Monsieur 222 : l’homme aux 3 millions
Ernest-Antoine Seillière, président du MEDEF (Mouvement des entrepreneurs de France) a dévoilé, mercredi 29 mars 2000, son salaire de 1999. Accrochez-vous bien :
En tant qu’administrateur du groupe CGIP, il a reçu dans son année : 7 170 824,00 F
Sur cette somme, il a versé 637 949,00 F de charges sociales (ça ne fait pas beaucoup. 9 % seulement, alors qu’on estime que les charges salariales sont environ de 20 %), et 3 364 286,00 F d’impôts, il lui reste donc
3 168 589,00 F pour son année
ce qui représente la modique somme de
264 049,00 F par mois nets d’impôts
En fait, cette somme est encore inférieure à la réalité, car Ernest-Antoine n’y a pas inclus les rémunérations qu’il reçoit en tant qu’administrateur* de la Société Générale, de Peugeot-SA, d’Hermès ou Eridania-Béghin-Say. Il n’a pas non plus indiqué les plus-values rapportées par les stock-options qu’il possède. On dit que celles-ci se monteraient à quelque 11 320 347,00 F nettes d’impôt. Ainsi le président du MEDEF gagnerait 1 207 000,00 F par mois, nets d’impôts et de charges, soit 222 fois le SMIC.
Et on dit que d’autres patrons auraient un revenu supérieur à lui ... !. On se demande comment ces patrons peuvent comprendre ce que vit une famille où seul l’un des conjoints travaille pour le SMIC, c’est-Ã -dire 5 435,00 F par mois.
Ah ! une chose importante : de nombreuses voix continuent de réclamer un abaissement de la tranche supérieure de l’impôt. Indécent.
(*) ne pas confondre : un PDG et un administrateur. Le PDG administre l’entreprise, on pourrait dire au jour le jour. L’administrateur siège au « Conseil d’Administration » et, à ce titre, surveille ce que fait le PDG, non pas dans sa gestion quotidienne, mais dans ses résultats financiers. L’administrateur reçoit pour cela une rémunération qu’on appelle un « jeton de présence ».
Notons que quelques syndicalistes d’une entreprise ont le droit de siéger à certaines réunions du conseil d’administration, en tant qu’élus du Comité d’entreprise, avec voix consultative seulement. Mais ils ne perçoivent, eux, aucune rémunération pour cela.
(écrit le 10 juillet 2002) :
générosité
Le maire de New-York ne gagne rien. Lors de son élection il avait expliqué qu’il renoncerait à toute indemnité « Ca permet de rappeler que l’argent ne doit pas motiver tout ce que l’on fait ». générosité ...
Il se trouve seulement que, selon le Daily News, cet homme perçoit près de 15 millions de francs PAR SEMAINE sous forme de dividendes de sa société. Après impôts
Ecrit le 7 janvier 2004 :
Le pauvre
Ah ! ne soyons pas injustes, il y a des malheureux partout. Un certain Jean-Marie Messier, ex-pédégé de Vivendi, vit un véritable calvaire : il a dû renoncer aux quelque 20 400 000 € qu’il réclamait aux nouveaux dirigeants de son ancienne compagnie et c’est quasiment avec des trémolos dans la voix qu’il a dû reconnaître (Libération du 26 décembre 2003) : « c’est un sacrifice très lourd ... Quant à mes dettes, elles n’ont bien entendu pas disparu. Je vais devoir travailler pour les rembourser ».
Le drame de ce pauvre homme, c’est qu’il a gagné 5 123 611 € en 2001 à quoi s’ajoutent 125 325 € de jetons de présence pour ses fonctions d’administrateur chez Vivendi. De plus, il siégeait au conseil d’administration de Alcatel, BNP Paribas, Saint Gobain, LVMH, UGC et USANetworks, ce qui lui rapportait 30 000 e à chaque fois. En 2002, pour six mois d’activité il a perçu 5 600 000 €.
On mesurera l’horreur économique qu’il vit, en comparaison d’un SMICARD qui, lui, ne perd que 860 € par mois quand il est licencié.
