Ecrit le 19 juin 2019
Tout le monde n’a pas les mêmes chances d’obtenir un rendez-vous médical selon une enquête de la société de conseil Medicine4i. Les habitants de l’ouest de la France et les ouvriers sont les grands perdants de ces disparités.
Des délais moyens d’attente pour un rendez-vous chez un spécialiste qui varient du simple au double selon la région ou la catégorie socioprofessionnelle du patient, des prises en charge médicales dont la qualité fluctue fortement d’un médecin à l’autre...
L’étude publiée mardi 11 juin par la société de conseil et de technologies en santé Medicine4i présente une saisissante photographie des inégalités d’accès aux soins en France.
Pour présenter les différentes formes prises par cette « médecine à deux vitesses », dénoncée par de nombreux Français lors du grand débat national qui s’est achevé fin avril, un sondage Harris interactive a été réalisé en février auprès d’un échantillon représentatif de 4 000 Français. « Les résultats sont à bien des égards discordants par rapport au discours ambiant, montrant une dégradation qui va bien au delà des déserts médicaux », assure Mathias Matallah, président de Medicine4i.
La Drees, le service statistique du ministère de la santé, a publié en octobre 2018 une importante enquête (21 700 personnes interrogées) sur les délais d’attente moyens par spécialité médicale, distinguant même demandes urgentes et demandes non urgentes, mais elle ne disait rien des écarts entre les régions ou du profil des patients. L’enquête publiée mardi vient donc compléter ces points.
Des régions à la traîne
c’est sans doute l’inégalité la plus immédiatement perceptible. En Bretagne, il faut compter en moyenne près de deux fois plus de temps qu’en ÃŽle-de-France pour
obtenir un rendez vous chez un spécialiste, toutes spécialités confondues. Quatre régions sont « particulièrement à la traîne », avec des délais d’attente large-
ment supérieurs à la moyenne nationale pour quasiment toutes les spécialités testées : Bretagne, Centre-Val de Loire, Normandie et Pays de Loire, soit près d’un quart (22 %) de la population adulte en France métropolitaine. Et si on y ajoute une partie du Nord Est où la situation n’est guère meilleure, on est probablement même plus près d’un Français sur trois. « s’appuyant sur des enquêtes réalisées ces dernières années auprès d’échantillons de 1 000 personnes (Jalma/IFOP), le président de Medicine4i assure que, en moyenne, au niveau national, » depuis 2012, la situation s’est dégradée partout sauf en ophtalmologie « . Dans cette spécialité, les délais moyens sont passés de 104 jours en 2012 à 101 jours en 2019. » Les chiffres indiquent une amélioration, même si on reste au delà de 100 jours et qu’un sondé sur quatre déclare un délai supérieur à 180 jours ", relève-t-il.
Pour les autres spécialités, les délais continuent de s’allonger. En sept ans, le délai moyen pour obtenir un rendez vous chez un cardiologue est par exemple passé de 38 à 61 jours et de 33 à 47,5 jours chez un ORL.
Les cadres attendraient 17 jours de moins que les ouvriers
Dans l’étude de la Drees publiée en 2014, les délais d’attente avaient été présentés comme le deuxième motif de renoncement aux soins, après les raisons financières. Selon l’étude présentée mardi, les ouvriers consulteraient moins les médecins spécialistes que les cadres et professions libérales.
Au cours des trois dernières années, seuls 16 % des ouvriers ont consulté un cardiologue contre 24 % des cadres, 52 % ont consulté un ophtalmologue contre 75 % des cadres. Outre ces différences, les délais d’attente pour obtenir un rendez vous sont eux aussi différents. Les cadres attendraient en moyenne 17 jours de moins que les ouvriers pour obtenir un rendez vous chez le cardiologue (53 contre 70) et cinquante jours de moins pour rendez-vous chez l’ophtalmologue (78 contre 128). Des raisons culturelles, « et notamment celle d’une bonne appropriation des stratégies à mettre en œuvre pour accéder aux soins » expliquent en partie cette différence. Seuls 35 % des ouvriers ont par exemple recours à des sites de prise de rendez-vous en ligne, contre 55 % des cadres. Ces derniers se sentent également plus « autorisés » à échanger par mail ou par téléphone avec leurs médecins, en dehors des consultations.
Ou bien les médecins eux mêmes ont-ils tendance, même inconsciemment, à ne pas proposer à tous les patients les mêmes conditions de prise en charge de leur santé ?
L’enquête relève enfin qu’un Français sur quatre est confronté à une prise en charge « bâclée », la consultation chez le spécialiste durant moins de quinze minutes. Un Français sur trois ne reçoit par ailleurs aucune explication sur ses traitements ou leurs effets secondaires
Voir l’article du Monde :
voir le site medicine4i
Effets secondaires
Selon le sondage ci-dessus :
Ξ 1 personne sur 3 déclare ne jamais recevoir d’information sur les effets secondaires des médicaments prescrits.
Ξ Seule 1 personne sur 6 reçoit une information systématique de la part de son médecin.
Ξ Près d’une personne sur 2 en affection longue durée ne reçoit pas d’informations deÌ tailleÌ es sur les effets secondaires.
Les patients sont alors exposés à plusieurs risques : mauvaises associations de médicaments, surdosage, allergies
Ecrit le 19 juin 2019
Le virage inclusif
La CRSA (Conférence Régionale Santé et Autonomie) des Pays de Loire a choisi de travailler sur le « virage inclusif » et l’accompagnement à domicile.
Une société dite « inclusive » s’adapte aux différences de la personne, va au-devant de ses besoins afin de lui donner toutes les chances de réussite dans la vie. Le virage inclusif, c’est faire en sorte que l’environnement s’adapte à la personne, permettre et accompagner la transformation de l’environnement existant tout en garantissant des services pour tous.
Le concept d’inclusion a été mis en lumière dans la « loi handicap » de 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » et en 2017 la loi sur la refondation de l’école consacre le principe d’inclusion scolaire.
La CRSA souhaite réfléchir aux conditions de la réussite de ce virage inclusif, en s’intéressant aux modèles existants et aux innovations.