Ecrit le 28 mai 2008
c’est un bel homme, assurément, grand, grisonnant, ponctuel : Hervé Morin, ministre de la défense, est venu inaugurer la gendarmerie de Châteaubriant. Très à l’aise, il sait s’adapter aux circonstances. On comprend pourquoi, quand le vent a tourné, il a plaqué François Bayrou et l’UDF pour se rapprocher rapidement de N.Sarkozy, avec « Cher Michel », son ami Michel Hunault. Il y a gagné un ministère. Michel Hunault rêve que lui aussi, à son tour, il aura, peut-être, un jour
14h15 ce 19 mai 2008, le Ministre arrive en hélicoptère sur le Champ de Foire. Le préfet est là pour l’attendre, et le Sous-préfet, et le général délégué militaire départemental de Loire-Atlantique, et Cher Michel, et quelques gardes du corps. La petite équipe salue les gendarmes au garde à vous et le lieutenant Dubus qui, sabre au clair, commande une file de gendarmes armés des fameux famas.
Quoi, bande d’abrutis, aussi ignorants que moi, vous ne savez pas ce qu’est le famas ? Moi j’ai cru que c’était une arme de parade : il ressemble à un lanceur de fléchettes à ventouses. Mais non, mais non, c’est un fusil d’assaut comportant, au-dessus du corps de l’arme, une longue poignée de transport qui supporte à la fois la hausse et le guidon. Une alidade placée à l’avant du canon permet de lancer des grenades. Il est même possible de fixer une petite baïonnette.
Bon, revenons à notre ministre. Il salue d’abord brièvement la famille de capitaine Marionneau (gendarme rescapé du Maquis de Saffré), venue de Dax pour la cérémonie, mais vite oubliée. Nul n’aura un mot pour elle lors des discours officiels.
Et puis le Ministre coupe le ruban, entre Cher Michel et Cher Alain, et quelques képis galonnés. Et en route pour la visite. Le Ministre est jovial. Il passe devant tous les bureaux où, dans l’embrasure de la porte, un gendarme au garde-Ã -vous le salue. « Vous n’avez pas beaucoup de dossiers sur les bureaux » dit-il. Grrr chacun préfère rire de ce bon mot. Peut-être que le Ministre a lu, dans Ouest-France du jour (en page « Regards » ) cette pensée attribuée à Albert Einstein : « Si un bureau en désordre dénote un esprit brouillon, que dire d’un bureau vide ? ».
Bon, revenons à notre Ministre parcourant les bâtiments clairs, organisés autour de patios centraux bien appréciés. Pas très grands les bureaux, mais, selon l’architecte, ils respectent des normes strictes.
Chambres d’hôtes
Dans son circuit le ministre ne s’arrête pas sur les trois chambres d’hôte (chambres de sûreté) qui attendent les visiteurs occasionnels. Deux gros verrous condamnent la porte. Matelas mousse et houssé, couvertures marron. Une étiquette « Prière de plier les couvertures avant de quitter les lieux » (non mais, on ne va pas vous border aussi ?) . Dans un angle, une tinette en alu. Je n ’ai pas vu de distributeur de PQ.
Une visite rapide permet de découvrir les logements réservés aux gendarmes adjoints : 8 chambres de 10.30 m2 et un cabinet de toilettes de 3.19 m2. Plus une cuisine collective de 8 m2 et une salle repas de 14.46 m2. « A faire rêver tous les gendarmes adjoints de France qui, souvent, logent dans des dortoirs de 4 à 6 lits » dit le Ministre.
Bacs à sable
En plusieurs points du bâtiment on voit des tubes à sable, avec mode d’emploi détaillé : dispositifs pour manipuler, charger et décharger les armes en toute sécurité sans trucider les collègues et les « gardés à vue ».
– Tablette, avec tapis caoutchouc pour déposer le chargeur
– Tube en acier de 4.5 mm d’épaisseur
– Tapis repose pied en caoutchouc, etc.
Accueil
Le bâtiment d’accueil, accessible au public, comporte :
– 460 m2 pour la brigade territoriale
(cantons de Châteaubriant et Rougé)
– 190 m2 pour la brigade de recherche
– 126 m2 pour le PSIG (peloton de surveillance et d’intervention) .
Et au premier étage, 171 m2 pour la Compagnie qui chapeaute le tout et, en plus, les brigades de La Meilleraye, Blain, Nozay, Nort sur Erdre.
36 maisons
La visite continue avec l’un des 36 pavillons duplex avec garages, destinés aux familles des gendarmes. Les couleurs sont vives, chaque maison ouvre sur une rue interne et sur un jardinet entouré d’arbustes. Au rez de chaussée : séjour, cuisine et une chambre avec cabinet de toilette. A l’étage les autres chambres avec salle de bain. Des locaux fort agréables. Ce que le Ministre a apprécié.
