éviter de faire de cette enveloppe le moyen de financer un gigantesque plan social et la concentration des productions dans quelques territoires. Il a d’ailleurs précisé vouloir y ajouter des aides à la trésorerie et des mesures sociales, indispensables, mais qui doivent encore être précisées.
Cependant, le ciblage européen de ce plan ne peut financer que des réductions volontaires de production, et sur une période très limitée. Cela laisse la porte ouverte à un redémarrage de la production en janvier 2017 et n’empêchera pas certains de poursuivre l’augmentation de leur volume de production, ce qui conduirait à un effet quasi nul sur le marché et donc sur les prix. Une réduction obligatoire peut, et doit, être décidée au niveau européen pour parvenir enfin à un assainissement efficace du marché et à une amélioration de la situation des éleveurs et éleveuses. Pour éviter de nouvelles crises, c’est un dispositif de tunnel de prix, basé sur une gestion dynamique de la production et une solidarité intra-européenne, qu’il est nécessaire à mettre en place. (Source : Confédération Paysanne).