Ecrit le 26 juin 2019
Pour le grammairien Vaugelas, auteur du XVIIe siècle, jardin était « le plus beau mot de la langue française ».
Jardin à la française, à l’anglaise, jardin d’Eden, jardin des Oliviers, jardins suspendus de Babylone, Jardin des Hespérides, jardin d’Epicure, jardin d’hiver, jardin botanique, jardin zoologique, jardin d’acclimatation, jardin des plantes, jardin public, jardins familiaux, jardin potager, jardins ouvriers, jardin de curé, jardin d’enfants et jardin des Lilas à Châteaubriant, chacun porte en lui de multiples images de jardins qui le font rêver, sans oublier son jardin secret !
En latin, le mot qui signifie jardin est hortus, qui a donné horticulture, horticulteur, horticole et le toponyme Les Horts.
A l’époque gallo-romaine l’hortus gardinus désignait un jardin entouré d’une clôture ; gardinus provient d’une racine- c’est le cas de le dire !- germanique (gart ou gardo, qui signifie clôture). c’est donc la notion d’enclos qui l’a emporté dans l’expression hortus gardinus dont il n’est resté que gardinus, qui a donné garden en anglais, Garten en allemand, et jardin en français.
Avant même que le mot latin paradisus, issu du grec paradeisos, ne soit repris dans la Genèse, premier livre de la Bible, puis ne désigne dans plusieurs religions, le lieu où séjourneront les « élus » après la mort, on nommait paradis un jardin irrigué et planté d’arbres. Le mot paradeisos est en effet emprunté au mot persan pairidaeza, qui signifie à la fois jardin et enclos. c’est la preuve que les mythes fondateurs de la civilisation occidentale ont été puisés dans les civilisations orientales.
Notons que le mot paradis, signifiant jardin planté d’arbres fruitiers, était encore attesté dans l’ouest de la France au tout début du XXe siècle : « Elle s’en allait, panier au bras, au paradis fruitier des Mariel » peut-on lire sous la plume d’Ernest Perrochon, prix Goncourt 1920.
Au XVIe siècle, se jardiner était synonyme de se promener, au sens propre comme au sens figuré du terme : « Vous êtes-vous bien jardinés ? » signifiait « avez-vous bien pris l’air » et « vous êtes-vous bien »cultivés" ?
En fauconnerie, on « jardinait » les rapaces : on les exposait au soleil du matin dans un jardin pour qu’il prennent l’air- tout en les maintenant par une chaîne afin qu’ils ne s’envolent pas-, jusqu’Ã ce qu’ils soient prêts à s’élancer pour la chasse au vol.
De nombreux écrivains, peintres et musiciens ont puisé leur inspiration dans les jardins : ainsi Verlaine écrit en 1866 Après trois ans, poème qui commence par ces vers :
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
qu’éclairait doucement le soleil du matin
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle
Claude Monet peint en 1900 une toile intitulée Jardin de l’artiste à Giverny dans laquelle des rangées d’iris aux nuances délicates de mauve et de rose, disposées en diagonale, sont baignées de lumière.
Proust, en 1913, conclut la célèbre page dite de « la madeleine » par cette phrase :
« Tout cela qui prend forme et solidité est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé ».
Le titre de nombreuses chansons comporte le mot jardin :
Le jardin extraordinaire ( Charles Trenet),
Les jardins de banlieue (Boris Vian),
côté jardin, côté cour (Françoise Hardy),
et Dans le jardin d’mon père, les lilas sont fleuris (dont le refrain est Auprès de ma blonde qu’il fait bon, fait bon, fait bon).
Enfin, citons Jardins sous la pluie, pièce écrite pour le piano par Debussy en 1903.
DEVINETTE : que désignent au théâtre le côté cour et le côté jardin ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro de La Mée : l’« aimable Lubin » d’Au clair de la lune n’est autre qu’un moine débauché !
