Ecrit le 27 février 2019
ou quand ma tête tilte !
Je ne veux pas rajouter du bla-bla au bla-bla. Je suis simple citoyen, qui observe, ni expert, ni rien d’autre.
¤ Nier que le peuple gronde et griffe serait mauvaise boutade. Et les racines du malaise sont anciennes et profondes. Un simple baume n’adoucira rien, il faudra se gratter nos têtes, imaginer des actes et réformes convenant au « mieux-vivre-ensemble » sans pousser la poussière sous le tapis. c’est l’heure du grand rendez-vous, maintenant et non après-demain, la nation attend. Ce n’est pas un lot de consolation, c’est un fait, l’humeur mondiale a rarement été aussi tendue, susceptible, proche du « rentre-moi dedans et tu verras ». Triste comparaison avec une cour de récréation d’école. Alors ?
¤ En France, sans vraiment s’annoncer, des femmes et des hommes, pacifistes, survêtus d’un gilet jaune (visibilité et mise en sécurité d’automobiliste à son origine, imposé à portée par Loi le 01/01/2016) apparaissent sur le bord des routes le 15/12/2018, ralentissant le trafic. C’était l’acte I. dénommé en hâte « Mouvement Gilets Jaunes » faute de mieux par nos grands Élus, ce groupe hétérogène qui veut s’exprimer a innové : toute la communication se fait via les réseaux sociaux, Facebook en tête, quasi furtivement. Bel éclat, ni Police ni Gendarmerie n’ont pu anticiper. A raison d’un Acte par semaine (souvent centré le samedi), le temps a passé et le compteur affichera l’acte XV (15) pour ce samedi 23/02. Donc déjà 14 semaines ( 3 mois) d’un mouvement contestataire, qui a dû malheureusement compter plusieurs victimes, et qui doit faire face à de la « casse » croissante, par une marge de ses membres et par l’entrée opportuniste (prévisible) de ’casseurs organisés’. 3 mois, c’est bien long ! But : apaisement.
¤ L’étincelle semble partie, futilement, de l’augmentation de quelques cents d’€ sur les carburants pétrole au nom de la transition énergétique [ndlr : il faudra bien la financer, coûte que coûte]. Avant de savoir que, de cette masse d’argent collectée sur le dos du « rouleur », seule une petite partie servait le but assigné, le grand reste se fondant dans l’immense Caisse du Trésor Public (notre budget) qui sonne le creux, il y a eu un déferlement du ras le bol des foyers salariés peinant à joindre le bout du mois pour ses besoins de nécessité. Bien tardivement, le Gouvernement se fend du report (et non de la suppression) du prélèvement des taxes en cause. Mais le feu a pris de l’assurance. Du trop de taxes, et se sentant plutôt soutenu, les contacts se nouent, la réflexion fait son terrier, et le grand déballage commence, qui va du grand n’importe quoi jusqu’Ã l’argument qui fait mouche.
¤ Syndicats, partis politiques et médias (mauvaise décision) sont écartés. La contestation, balbutiante, prend ses aises. Le Parlement, surpris, revoit en urgence la prime d’activité (PA) et dégaine le Grand débat National (GDN) auquel chacun(e) peut apporter sa pierre par tout moyen à sa disposition. La matière (et il y en a ) s’accumule par parole, écrit, web, graffitis, etc. Cette collecte massive de doléances est, à ma connaissance, une première en France. Le traitement transparent ainsi que l’aboutissement sera sans doute surveillé comme le lait sur le feu. Et il va falloir l’inventer, justement, cette issue à la hauteur de l’enjeu. Nous sommes scrutés à la loupe par nos « meilleurs ennemis », français et étrangers. Et la « casse », la violence continuent, inéluctablement. Stop ?
¤ Si l’on se regarde dans le blanc des yeux, force est de reconnaître que la France, disons depuis le 27 avril 1969, a été présidée et gouvernée à moindre effort. On frise les 50 ans de laisser-aller. Malgré quelques coups d’éclat, nous, nation française, nous sommes laissés endormir par des discours lénifiants. Chaque président et sa suite confiait à son Suivant la patate chaude des réformes de structure indispensables, de la balance de la Dette penchant dans le mauvais sens, de Lois désuètes à rafraîchir, de dépenses de l’État au-delà du raisonnable, de niveau de retraite non-solidement financé, etc. Pendant ce temps, le Monde bouge, s’éveille de toutes parts, à l’affût. Les diplomates donnent le change en cachant la misère. La nation française, qui semble protégée, s’endort et devient rétive à tout changement. Le réveil est donc doulou-reux, brutal. Il faut se remettre aux normes de la mondialisation, avec un Trésor exsangue. Voilà ce qu’exhume le « Mouvement des Gilets Jaunes », un passif négligé sur 50 ans.
