Ecrit le 4 septembre 2019
diaporama pas sympa
Jusqu’Ã présent, au moins depuis deux cents ans, la santé économique de nos nations n’a jamais posé trop de soucis. Bon, c’est vrai, il y a eu quelques hoquets plus ou moins douloureux, graves ou plus bénins. Je pense à d’interminables et destructrices guerres entre voisins, à des famines ou épidémies, à quelques krachs effondrements ou soubresauts boursiers, monétaires ou sectoriels (enrichissant certains aux dépens d’autres moins inspirés). Je m’incline face à toutes les douleurs endurées et à toutes ces victimes innocentes.
Mais il faut reconnaître que notre niveau de vie, en général, n’a jamais cessé d’augmenter. Mais, comme à toutes les fins de repas joyeux, tombe la présentation de l’addition. Elle est bien lourde, bien plus que prévue.
Bref, ce fut notre passé. Et le Temps passe, immuable, bâtissant notre Futur ainsi que celui, primordial, de notre descendance. Chaque jour, chaque seconde apporte son (gros) lot de ’progrès’, profitable ou nuisible. Je cite ici l’éditorial de Ouest France du 16/08/19, signé par M. Djian : « la nouvelle quête d’insouciance ». Sauf pour les purs historiens, la mémoire humaine est très courte. Nos dégâts écologiques accumulés nous débordent et ne cesseront pas sous un claquement de doigt. Les tensions géopolitiques ne cessent de croître, dangereusement. Le nationalisme reprend du poil de la bête, des murs se construisent, physiquement (frontières) ou mentalement (dans les têtes).
Guerre froide oubliée
La guerre froide étant oubliée, la Russie (ou plutôt M. Poutine, 20 ans au pouvoir suprême) a rompu impunément le respect des frontières (Crimée, Ukraine) et apporte une aide militaire substantielle dans le conflit permanent du Moyen-Orient. Les U.S.A. peinent à suivre et à comprendre les décisions peu cohérentes de M. Trump. L’ Angleterre, qui s’en mord les doigts, s’apprête au saut dans l’inconnu dans un mois en quittant (sûrement sans accord négocié) l’immense marché économique de l’Union Européenne. Tout en élisant comme 1er ministre un M. Johnson dont la démarche trouble inquiète la plupart des membres de l’ U.E. J’en viens à l’Italie, sans gouvernement depuis l’éclatement prévisible de la coalition des deux extrêmes droite-gauche, lourdement endettée et au budget intenable. Ajoutons un zeste de soupçon de décroissance prévisionnelle en Allemagne, fleuron de l’Europe, et la coupe est pleine à se faire des frissons dans le dos. Bref tour d’horizon maussade, je cesse ici cette litanie de diapos négatives, qui serait sans fin.
Je voudrais seulement faire passer un constat : le G7, le sommet international annuel censé réunir les 7 nations les plus puissantes industrielles du monde (la Russie en est exclue depuis l’annexion de la Crimée) s’est tenu en France, à Biarritz, en Nouvelle-Aquitaine, du 24 au 26/08. Les invités (Allemagne, Canada, États-unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) ont débattu essentiellement de l’’inégalité’ et de l’’environnement’ (version officielle). La réunion fut électrique, et aucun accord commun n’a été publié ( pour mémoire, M. Trump avait rayé d’un trait rageur le communiqué commun du G7 2018 du Canada lors de son retour aux U.S.A.).
Mais voici le plus important : depuis 1975 (création du G8), « l’ordre international, c’est l’Occident qui le décidait » dixit M. Macron. Le G8 a pesé jusqu’Ã 70 % des richesses du Globe. A ce jour, « c’est 48 % ». Chine et Inde sont montées en puissance. Il y a renversement total. L’Occident n’est plus en mesure d’imposer quoi que ce soit sans aval et passe du statut d’acteur à celui de spectateur.
Les marchés financiers, les investisseurs, ne savent plus à quelle mamelle téter pour sauver quelques milliards de dollars. Les Bourses sont dans l’expectative et plutôt à la baisse générale (manque de visibilité). Le monde, à force d’uniformisation et de mondialisation, s’uniformise réellement, source de peurs ou de désintérêt. Sauf exception, pourquoi aller acheter ailleurs telle technologie ou tel savoir-faire qui se trouve à sa porte ? Les modifications des climats remettent une couche sur des tensions bien palpables. La migration de peuples entiers fait peur et laisse les gouvernements encore valides sans voix. Gros virage annoncé dès 2020.
