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Grappillages du 23 avril 2008
Vocabulaire sarkozyste
Du Canard enchaîné du 16/04 : pour lancer une attaque en règle contre les dépenses sociales, le Code du travail, virer des fonctionnaires par dizaines de milliers tout en laissant les foules vaquer à leurs affaires quotidiennes, il faut du doigté, une force de persuasion d’arracheur de dents. Bref : un vocabulaire soigneusement étudié. Depuis quelques semaines, de nouvelles expressions poétiques fleurissent dans la bouche de nos gouvernants. Apprenons à parler la nouvelle sarkolangue !
Ne dites pas : on va tailler le budget dans le lard.
Dites : nous allons engager une « révision générale des politiques publiques » (Fillon).
Ne dites pas : on va supprimer la carte famille nombreuse.
Dites : nous demandons à la SNCF de « proposer des produits commerciaux pour les familles » (Nadine Morano).
Ne dîtes pas : fermons des hôpitaux.
Dites : voilà « le ferment de la renaissance de l’hôpital public ». (Sarkozy).
Ne dites pas : le RSA (revenu de solidarité active) va être réduit en chair à pâté.
Dites : il « sera calibré en fonction des disponibilités financières qui sont les nôtres » (Sarkozy).
Ne dites pas : je m’en vais dégraisser le mammouth de la défense et supprimer 40 000 emplois.
Dites : il faut engager « la clarification de la gouvernance » (Hervé Morin)
Ne dites pas : banzaï, ça va cogner.
Dites : « la réforme est un art d’exécution »(Sarkozy).
Ne dites pas : rigueur. Dites : réforme.
Ne dites pas : supprimer. Dites : moderniser.
Ne dites pas : vous êtes viré. Dites : vous devez vous adapter.
Ne dites pas : il faut tout casser. Dites : il faut restructurer.
Sarko a vraiment « changé », même le vocabulaire.
Chienlit à l’Élysée
Leplacide.com du 17/04 : Nicolas Sarkozy a rappelé à l’ordre les membres du gouvernement, après une nouvelle série de couacs dans la communication gouvernementale. « Le président de la République, à l’issue du conseil des ministres, a appelé tous les membres du gouvernement à la loyauté, à la solidarité et à la nécessité d’avoir une équipe soudée autour de lui et autour du Premier ministre », a déclaré le porte-parole du gouvernement.
Selon un autre membre du gouvernement, les propos du chef de l’État ont en fait été beaucoup plus fermes et ont pris la forme d’un dernier avertissement. Nicolas Sarkozy a rappelé qu’il avait déjà lancé quatre ou cinq mises en garde. « Il n’y aura pas de sixième fois », a-t-il ajouté
La semaine passée a été l’une des plus chaotiques pour le chef de l’État, le gouvernement et la majorité présidentielle. Les tensions ont culminé avec le débat parlementaire sur un projet de loi sur les OGM, sujet qui divise à la fois l’opinion, les ministres et la majorité. L’Élysée, Matignon et le gouvernement se sont aussi pris les pieds dans la communication sur la carte famille nombreuse puis la semaine s’est achevée sur des déclarations controversées de Roselyne Bachelot, laissant entendre qu’elle envisageait un déremboursement des frais d’optique.
Après le conseil des ministres Daniel Cohn-Bendit a été reçu dans le cadre des rendez-vous du chef de l’État avec les chefs de file des différents partis du Parlement européen en vue de la présidence française de l’Union européenne qui débutera le 1er juillet.
Vous a-t-il répété qu’il voulait « liquider mai 68 », a demandé une journaliste, allusion à une phrase du candidat Sarkozy lors de son dernier meeting en avril 2007. « Non », a répondu Daniel Cohn-Bendit. « Mais il va lire mon bouquin. Il va m’appeler et dire »je me suis trompé. Pardon... Je vais pas liquider 68. Au contraire. C’est très bien. Ça me permet d’être président ", a-t-il plaisanté.
Imprévisible Sarkozy
lefigaro.fr du 17/04 : l’Irish Daily Mail a publié le contenu d’un mail envoyé le 29 février par une diplomate britannique en poste à Dublin suite à une entrevue avec Dan Mullhall, un fonctionnaire des Affaires étrangères irlandais.
Tous deux se sont rencontrés pour discuter du référendum par lequel l’Irlande adaptera ou rejettera la traité de Lisbonne. Ce vote est capital pour Dublin, qui cherche donc à savoir à quel moment les électeurs auront le plus de chance de voter « oui ».
Dans son rapport, la diplomate explique alors : « Mulhall a dit que le choix d’une date en octobre aurait été plus facile sur le plan procédural. Mais le risque que des évènements contre-productifs surviennent au cours de la Présidence française - en particulier sur la défense européenne - est beaucoup trop élevé ».
Avant d’ajouter : « Nicolas Sarkozy est complètement imprévisible ».
