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écrit le 4 août 2002
Après l’annonce par le Ministère des Finances, de la baisse de 5 % des impôts, décidée par MM.Chirac-Raffarin, le Syndicat national unifié des impôts (SNUI) et la fédération CFDT des finances ont fait des calculs riches d’enseignements. « Cette baisse ne concernera qu’un foyer fiscal sur deux (ceux payant l’impôt sur le revenu) et procurera un avantage d’autant plus important que les revenus seront élevés », déplore-t-on au SNUI. « C’est surtout pour la France de »très haut« que la baisse de l’impôt en 2002 sera sensible » dit-il.
Même analyse à la CFDT-Finances où l’on note que cette réforme entraînera cette année une perte de recettes fiscales de 2,5 milliards d’euros pour l’Etat (sur 53 milliards d’euros perçus au titre de l’Impôt sur le Revenu) : « Réduire l’impôt sur le revenu, ce n’est pas seulement réduire les moyens de l’Etat, c’est aussi réduire la justice fiscale en favorisant les plus aisés »
Pour un couple marié avec deux enfants (3 parts) :
Un couple marié avec deux enfants, déclarant 20 833 € (soit 11 400 F par mois) aura une réduction d’impôt de 27 € (soit 177 F), même pas le prix d’un repas au restaurant pour la famille.
Si ce couple déclare 62 708 € (34 300 F par mois), sa réduction d’impôt sera de 275 € (soit 1803 F). Ca c’est intéressant !
Si ce couple déclare 152 986 € (84 000 F par mois), il bénéficiera d’une réduction d’impôt de 1695 € (11 000 F). Ca c’est mirobolant, deux fois le salaire d’un SMICard.
D’aucuns diront : les gros revenus paient de gros impôts, c’est normal qu’ils bénéficient le plus des réductions d’impôt. Cela dit, il ne faut pas oublier que les impôts servent à financer les services que l’Etat rend à ses administrés, et qu’il est normal que chacun contribue en fonction de ses moyens. Il est donc intéressant de savoir ce qui reste à chacun, après impôt :
Couple à 20 833 €
Impôt 508 € il reste 11 110 F/mois
Couple à 62 708 €
Impôt 5233 € il reste 31 418 F/mois
Couple à 152 986 €
Impôt 32 213 € il reste 66 018 F/mois
Comme quoi, ceux qui ont de forts impôts ont aussi de beaux restes ! Il ne faut donc pas se plaindre de payer des impôts quand on a un revenu conséquent !.
Célibataires
Les écarts donnés ci-dessus concernent les couples mariés avec deux enfants. Ils sont plus importants encore pour les célibataires. Ainsi pour un célibataire déclarant 11 222 € par an (6134 F par mois, un peu plus que le SMIC), sa réduction d’impôt sera royale : 3 euros ! Bravo !
Pour un célibataire déclarant 83 333 € par an (45 500 F par mois), sa réduction sera de 1078 € (7000 F).
La baisse des impôts décidée par MM. Chirac-Raffarin est donc parfaitement inéquitable. « 10 % des Français les plus aisés vont capter 70 % de la baisse », s’est insurgé le Parti Communiste. Le Parti Socialiste, de son côté, rappelle qu’en élaborant son plan de réduction de l’impôt sur le revenu fin 2000, il avait pris soin de baisser davantage les tranches du bas du barème (dont les hauts revenus ont profité aussi) et de créer la prime pour l’emploi, un crédit d’impôt en faveur de 8,5 millions de foyers modestes, dont une grande partie ne paie pas l’Impôt sur le Revenu.
Quoi qu’on en dise, rappelons que c’est la Gauche qui a, pour l’instant, plus souvent et plus largement baissé l’impôt sur le revenu que la droite. Entre 2000 et 2002, M. Jospin l’aura en effet allégé de 7,3 milliards d’euros. Alain Juppé l’avait réduit de 3,8 milliards d’euros en 1997 et Edouard Balladur de 3 milliards d’euros en 1994.
Un signe fort aux cadres
Francis Mer, Ministre des Finances, assure que les 2,5 milliards d’euros rendus aux ménages à l’automne stimuleront la croissance et sont un signe fort adressé aux cadres supérieurs tentés de s’expatrier en raison du caractère plus attractif des fiscalités britannique, allemande ou italienne. On peut penser au contraire qu’il vaudrait mieux soutenir l’appétit de consommation des ménages à faibles ou moyens revenus, et donc l’activité, au moment où la reprise économique est hypothéquée par de lourdes incertitudes (plongeon des Bourses, réticences des entreprises françaises à investir, baisse sensible du moral des ménages...).
Mais tout ce débat ne doit pas faire oublier qu’il s’agit des impôts directs, et qu’il existe en notre pays une multitude de taxes sur la consommation qui, elles, touchent indifféremment les bas revenus comme les hauts revenus, et qui freinent sérieusement la croissance. Même si MM. Chirac-Raffarin ont bloqué les hausses de prix prévues pour l’électricité et les timbres-poste, il n’en reste pas moins que les hausses sur France-Telecom, sur l’essence et sur la SNCF vont toucher durement les plus bas revenus.
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Écrit le 25 juin 2003 :
On « gèle » dans les HLM
Ce n’est pas une question de température, mais une question financière. Depuis plusieurs semaines, les responsables de l’Union sociale pour l’habitat (USH) - la nouvelle appellation du mouvement HLM - se plaignent des gels et des annulations de crédits décidés par le gouvernement au cours du premier trimestre 2003, qui risquent de compromettre la construction de 12 000 HLM, selon Michel Delebarre, le président de l’USH (qui est un partisan de la majorité actuelle).
Le ministre M. de Robien s’est voulu rassurant. Mais toutes les inquiétudes ne sont pas pour autant levées et il a reçu un accueil glacial au congrès des HLM. Dans leur dernier rapport annuel, le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées et la Fondation Abbé-Pierre dénoncent cette situation en constatant la paupérisation croissante des locataires HLM.
Des incertitudes pèsent également sur l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (ANAH) grâce à laquelle sont mis sur le marché des logements à des prix abordables destinés aux familles à faibles revenus. Parallèlement les membres du Haut Comité ont été« surpris » par les décisions de M. de Robien en faveur de l’investissement locatif : « Au moment même où le gouvernement rencontre des difficultés budgétaires, il accorde des avantages fiscaux qui profiteront plutôt à des ménages aisés, disent-ils. Il serait souhaitable que cet effort soit plus équitablement réparti ».
Que voulez-vous, en baissant les impôts, on avantage ceux qui ont les moyens et pas les autres. Mais on ne peut pas contenter tout le monde !
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