Elisabeth Catala
Ecrit le 3 juillet 2019
Au moment de son apogée, à la Renaissance, le château de Châteaubriant était agrémenté de deux jardins et un vaste parc. L’un, les « Petits jardins », se trouvait dans la basse cour en face du bâtiment abritant la Salle des gardes, l’autre, les« Grands jardins », mentionné dès 1500, s’étendait à l’extérieur de la muraille vers l’est et était relié à la basse cour par deux petits ponts. Il est fort probable que leur agencement a été influencé par celui des jardins du roi René à Angers ainsi que par celui des jardins royaux de Blois et d’Amboise, où se tenait parfois la cour de la reine Anne. Ces jardins intérieurs étaient constitués de « carreaux » formant des motifs destinés à être vus des appartements. Récemment, le 18 mai 2019, lors de la Nuit des musées, ils ont été illuminés à l’aide d’un grand nombre de bougies posées à même le sol, moment féerique !
Le parc, quant à lui, se prolongeait au-delà des « Grands jardins » et comprenait des bois, des landes et des terres cultivées ; il était conçu pour la chasse et la promenade, agrémenté de fontaines, de sculptures et d’une ménagerie.
Ce domaine a entièrement disparu au XIXe siècle.
En 1817, les terrasses situées derrière le logis Renaissance ont été plantées d’arbres pour en faire une promenade et la douve des Grands jardins a été comblée. Le parc a été vendu par lots en 1853 lorsque le duc d’Aumale s’est séparé de son château, acquis par le dépar-tement. La Ville achète alors la promenade des Terrasses pour en faire un jardin public. En 1908, un kiosque à musique y est installé. Comme tous les kiosques à musique, celui de Château-briant a eu son heure de gloire à la charnière des XIXe et XXe siècles. Depuis 2018, il est le théâtre d’une manifestation originale intitulée « Music’ o’ kiosk » qui est née à l’initiative de l’Office du tourisme et se déroule aux beaux jours autour de la musique classique et du jazz.
Dans ce jardin, non loin du kiosque à musique, a été érigé le Monument aux morts qui est au centre des commémorations officielles.
Un autre jardin public avait été installé sur l’emplacement actuel de la place de la Motte : en 1551, peu avant l’arrivée du roi Henri II, le baron de Châteaubriant avait fait élever une butte artificielle de terre, la Motte à Madame, pour en faire une promenade dédiée à Madame, Madeleine de Savoie, son épouse ; elle était plantée de beaux arbres et fut rapidement close pour empêcher les charrettes d’y passer. La butte fut rasée en 1763 pour accueillir jusqu’en 1969 le marché aux bestiaux qui se tenait depuis le Moyen Âge dans la ville close, place du Champ de foire - aujourd’hui place Saint-Nicolas-. La place fut nommée place Neuve sous la Révolution puis retrouva son nom de place de la Motte.
De nos jours, les villes ont à cœur de créer des espaces verts consacrés au loisir et au repos, loin du bruit et de l’agitation. A Nantes, on en dénombre une centaine, à Paris intra muros, près de 500 !
Rappelons que les parcs et jardins sont les « poumons » des villes, des « remparts » contre la pollution.
A Châteaubriant, le Jardin des remparts, situé au cœur de la cité médiévale, protégé par de hauts murs est un lieu de repos animé l’été par de nombreuses mani-festations culturelles, en particulier par des soirées « jeux à thèmes » qui auront lieu cet été les mardis soir de 20 à 22 heures.
Récemment, un jardin pédagogique a été réalisé place Ernest Bréant à l’occasion de la Semaine de l’environnement ; devant l’engouement qu’il a suscité, il restera en place tout l’été. Souhaitons que d’autres initiatives de cette qualité se multiplient prochainement à Châteaubriant !
DEVINETTE : Quelle région est nommée « Jardin de la France » ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro : au théâtre, les spectateurs qui regardent la scène ont devant eux, à gauche « le côté jardin » et à droite « le côté cour ». Ces appellations datent de l’époque où la Comédie- Française s’était installée dans la Salle des machines des Tuileries qui donnait d’un côté sur le palais du Louvre et de l’autre sur le jardin des Tuileries.
Elisabeth Catala