Quête d’insouciance
En parallèle, l’humain, se foutant de mettre bout à bout ces nuages nocifs (ou toxiques au sens réel), est plutôt en quête d’égoïsme et d’insouciance. En réaction à de multiples changements qui vont s’accélérant, il se replie sur lui-même et défend ses seuls intérêts. Perdant ses repères, et habitué à vouloir ’toujours plus’, il ne veut pas imaginer voir ’son’ petit monde’ et son équilibre précaire être un peu secoué. Soumis au bombardement de la « wi-fi permanente » (excès d’infos, souvent contradictoires), il entend bien différentes alarmes et voit bien quelques feux passer au rouge persistant. Il a à la fois l’envie de plus d’ordre futur sans vouloir lâcher la moindre parcelle de sa liberté actuelle. Dans son maigre rayon d’action, et écrasé par la course au gigantisme d’entreprises trans-nationales qui dictent leurs propres lois, il se sent impuissant. Alors il s’en remet à Dieu ou je ne sais qui pour résoudre comme par magie ces problèmes qui le dépassent. Comme l’autruche, la tête dans le sable lui convient bien. Hors de question de sortir de sa « zone de confort ». Insouciance.
Pourtant, il va devoir modifier son mode de vie, profondément.
décroissance mal connue
Certes, la croissance économique tousse. Elle est principalement suivie par un marqueur admis mondialement : le P.I.B. (Produit Intérieur Brut, ou production de valeur ajoutée d’une nation). La théorie libérale des marchés (incluant la France) dicte que la croissance doit toujours être positive pour un bien-être partagé. Or le moteur s’essouffle, des P.I.B. passent en négatif. Nous parlons alors, à mots chuchotés et visages tendus dans les cercles d’investissement, de décroissance (ou récession). Cet aléa n’est que bref, vite effacé par les banques centrales qui relancent la machine économique. Mais elles aussi sont à bout de souffle, épuisées. Croissance infinie dans un Monde fini ? Utopie, aveuglement, ou bien mensonge avéré au citoyen ? Peu importe.
Différents signaux prédisent une crise imminente (d’ici 2 à 5 ans ?) et très sérieuse, avec décroissance (P.I.B. négatif) généralisée, possible et durable. La situation serait inouïe, et le web reste muet sur ce sujet. Si des gouvernements anticipent et s’y préparent, le tournant peut être plus ou moins serein. Sinon, il y a risque de chaos.
Une crise semble débuter par une période d’attentisme (spéculation) pariant sur une baisse des prix des biens et services. Les stocks invendus s’accumulant, la production et le flux d’argent correspondant diminuent, engendrant des licenciements pour ajustement de l’offre à la demande. Moins de production induit moins de d’offre de travail. Des tensions à la baisse des salaires se négocient, diminuant de fait le pouvoir d’achat. Dans une ère de surconsommation, le premier réflexe de bon sens est de colmater la fuite par le gaspillage. Puis, pour baisser encore les coûts, les industriels tentent de réduire l’empreinte de leurs produits (circuits courts, relocalisation, réorganisation). L’inflation (hausse du prix par rareté du produit) le dispute à la déflation ( baisse du prix face aux stocks pléthoriques). Face au chômage galopant, les Pouvoirs Publics, s’ils en ont le courage, vont comprimer les inégalités de richesse par la redistribution fiscale, les impôts rentrant à la baisse (mesure de justice sociale). Des coupes substantielles seront actées dans le Budget.
Outre les aspects matériels, l’essentiel sera de garantir aux peuples un air respirable, une eau potable à boire et une nourriture saine et abordable.
J’espère me tromper , mais l’Histoire se répète si souvent !!
Pascal, de Blain
L’économie européenne est à la peine. Pour limiter les dégâts, la zone euro dispose de marges de manœuvre budgétaires. Encore faut-il qu’elle se décide à les exploiter.
Lire ici : voir le site eviter-la-crise