Ecrit le 15 février 2017
Pour la cinquième année consécutive, la revue Prescrire publie un bilan « des médicaments à écarter pour mieux soigner ». Ce bilan recense des cas flagrants de médicaments plus dangereux qu’utiles, à écarter des soins. L’objectif est d’aider à choisir des soins de qualité, pour d’abord ne pas nuire aux patients et pour éviter des dégâts.
L’évaluation par Prescrire de la balance bénéfices-risques repose sur une procédure rigoureuse. En 2017, le bilan porte sur les médicaments analysés dans Prescrire durant sept ans, de 2010 Ã 2016.
Cette analyse a recensé 91 médicaments (dont 82 commercialisés en France) dont la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes les situations cliniques pour lesquelles ils sont autorisés en France ou dans l’Union européenne.
Il s’agit :
: : de médicaments actifs, mais qui compte tenu de la situation clinique exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices qu’ils apportent ;
: : de médicaments anciens dont l’utilisation est dépassée, car d’autres médicaments ont une balance bénéfices-risques plus favorable ;
: : de médicaments récents, dont la balance bénéfices-risques s’avère moins favorable que celle de médicaments plus anciens ;
: : de médicaments dont l’efficacité n’est pas prouvée au-delà d’un effet placebo, et qui exposent à des effets indésirables graves.
En situation d’impasse thérapeutique dans une maladie grave, il n’est pas justifié d’exposer les patients à des risques graves, quand l’efficacité clinique n’est pas démontrée. L’utilisation de certains de ces médicaments dans le cadre d’une recherche clinique peut être acceptable, mais à condition d’informer les patients des inconnues sur la balance bénéfices-risques et d’une utilité de l’évaluation. Dans les autres cas, mieux vaut se concentrer sur des soins utiles pour aider le patient à supporter l’absence d’option capable de changer le pronostic ou d’améliorer sa qualité de vie au-delà de l’effet placebo.
La liste des médicaments à éviter est ici :
L’action des autorités et des firmes pour écarter des soins les médicaments plus dangereux qu’utiles est lente et parcellaire. Parmi la centaine de « médicaments à écarter pour mieux soigner » recensés par les cinq bilans Prescrire de 2013 à 2016, seulement une dizaine ont fait l’objet de suspension ou de retrait d’autorisation de mise sur le marché (AMM), par l’Agence française des produits de santé, plus souvent que par l’Agence européenne du médicament
Devant l’inertie des autorités et des firmes, il revient aux soignants et aux patients d’écarter autant que possible ces médicaments plus dangereux qu’utiles.