¤ Tout est devenu urgent, du changement climatique (voir les freins sur les champs éoliens) à l’impact du Brexit (où donc va l’Europe et comment la voulons-nous ?), en passant par le tsunami numérique qui envahit nos foyers, l’équilibre dans la décentralisation (départements et mairies étranglés par manque de ressources), décisions technocratiques parisiennes tellement imbuvables qu’elles ne sont pas appli-quées en local, foyers salariés (et sans parler des demandeurs d’emploi) en découvert bancaire dés le 10 ou le 15 du mois, expression de l’individu-citoyen bien muselée ou inaudible en démocratie. J’arrête là cette liste qui remplirait des pages entières. Il est temps, plus que grand-temps, de brasser ces doléances de temps de crise. Et la France reste un grand et beau pays, séduisante, enviable et enviée, réputée mondialement, entourée dans l’Europe par des partenaires fiables, pleine de ressources malgré un taux de chômage massif. De « la belle endormie », il faut qu’elle rejoigne vite sa place active, quitte à plonger les deux mains dans le cambouis. Si le courage politique ne fait pas défaut, si la vraie langue remplace la langue de bois usuelle, si le président écoute son peuple, alors elle y est prête.
¤ Et M. Macron dans tout ça ? côté Loi, il est le locataire élu et légitime de l’Élysée pour un mandat de cinq ans en tant que président de la République Française, se portant garant du respect de la Constitution (dont la base date de 1958, et, à 60 ans, même remaniée avec parcimonie, elle pèse son âge et un toilettage adapté ne nuirait pas). M. Emmanuel Macron, à 3 mois de ses deux ans de ’règne’, ne doit pas passer des nuits sereines. Nommé Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Nu-mérique en 2014 dans le gouvernement Vals, il démissionne en 2016 et crée son propre parti, « En Marche », le déclarant « ni de droite, ni de gauche ». bénéficiant du désistement de François Hollande, il est élu président de la République Française en mai 2017 avec 66,1 % des votes valides, battant Mme Le Pen, sous une abstention élevée de 25,4 %. Il est jeune, ambitieux et surtout réformiste. Il se veut ’jupitérien’ et de fait montre son autorité et sa forte tendance centralisatrice. Vite classé « président des riches » par l’opposition et une partie de son camp, il débute sa dégringolade jamais égalée dés l’été 2017. Il est jugé arrogant et ses petites phrases assassines et discriminatoires (« un pognon de dingues » au sujet de l’aide sociale) n’arrangent pas sa popularité. Des ’poids-lourds’ politiques prennent leur distance ou même démissionnent. La fronde gronde dans le groupe des députés LRem (La République en marche), le dernier partant M. Orphelin (du 49) claquant la porte pour avancées insuffisantes sur les « enjeux climatiques, écologiques et sociaux ». Restant M. le président, résilient face aux critiques tout en reconnaissant ces derniers jours quelques maladresses et polémiques de langage, il donne de la voix à l’international (en particulier sur une meilleure unité de l’Europe) et défend à marche forcée son calendrier de réformes : éducation ; droit du travail ; assemblée et députés ; assurance chômage ; retraites et leur financement ; fonction publique ; institutions et révision constitutionnelle ; loi 1905, pour ne citer que les têtes de chapitre.
¤ Tout conflit amène habituellement à désigner un ou des boucs émissaires, des responsables qui ont mené ou mènent à l’affrontement. Bien malheureusement ramené à notre présent, le judaïsme (être juif) est de nouveau pointé du doigt. Pour le mouvement des Gilets Jaunes, encore très partagé sur leur devenir (voir : protester, mode et guide de l’utili-sateur !), la désignation du seul et unique ’fautif’ présumé est presque unanime : « Monsieur le président de la République Française Emmanuel Macron doit abandonner ses fonctions d’élu sans délai ». Diantre ! On n’y va pas avec le dos de la cuillère en visant le premier représentant de l’État français, toute modestie mise à part. Il faut raison garder. Et ne pas faire payer un homme vaillant pour 50 ans de déshérence.
Pascal, de Blain