L’ambassade britannique n’a pas nié la véracité de ce mail, se contentant d’un « nous ne commentons pas les fuites ».
pédophilie
De nouvelobs.com du 17/04 : le pape Benoît XVI a estimé mercredi 16 avril au soir devant les représentants américains de l’Église catholique romaine que le scandale des prêtres pédophiles qui avait éclaté en 2000 aux États-Unis a été « parfois très mal géré » par le clergé.
Deux jours plus tôt, le souverain pontife avait déjà exprimé son sentiment de « honte » par rapport à cette page de l’histoire de l’église américaine et avait appelé de ses voeux une politique de lutte contre la pédophilie dans les paroisses du pays, et celles du monde entier. []
réputé pour ses positions tranchées sur le respect des valeurs morales, le pape a lancé un appel à lutter contre la pornographie, première étape selon lui dans la lutte contre la pédophilie.
« Comment peut-on parler de la protection de l’enfance lorsque la pornographie et la violence sont aujourd’hui accessibles par tous à travers les médias ? », a-t-il lancé à l’assistance.
Ndlr : les prêtres pédophiles seraient donc des victimes de la pornographie ?
Avortement
De La Croix du 17 avril : « l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté, le 16 avril, une résolution »pour l’accès à un avortement sans risques et légal en Europe« par 102 voix contre 69 ».
Elle invite les 47 États membres du Conseil de l’Europe à dépénaliser l’avortement . Mais à défaut d’une recommandations du Conseil, le texte voté n’a aucun caractère contraignant et ne se traduira pas dans la législation européenne.
Mais il pourra avoir une influence sur les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, si elle était saisie dans une affaire d’avortement
Licenciée à cause de son poids
Nouvelobs.com du 16/04 : Une femme de 26 ans a porté plainte, devant le Conseil des Prud’hommes, contre La Poste pour discrimination, estimant avoir été licenciée à cause de son poids. [] Elle dénonce un licenciement abusif qui n’est pas dû à ses compétences professionnelles.
La jeune femme, qui avait signé un contrat à durée indéterminée le 21 février dernier, avait été affectée au poste de conseiller financier à Grenoble, puis licenciée le 14 mars. Selon le syndicat Sud, l’ex-employée de la Poste, qui a depuis retrouvé du travail, assure qu’elle a fait l’objet de remarques désobligeantes de la part du chef de l’agence en raison de son poids.
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Mée-disances du 30 avril 2008
régime spécial
Betapolitique.fr du 21/04 : Alors que le chômeur ordinaire bénéficie d’une indemnisation maximum de 23 mois pour une allocation moyenne de 800 € et qu’ensuite, dans le meilleur des cas, il percevra le RMI ou l’aSS (environ 400 € par mois), les députés, eux, seront désormais couverts sur la base de 5.400 € bruts de manière dégressive pendant cinq ans.
En octobre 2003, sous l’inspiration d’un gouvernement de droite qui songeait à se prémunir de la précarité alors qu’il a fait en sorte de l’imposer à son bon peuple, une discrète mesure a été prise par arrêté du Bureau de l’assemblée nationale, prévoyant que les députés qui ne seront pas réélus aux législatives du 17 juin 2007 pourront bénéficier pendant cinq ans - soit le temps d’une législature complète - d’une indemnité dégressive, financée par une cotisation spécifique de 0,5% créée à cet effet et prélevée sur leurs émoluments. Auparavant, ils étaient assurés de percevoir pendant six mois l’équivalent de leur indemnité de base - soit 5.400,32 € brut - s’ils ne retrouvaient pas tout de suite une activité.
Six mois, effectivement, c’était bien trop peu : le Bureau de l’assemblée nationale a donc décidé d’en décupler la durée. Les six premiers mois restent inchangés. Les six mois suivants, ces désoeuvrés percevront 70% de l’indemnité de base, puis 60%, puis 50% jusqu’au quatrième semestre. Ensuite, durant les trois années restantes, l’allocation diminuera de 5% tous les semestres pour atteindre jusqu’Ã 20% de l’indemnité de base, soit 1.080 € bruts.
Ndlr : le chômeur de base s’en réjouit !
Expulsions rentables
Du Canard enchaîné du 23/04 : deux agents d’escale au comptoir d’Air France à Roissy se sont indignés de voir, au cours d’expulsions de gens en situation irrégulière, les flics sortir leur carte « Flying Blue » (des cartes de fidélité) pour empocher les « miles » gratuits qui leur sont accordés, comme à tout voyageur, par la compagnie aérienne.
A raison de 23 000 éloignements en 2007, et sachant qu’en moyenne trois policiers accompagnent celui qui va être expulsé, voilà de quoi se constituer assez vite un joli stock de voyages gratuits sur le dos des clandestins. Sans compter que de nombreux flics bénéficient, du coup, du statut « Gold » réservé aux hommes d’affaires qui voyagent régulièrement aux frais de leur entreprise.
