Ecrit le 24 septembre 2003 - Précédente
Le projet jeunesse de la Communauté de Communes Bof !
Le projet jeunesse de la Communauté de Communes du Castelbriantais a été donné aux membres du Conseil Communautaire en juin 2003. La Mée a laissé passer les vacances pour en faire une présentation.
Il s’agit d’un document en deux parties : un état des lieux et un projet jeunesse proprement dit.
L’état des lieux est essentiellement comptable : nombre de jeunes dans les écoles, nombre de salles de sports, centres de loisirs etc.
La première surprise vient des « personnes ressources » interrogées : sur 8 d’entre elles à Châteaubriant, 5 sont d’arrivée récente en notre ville et ne sont en contact avec la jeunesse que de façon administrative. Cela donne bien l’orientation de cet état des lieux.
De même, à Châteaubriant, les rédacteurs de l’état des lieux font mention de 12 associations « intervenant auprès de la jeunesse » : on y trouve 6 associations de parents d’élèves, 2 comités de jumelage, 2 associations d’obédience catholique (l’action catholique des enfants et la jeunesse indépendante chrétienne), l’ACLA (association castelbriantaise de loisirs et d’animation) et le foyer des jeunes travailleurs, mais pas l’Amicale laïque, ni la Mission Locale, ni d’autres associations très présentes auprès des jeunes.
Conseil Municipal des Jeunes
Il est question du Conseil Municipal des jeunes « progressivement les jeunes sont en train de prendre en main la démarche de projet ; qui était jusqu’alors supportée par les encadrants » est-il écrit . [On sait que c’est faux].
En ce qui concerne les adolescents le rapport signale qu’en 2002, dans les actions proposées par l’ACLA, « 127 jeunes ont participé aux activités et 550 sont passés »visiter« , ce qui ressort bien la potentialité d’actions en direction des jeunes sur Châteaubriant ». C’est là qu’on peut lire que les jeunes constituent « un public en recherche d’informalité » ce qui ne veut strictement rien dire ! Une chose est certaine : les actions jeunesse proposées cet été sur le territoire de la Communauté de Communes ont fait « flop » avec souvent zéro, un ou deux jeunes par après-midi. Cette année n’était proposé que du sport, l’an dernier étaient proposées des sorties variées : patinoire à Nantes, soirée barbecue, randonnée orientation, etc.
Stigmatisation : danger...
Sur Châteaubriant une chose étonne : la population du quartier Ville aux Roses est systématiquement dénigrée avec des phrases du genre « Cette population relativement repliée sur elle-même (...), les rassemblements de jeunes sont fréquents. Les phénomènes de bandes et le rôle des leaders semblent relativement marqués (...) Les conduites à risques concernant les consommations de psychotropes (...) sont notamment stigmatisées sur le quartier de la Ville aux Roses ». (1) (...) Quelques dégradations et tags sont à déplorer sur le gymnase de la Ville aux Roses et les abribus de la Ville Marie "(2)
Alors qu’est-ce qu’on propose à Châteaubriant ? « Un cinéma composé de 6 salles. Bowling et Billard (3). Réhabilitation des immeubles et des abords de la ville aux Roses. Conseil Local de sécurité et de prévention de la délinquance »
On sait aussi que la municipalité de Châteaubriant doit ouvrir prochainement un poste de police à la Ville aux Roses, mais à part ça, rien : rien sur un projet d’animations pour la jeunesse, rien sur le logement des jeunes, rien sur l’emploi des jeunes.
Il se trouve qu’il existe une « section jeunesse » à Fercé autour d’un local, des activités encadrées à Issé, un foyer des jeunes à La Chapelle-Glain. Un groupe de jeunes s’organise en autonomie au Grand Auverné. Ont-ils été consultés ? Non.
Une constante en effet : à part à Erbray, les rédacteurs de l’état des lieux n’ont pas rencontré les jeunes des communes. C’est assez incroyable de faire un « projet jeunesse » sans rencontrer les jeunes ! Les maires l’ont dit, à Louisfert par exemple : « Aller à la rencontre des jeunes pour évaluer les attentes ». mais cela n’a pas été fait. Des souhaits de « développer l’inter-génération » ont été émis à Noyal sur Brutz et Grand Auverné.
Bandes ?...
De nombreuses communes posent le problème des « phénomènes de bande » (Petit Auverné, Rougé, Soudan, Villepôt), du faible investissement des adolescents dans la vie associative locale (Noyal sur Brutz), des dégradations commises par les jeunes (Louisfert, Soudan), de la consommation d’alcool (dans presque toutes les communes) et de consommation de drogues douces (il est même question de commerce à Rougé et de trafic de stupéfiants à St Aubin). Le maire de St Aubin des Châteaux est conscient de la difficulté à satisfaire les attentes des jeunes « pour des raisons de finances et d’encadrements ». D’autant plus que le recrutement d’animateurs pour les centres de loisirs connaît de réelles difficultés.
Le problème qui se pose dans de nombreuses communes est celui-ci : la municipalité propose un local et des activités, « mais une certaine partie des jeunes ne s’associent pas au projet et posent des problèmes de rassemblement »sauvages« sur la commune » « avec notamment des problèmes de bruit (mobylettes) ». Autrement dit : les municipalités souhaitent encadrer étroitement les jeunes et s’inquiètent quand ils sortent du cadre pré-établi.
Cet état des lieux étant fait, avec ses limites (manque de consultation des jeunes), la Communauté de Communes a élaboré un « projet jeunesse » :
Quel projet ?
– Créer un poste de « chargé de développement à l’action associative » et un poste de « agent de développement de l’animation jeunesse »
– Créer une commission technique de 16 membres
– Organiser des formations d’animateurs sur le territoire
– Créer un Conseil des Jeunes à l’échelle de la Communauté de Communes durant l’année 2004
– Créer un centre social (pour pallier le « manque de lien social »)
– Créer des associations-supports (asso-ciations de jeunes et foyers).
– développer les temps d’ouverture des « Centres de Loisirs » et harmoniser les offres de services sur le territoire. On peut admirer le désir de réaliser des « actions d’animations en transversalité », de « proposer des événementielles sur les communes en réflexion » et de « bonifier les contenus et les prestations ».
– Etendre l’action préventive et informative du Point d’Information Jeunesse
Bref on peut dire tout ce qu’on veut dans un projet, à condition que les mots ronflants correspondent à des actions effectives. Attendons de voir ...
Le projet jeunesse, centré essentiellement sur le sport et les activités diverses, ne comporte rien sur l’emploi des jeunes, rien sur leur santé, rien sur leur logement, rien sur la formation, rien sur la mobilité des jeunes. Est-ce à dire qu’on va en rester à ce qui existe actuellement : occuper les jeunes pour éviter qu’ils fassent du bruit et des bêtises ? On aurait pu souhaiter un projet d’une autre envergure.
Pari sur l’avenir
Il manque un élément important dans le projet : si on fait un projet jeunesse, c’est pour répondre à la question « quels futurs adultes souhaitons-nous voir dans quelques années ? », c’est donc obligatoirement un projet politique au sens noble du terme où les adultes (nous) prennent des risques, font un pari sur l’avenir. Voulons-nous de futurs consommateurs douillets et gentils, voulons-nous de futurs citoyens étant capables de développer un esprit critique ?...Un projet jeunesse est fait pour interroger ça (chez les gens qui croient encore un minimum au mot politique, à la vie de la cité). Sinon, on énonce seulement des moyens de fonctionnement et ensuite on évalue uniquement la présence ou non des jeunes....