Financement
L’ensemble des constructions a été réalisé sur une parcelle de 17 961 m2, clôturée de grillage (qui ne semble pas électrifié !).
Le terrain a été mis, par la ville, à disposition de la SNI (Société Nationale Immobilière) pour une durée de 99 ans, moyennant un loyer des 400 000 € HT versé à la signature de l’acte. La SNI a confié la réalisation à la Compagnie Française des Alizés (CFA), promoteur immobilier filiale de la Financière Duval, à partir de plans du Cabinet d’architecture ménard.
coût de la construction : environ 9 millions d’euros. Loyer annuel : 586 000 €.
Pique et pique et colégram
La caserne de la Route de St Aubin, s’appellera désormais « Caserne Marionneau » du nom d’un gendarme, commandant de compagnie, sous les ordres de Yacco au Maquis de Saffré. Pierre Marionneau est de ceux qui retinrent les Allemands assez longtemps, du côté de la prairie des Gouvalous, pour permettre à la plupart des maquisards de quitter la ferme des Brées et de s’échapper par la forêt, le 28 juin 1944. On retrouve Pierre Marionneau dirigeant l’attaque contre un convoi allemand dans la nuit du 3 au 4 août 1944 au lieu-dit « Le Mouton Blanc ».
Mais il n’a pas été question de lui dans les discours d’inauguration !
En effet cette opération était avant tout un acte de campagne-électorale-permanente ! Le maire Alain Hunault s’est glorifié de la présence du PSIG sauf que celui-ci a été créé à Châteaubriant en fin d’année 2000, du temps de Martine Buron. Mais Alain H l’a oublié.
Il s’est réjoui de la construction de la caserne sauf que les premières démarches ont été faites par Martine Buron et qu’en mars 2001 le Ministre de la défense de l’époque avait annoncé à Martine Buron que « le programme de construction d’une nouvelle caserne à Châteaubriant a été agréé au titre de l’année 2001 ». Mais Alain H l’a oublié.
A part ça, c’est bien lui qui a mené à bien cette construction.
Rappelons que les gendarmes sont logés gratuitement mais que ce « cadeau » est la contrepartie de leur disponibilité : ils doivent être disponibles pour le service en dehors et au delà des 35 à 45 heures de travail normal. C’est à dire, un jour sur deux, une fois rentré à son domicile, être prêt à repartir sans délai. Ces jours là , pas de sortie en famille, pas de ciné ni de restau...
délinquance : 25 % ou 4 % ?
Ensuite Hervé Morin a pris la parole. Mazette, il est beau parleur, il a du bagout et lance des piques avec un grand sourire !
Des piques ? Des piques ? Eh oui. Il laisse entendre que, s’il est venu à Châteaubriant, c’est que « Cher Michel » lui en a parlé à de multiples reprises. Pour un peu on aurait compris qu’il le considère comme un casse-pieds ! Il s’extasie devant le fait que Alain H a baissé la taxe d’habitation de 25 % « Il va falloir me donner la recette car moi je n’y arrive pas ». Mais nul ne lui a dit que la grosse dette du Père Hunault expirait en 2002 ce qui a donné à Alain H un gros ballon d’oxygène.
Il s’étonne quand Alain H dit que la délinquance, dans not’ coin, a baissé de 25 %. « Moi, à Paris, je n’ai pas les mêmes chiffres. On m’a dit 4 %. Nous ne devons pas avoir la même zone de référence ». Grrr.. A dire vrai, il aurait pu se dispenser de dire cela. c’est pas bien de faire de la peine à des amis !
A la fin de son discours, il invite à prendre un verre. « s’il n’y avait pas de verre ce ne serait pas conforme à la tradition de la gendarmerie ». Grrr. A dire vrai, il aurait pu se dispenser, aussi, de dire cela. c’est pas bien de faire de la peine à des amis !
Finalement, ce ministre, il a l’art de dire des vacheries ! Heureusement que le bon peuple ne les entend pas. Alors, passons au vin d’honneur. Des très bons petits gâteaux, à profusion et du Champagne s’il vous plaît (kicéti ki paie ?). Et pas de contrôle d’alcoolémie à la sortie, pour les invités. A 15h30 il était prévu une conférence de presse. Mais le ministre, pressé, était déjà reparti. En hélicoptère.
Police et gendarmerie
Ah, faut qu’on vous dise quand même : il a parlé de la militarité des gendarmes (non, il n’a pas dit : des pandores). c’est que c’est plutôt tordu là -haut .Les gendarmes sont rattachés au Ministère de l’Intérieur depuis 2003 et ils ne sont pas très contents car ils ne bénéficient pas des mêmes avantages que les policiers. « La parité de traitement est à l’étude » dit le Ministre. Sympa ! Une belle promesse !