« Cette pratique n’est pas illicite, affirme-t-on au ministère de l’Intérieur. l’administration paie des billets d’avion nominatifs et les policiers profitent du système comme les cadres des entreprises françaises. Lors de la prochaine passation de marché avec notre voyagiste, nous poserons la question pour voir si notre ministère peut récupérer ce bonus ».
En attendant, cet été, les policiers et leurs familles iront se faire dorer gratis au soleil grâce aux expulsions.
Foutage de gueule du troisième âge
Betapolitique.fr du 25/04 : Ainsi, alors que le patronat français s’avère incapable de garder au travail les plus de 50 ans, tout ce qu’on a trouvé à faire est de supprimer le 30/12/2006 la loi Delalande, qui en taxant le licenciement des papys, avait été mise en place par Jospin pour enrayer le phénomène.
Mais on continue à exiger des dits papys qu’ils travaillent alors que personne ne veut les embaucher : on supprime la « dispense de recherche d’emploi » dont ils bénéficiaient entre 57 et 60 ans ! ...
témoignage : « j’avais obtenu cette fameuse dispense sans la demander, d’ailleurs, mais vu la maigreur des indemnités du chômage, j’avais quand même essayé de trouver du travail à 58 ans. Car une dispense n’est pas une interdiction On m’a carrément ri au nez ! Non seulement personne ne songe à s’adjoindre les services d’un chef opérateur de cet âge, mais on m’a carrément suggéré de cesser de rêver ! Tout ce que j’ai trouvé était une place de livreur, à un salaire très inférieur à mes indemnités de chômage, et même encore très inférieur à la moitié de mon dernier salaire A mon grand regret, j’ai donc commis l’incivisme de ne pas devenir chauffeur-livreur et de continuer à parasiter la république en percevant un chômage pour lequel j’avais quand même cotisé trente huit ans sans discontinuer. Avec toutes mes excuses ».
Salon de la matraque
De Bakchich.com du 25/04 : Le désir de reconnaissance internationale de la Chine l’oblige à accueillir toutes sortes de salons. Du 16 au 18 avril dernier, alors que les internautes chinois s’en donnaient à cœur joie contre la France, pékin accueillait la quatrième édition du Salon International des Équipements de Police de Chine. Autant dire un vrai salon de la matraque réservé aux policiers, diplomates, services secrets et autres barbouzes.
Cette grand-messe de la sécurité, organisée tous les deux ans par le ministère de la sécurité Publique chinois, a rassemblé cette année plus de 200 compagnies de sécurité, en majorité chinoises.
Les deux plus vastes stands étaient européens puisqu’il s’agissait de ceux d’EADS défense et sécurité ainsi que de l’italien Agusta Westland qui exposaient leurs hélicoptères dernier cri []
Les Américains et les Russes n’étaient pas en reste puisque les équipements américains de Blackhawk, et les russes de Kamov Helicopters avaient fait le déplacement. Idem pour quelques constructeurs automobiles qui ont profité à l’avance de l’ouverture le 22 avril du 10e Salon International de l’automobile de pékin. Ainsi, les Citroë n, Ford, BMW et autres Volkswagen ont présenté en avant-première leurs modèles aux couleurs de la police civile chinoise.
Exister en Chine est un art !
Le pluriel de Majesté
En grammaire française, le « nous » est le pluriel naturel de « je ». Mais en outre, le pronom personnel « nous » est employé à la place de « je » quand la personne, qui parle ou écrit, représente une personne morale, une association... au final lorsqu’il s’agit de représenter plusieurs personnes à travers celle qui s’exprime.
Le « nous » s’emploie aussi comme « pluriel de majesté ». « Nous avons décidé » disait le roi
Avec N.Sarkozy, le « je » était omniprésent dans ses discours : je ferai ceci, je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas. Mais, le 24 avril au soir, plus de « je » mais des « nous ». Selon Jean véronis, linguiste, dans Ouest-France du 26 avril, Sarkozy a beaucoup utilisé le mot « erreur » « mais il s’est bien gardé de l’assumer personnellement. Lorsqu’il a fait un mea culpa, il a utilisé systématiquement le » nous « plutôt que le » je « »..
En somme, si ça réussit, c’est grâce à moi et si ça rate c’est que « nous » n’avons pas eu de chance..
Tout ça fera_t-il remonter sa cote de popularité ? Cela dépendra des résultats économiques .
Popu laire laire
N.Sarkozy a annoncé qu’il fallait abaisser le plafond de ressources qui détermine le versement, ou non, de la prime pour l’emploi. De ce fait le nombre des bénéficiaires passerait de 8 millions à 4 millions.
Les économies réalisées serviront à mettre en place le RSA (revenu de solidarité active). En somme c’est déshabiller Paul pour habiller Jacques. Le gouvernement a plein d’idées tordues de ce genre mais il reste droit dans ses bottes pour refuser de toucher au « paquet fiscal » qui coûte 15 millliards par an aux finances publiques.