Ecrit le 3 avril 2019
En finir avec la solitude : pour répondre aux besoins, Astrée recherche des bénévoles.
La solitude est-elle en passe de devenir le fléau du 21e siècle ? A l’ère du tout connecté, les Français ne se sont jamais sentis aussi seuls : 5,5 millions de nos compatriotes sont en situation d’isolement réel.
Douleur profonde, la solitude est pourtant le plus souvent indicible et inaudible. Elle est devenue un tabou qui frappe d’autant plus durement les personnes qui en souffrent. Peu importent l’âge, la classe sociale, le genre, le parcours de chacun : tout le monde est potentiellement concerné. Il suffit souvent d’un accident de la vie (divorce, décès, maladie, perte d’emploi) pour basculer dans l’isolement le plus total. Le succès rencontré par la 2e Journée des Solitudes, organisée par l’association Astrée en janvier dernier, a contribué à libérer la parole et à lever le voile sur cette situation inadmissible.
Face à l’augmentation massive des demandes d’accompagnement, Astrée a créé de nouvelles antennes en France et lance aujourd’hui une campagne pour recruter des bénévoles. En effet, face à la solitude, chacun peut agir ! Tous les parcours et tous les profils sont les bienvenus.
Pour être bénévole Astrée, il suffit simplement d’être engagé dans une démarche de bienveillance. Cela suppose d’avoir un profond respect et de la considération pour chaque personne aidée, de lui porter un regard positif et de croire en son potentiel.
Astrée propose ainsi trois types de missions de bénévolat :
1 - l’accompagnement (mission principale). écouter, soutenir et accompagner de façon individualisée et dans la durée une personne fragilisée par un coup dur.
Disponibilité souhaitée : 1h30 par semaine (créneau d’intervention flexible).
2 - L’intervention auprès de collèges. Mission : intervenir auprès des collégiens pour favoriser le soutien entre pairs et prévenir les situations de décrochage.
Disponibilité souhaitée : ponctuelle.
3 - l’accompagnement en sortie d’hospitalisation. Mission : faciliter le retour à la vie quotidienne après une hospitalisation pour les personnes fragilisées par leur état de santé et leur contexte de vie.
Disponibilité souhaitée : 1/2 journée par semaine.
Et aussi Les bénévoles qui le souhaitent peuvent par ailleurs s’engager dans la vie associative quotidienne de leur antenne bénévole : accueil des personnes en demande d’aide, accueil des bénévoles, organisation des réunions
Une formation spécifique à l’écoute
et à l’accompagnement
Pour proposer un accompagnement réellement qualitatif, les bénévoles Astrée suivent obligatoirement une formation gratuite centrée sur l’écoute empathique lors d’un stage de deux jours. Ensuite, ils sont formés et accompagnés sur la durée grâce à l’organisation :
de groupes d’échange de pratiques (GEP) mensuels
et de points réguliers avec le bénévole référent.
Le processus de recrutement des bénévoles se déroule en 5 étapes :
Une première prise de contact est réalisée entre le futur bénévole et Astrée
Le futur bénévole passe alors un entretien d’information et d’échange
Si cette étape est concluante, il suit alors la formation d’Astrée
Un entretien post-formation permet de faire le point et de répondre aux questions du bénévole
Le bénévole réalise ses premières missions
Depuis plus de 30 ans, l’association Astrée s’engage au quotidien sur le terrain pour aider de nombreux Français à sortir de l’isolement. Elle accompagne chaque année 1 200 personnes, elle forme et sensibilise également plus 3 000 jeunes et adultes par an.
Reconnue d’utilité publique, elle a pour vocation de contribuer à la restauration du lien social, à la rupture de l’isolement et au mieux-être de personnes en situation de fragilité sociale et/ou personnelle. Libre de toute attache politique, idéologique ou religieuse, son objectif est de les aider à retrouver un équilibre et à prévenir l’aggravation de leur situation. l’association agit ainsi concrètement pour leur permettre de reconstruire des liens sociaux et de restaurer leur autonomie.
Pour ce faire, Astrée forme et encadre un réseau de 500 bénévoles qui proposent un accompagnement avec bienveillance, empathie et authenticité.
Site web : voir le site astree.asso
E-mail : contact@astree.asso.fr
tél. : 01 42 27 64 34
La mort sociale
Plus jamais seul ? Plus isolé qu’on ne le croit...Il se pourrait bien que les apparences soient trompeuses La première qualité de la remarquable enquête publiée par Les Petits Frères des Pauvres, en janvier 2019 est sans doute de nous permettre de distinguer la solitude et l’isolement. Inévitable solitude, elle est constitutive de la condition humaine et peut même devenir enviable, elle est même nécessaire parfois pour que l’intime puisse exister... Redoutable isolement, il est en effet fragilisation ou rupture du lien social, des relations sociales, affectives, amicales, etc...
Cette étude nous ouvre les yeux sur une multitude d’éléments. Comment ne pas se réjouir, par exemple, que contrairement au discours couramment admis, les familles, nos familles soient présentes et positivement actives plus qu’on ne le croit. Malgré les profondes transformations qu’elles ont connues au cours des 50 dernières années, les familles, sous des formes multiples, activent les liens affectifs et sociaux, permettent de faire entrave à l’isolement.
A l’inverse, comment ne pas être terrifié en constatant que 300 000 de nos concitoyens peuvent être considérés comme en situation de « mort sociale » ! La pauvreté, se conjugue à l’isolement pour détruire le lien social sans lequel personne pourtant ne peut survivre... L’équivalent de la population d’une ville comme Nantes en situation désespérée. c’est d’autant plus terrible que la pauvreté et la rupture du lien rendent ces femmes et ces hommes invisibles et qu’ils survivent à côté de nous sans que nous les voyions !
Cette enquête nous invite aussi à une autre prise de conscience inquiétante :
l’exclusion des isolés passe également par la fracture numérique. Et cette fracture
a de quoi nous alerter parce qu’elle est faite d’au moins trois composantes :
l’aménagement des territoires... Les inégalités sont parfois flagrantes et leur réduction pose des questions politiques et économiques délicates.
les conditions de ressources des personnes concernées... Les pauvres se retrouvent comme par hasard dans les territoires les moins favorisés mais leur manque de ressource les empêcherait de toute façon d’accéder au numérique.
les conditions culturelles, parce que les plus isolés et les plus pauvres n’ayant jamais eu accès aux technologies enviables n’ont pas acquis la culture qui leur permettrait de les maîtriser s’ils pouvaient y accéder
Lutter contre l’isolement, faire société avec tous nos concitoyens exigent un engagement personnel de chacun et un engagement collectif, finalement politique au sens le plus noble du terme...
Michel Billé, Sociologue spécialiste du grand âge et du vieillissement
Source :voir le site solitude-pfdp