En tout cas c’est pas simple : le Ministère de l’Intérieur commande les gendarmes mais c’est le Ministère de la défense qui gère le budget. Mais ça va changer ! Il n’empêche que la « militarité » des gendarmes va être réaffirmée. Et le Ministère de la défense va continuer à assurer leur recrutement, leur formation, les questions de santé et les missions extérieures (Kosovo, Tchad, etc.). Houla, que c’est compliqué ! Mais c’est pas grave : l’important c’était l’inauguration. Et les p’tits gâteaux.
BP
J’ai dit au lieutenant Dubus qu’un de ses hommes m’avait répondu : « En quoi cela nous concerne-t-il ? » suite à une intrusion nocturne dans ma maison. Un autre Castelbriantais m’a dit, le 19 mai, qu’en revenant d’Allemagne il avait trouvé sa porte de garage brûlée au chalumeau dans l’espoir de pouvoir faire sauter la serrure. « Cela ne nous concerne pas » lui ont dit les gendarmes. A bon, lui aussi ?
Jalousie
Des Casques Bleus devront-ils bientôt s’interposer entre les « flics » et les « pandores » ? Leur rapprochement annoncé, au 1er janvier prochain, inquiète en tout cas policiers et gendarmes. Un rapport remis le 15 mai à Michèle Alliot-Marie pointe des aigreurs des deux côtés.
Les policiers considèrent que les pandores bénéficient d’un « traitement de faveur » (notamment en matière de logement) et d’un « complément de salaire de 500 à 1.500 euros mensuels au moins, non imposable de surcroît ».
Les pandores nient l’existence de cette prime et préféreraient un logement indépendant plutôt que des casernes de m.
Un rapport du sénat (1), en date du 9 avril, préconise d’embaucher les épouses des gendarmes à des postes administratifs. Une riche idée que les policiers aimeraient également voir appliquer à leurs moitiés.
Les gendarmes rêvent d’avoir des horaires de travail réguliers, sans garde et sans astreinte, comme les policiers.
Les uns et les autres craignent que le rapprochement de la police et de la gendarmerie conduise à des suppressions de postes.
Enfin il est au moins un point sur lequel gouvernement, policiers et gendarmes s’accordent : l’impérative préservation du « dualisme » entre les deux corps. Selon les sénateurs, il s’agit d’une garantie contre « toute dérive séditieuse de la part de la police ou de la gendarmerie » (comme l’écrit le rapport, page 60).
De potentiels séditieux dans les poulailliers ?? Mon Dieu, où va-t-on ?
Ecrit le 28 mai 2008
Châteaubriant blues
Lundi 19 mai 2008 : 10 h : je loue une débroussailleuse à Châteaubriant pour une personne de l’aCPm à qui j’ai demandé d’entretenir un jardin en friche. Avec quelques difficultés, l’engin démarre chez le loueur.
13 h 30 : la débroussailleuse est en principe opérationnelle, mais son démarrage est un fiasco. d’abord, le câble du lanceur se casse. On le répare en refaisant un noeud au niveau de la poignée, mais le câble cède à nouveau. Nous rapportons donc l’engin à la société de location qui se révèle incapable de réparer ce matériel et de le remplacer. Après discussion avec les techniciens, je comprends que ce type de matériel n’est pas rentable : peu de retour financier pour une maintenance jugée trop lourde.
résultat : une perte de temps (donc d’argent) à la fois pour moi en tant que prestataire, mais surtout pour la personne que j’avais sollicitée. Si je n’ai rien payé pour cette location avortée, je n’en ai eu aucun dédommagement, si ce n’est des regrets « compatissants ».
J’ai quand même obtenu l’adresse d’une autre société de location de matériel, située à Rougé, et qui me semble bien plus sérieuse. c’est ça la délocalisation !
Clou de la journée : après avoir ramené le matériel défectueux vers 15 h, je reviens vers la route de St Aubin à seule fin de regagner mon domicile. Las, je suis interdit de passage au rond point, par trois agents municipaux, très propres sur eux, qui me disent, sans trop rire, qu’il me faut passer par la route de Nantes pour aller chez moi.
J’ai cru comprendre que ce détour, me valant un parcours supplémentaire de 10 km, soit environ un litre de carburant (1,50 €), était dû à l’inauguration d’un poulailler, par un ministre de la défense qui défendait on ne sait trop quoi ! Me remboursera-t-il la dépense de carburant que sa présence m’a imposée ?
Note du 3 juin 2008
Hervé Morin en référé
Huit militaires de la gendarmerie viennent d’assigner en référé le ministre de la défense, Hervé Morin, et le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), le général Guy Parayre. Ces gendarmes sont membres du conseil d’administration d’une association « Forum gendarmes et citoyens », qui dispose d’un site internet. L’audience de référé a été fixée au 5 juin au tribunal de grande instance de Paris. Cette assignation en référé est une première dans l’histoire des relations sociales au sein du ministère de la défense.
Lire ici : http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2008/06/huit-gendarmes.html
ou ici : http://www.maitre-eolas.fr/2008/06/03/976-assignation-en-refere-du-ministre-de-la-defense