Ecrit le 5 septembre 2017
2005 : cédric Renaud, artisan-plombier, reprend l’entreprise de son employeur, Jacques Gareau qui, lui-même, avait repris l’entreprise de M. Jagaud. Une longue tradition d’expérience et de renommée, ce n’est pas rien. Le jeune homme est dynamique, soucieux du travail bien fait, tout va bien. Son épouse Françoise, après une formation AFPA de secrétariat-comptabilité donne un coup de main comme bénévole d’abord puis comme salariée de l’entreprise. Tout va bien.
Et puis le 10 septembre 2014, c’est la chute brutale : cédric succombe à une crise cardiaque, il ne se savait pas malade.
Abandonner ou poursuivre ?
Pour Françoise, c’est évidemment la catastrophe. La jeune femme a 33 ans et deux jeunes enfants. L’entreprise a six salariés. Que faire ? " Lors d’une longue nuit d’insomnie, je me suis interrogée : abandonner ou poursuivre ? Abandonner, chercher du travail ailleurs, faire face seule à l’éducation de mes deux filles. Ou poursuivre l’entreprise ? J’ai pensé aux salariés qui travaillaient avec mon mari, je ne pouvais pas les laisser tomber.
Mais comment faire ? « . Françoise hésite. Par chance, depuis quelques mois, elle s’intéressait de près au travail de son mari, » je lui posais plein de questions, il m’arrivait même d’aller aux réunions de chantier, je savais que j’avais plein de choses à apprendre. Mais là , au pied du mur, fallait-il continuer, au risque de passer pour une cruche ? « Finalement, courageusement, Françoise décide de ne pas se laisser abattre par le malheur. Continuer, oui, avec l’aide des autres » L’équipe a fait corps, elle a travaillé de concert avec moi. Les artisans du secteur m’ont aidée de conseils, notamment pour la façon de faire des devis. Je me suis jetée dans la gueule du loup mais j’ai tenu le coup, j’allais voir ceux de l’équipe qui étaient les plus expérimentés et j’ai appris comme cela. Bien sûrj’ai fait des erreurs, par exemple une erreur de dimension d’une douche. Mais ne dit-on pas qu’on apprend de ses erreurs ? ".
L’entreprise a donc poursuivi sa route sur la lancée des devis déjà signés, sur le service après-vente des installations déjà réalisées. « j’ai vu beaucoup de clients, ils avaient confiance en mon mari, il a fallu que je leur fasse comprendre que l’équipe était toujours là et qu’il fallait aussi me faire confiance ».
« J’ai eu de la chance : la structure de l’entreprise est solide, même si j’ai eu des hauts et des bas ». Trouver de l’aide, accepter l’aide proposée, ce n’est pas toujours évident.
Françoise, tout en menant sa vie de famille, n’a pas hésité à faire des formations : lecture de plans, professionnel gaz, marchés publics. « Ca y est, j’ai décroché mon premier marché public ». Elle a d’autres projets : formation manager, formation en anglais. Et tout ça avec le sourire !
Oui mais, la vie de famille ? Les deux filles avaient 4 ans et 9 ans. « Je leur ai expliqué que je serais toujours là , même en étant moins présente. Je me suis organisée. Ma famille m’a beaucoup aidée. Les filles viennent maintenant dans l’entreprise et il arrive que l’aïnée réponde au téléphone ! ».
A côté des difficultés techniques, Françoise a dû apprendre à être chef d’entreprise. " Pas facile, quand on est une femme, de gérer une équipe de salariés hommes, d’autant plus que je n’avais pas la compétence technique. Au début je ne me sentais pas gérante, j’étais plutôt collègue. La communication a eu du mal à s’établir avec les gars, bloqués par ce qui venait de se passer et moi aussi bloquée par ce manque d’expérience qui me hantait psychologiquement.
Parfois j’aurais aimé trouver une épaule pour me soutenir, j’ai dû y renoncer. J’ai pleuré parfois devant eux mais j’ai tenu le coup. L’équipe m’a apporté son aide d’une façon différente de ce que j’attendais, maintenant ça va, je suis plus à l’aise, j’arrive mieux à échanger avec mon équipe ".
Quand on rencontre Françoise Renaud, on est surpris de sa jeunesse, mais aussi de la confiance qu’elle inspire. « J’avance dans mes connaissances, j’arrive même à guider un dépannage par téléphone. Pour moi le service après-vente est essentiel, nous nous devons d’être réactifs, nous, c’est-Ã -dire mon équipe. ».
Alors l’entreprise tourne bien. « La première année, j’ai noté une petite baisse d’activité due à la fois à la crise économique et à un certain attentisme des clients. Mais j’ai investi dans la publicité, pour faire voir qu’on est là , et j’ai soigneusement répondu aux situations d’urgence. La baisse d’activité ne s’est pas ressentie au bilan annuel, nous avons même eu les félicitations du comptable ! ». c’est chouette, n’est-ce pas ? Les clients n’hésitent pas à assurer la bonne réputation de l’entreprise. c’est un plaisir de le faire savoir.
Et maintenant Françoise a le projet de monter une association, avec ses belles-soeurs et une amie de cédric, venant en aide aux malades du cœur . Bravo !
BP
Entreprise Renaud : 02 40 28 32 77