Ecrit le 18 février 2004
Pauvre patron : + 52,2 %
Le patron d’UBS, Marcel Ospel, n’a vu son salaire augmenter que de 52,2 % en 2003 à 17,2 millions de francs suisses (ce qui représente 10,750 millions d’euros dans l’année, soit 896 000 € par mois, soit le salaire de 822 SMICards) Ainsi, avec le tiers de son salaire, il aurait de quoi payer tous les salariés de Focast ! et il lui resterait tout de même 597 000 € par mois. ... Whah !
(Les Echos du 11 février 2004)
Ecrit le 4 mai 2004 :
1 % pour 9000 vieux
Mais c’est pas tout, mais c’est pas tout ! Marianne pointe « les gabegies du privé », « les Golden hello (primes de bienvenue), parachutes dorés et retraites » chapeau « (des surcomplémentaires maison qui permettent à d’anciens dirigeants de percevoir plus de 50 % de leurs derniers salaires jusqu’Ã leur décès et de pulvériser le plafond des retraites classiques limité à 220 000 € par an) ». La revue signale que les salaires et avantages des grandes entreprises ont augmenté de 36 % en 2003, après 20 % en 2001 et 13 % en 2002. « Le baron Ernest Antoine Seillière est farouchement opposé à toute régulation des rémunérations des dirigeants. Dès lors, comment lui accorder le moindre crédit lorsqu’il réclame, avec ses amis du Medef, des baisses de charge sur le coût du travail ». En 2003 les sociétés tricolores ont servi plus de 17,3 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires (contre 14,5 en 2002, soit une progression de 19,3 %).
Pour les entreprises qui enregistrent des profits records (par exemple : 3,7 milliards d’euros pour la BNP, et 2,5 milliards d’euros pour la Société Générale), le député UMP Alain Joyandet propose de consacrer 1 % de ces bénéfices au fond de solidarité vieillesse (ce qui ferait 62 millions d’euros ...... soit 9070 personnes au « minimum vieillesse » pendant un an).
(le minimum vieillesse est de 6832,58 € par an pour une personne seule).
(d’après Marianne du 19 avril 2004)
Ecrit le 11 mai 2004 :
Chiffres Fortou
a) 2 256 220 euros, c’est le salaire de Jean René Fourtou, PDG de Vivendi, pour 2003. Ca fait 188 000 € par mois (soit 188 fois le SMIC). Le cher homme a reçu en outre 1 million de stock-options en octobre 2002, puis un nouveau million le 23 janvier 2003, puis encore un autre le 28 mai 2003. S’il les vend en Bourse cela peut lui rapporter 18 025 000 €. Le cher homme !
b) Près de 500 hauts fonctionnaires du Ministère des Finances vont bénéficier d’une bonification indiciaire, selon un décret paru le 29 avril (JO du 2 mai 2004). Le texte a un effet rétroactif du premier juillet 2003 et le montant annuel s’établira dans une fourchette comprise entre 9496 euros bruts et 3692 euros bruts annuels.
c) Le rapport de Monsieur Silicani (ancien commissaire à la réforme de l’Etat) qui vient d’être remis au Premier Ministre affirme que les hauts fonctionnaires qui perçoivent entre 130.000 et 118.000 euros bruts annuels sont moins rémunérés que leurs équivalents dans le privé. Le Gouvernement qui prône l’austérité pour tous et des coupes dans les crédits, a décidé d’octroyer à ces hauts fonctionnaires une augmentation de salaire comprise entre 3 % et 8 %.
Ecrit le 26 mai 2004 :
Vue panoramique sur salaires astronomiques
Ernest-Antoine Seillière, patron des patrons, est ferme sur ses principes : pas question d’augmenter les salaires, pour ne pas pénaliser les entreprises. Ca c’est ce qu’il dit publiquement. Mais, par derrière, il s’en passe des choses, qu’on sait ou qu’on ne sait pas. Or il se trouve que la loi oblige quelques grands patrons, ceux qui font l’indice boursier CAC 40, à faire connaître leurs rémunérations. Le Monde a fait quelques calculs (cf 11 mai 2004)
Le salaire total indiqué dans le tableau ci-contre inclut la partie fixe du salaire , la partie variable liée aux résultats du groupe, le jetons de présence touchés pour la participation aux conseils de leur groupe et des filiales, et les avantages en nature. Il ne comprend pas les jetons de présence pour participation à d’autres conseils d’administration, ni les stock options.
167 fois le SMIC
La rémunération moyenne des grands patrons français s’est élevée, dans l’année, à 2 000 000 € en moyenne (soit 167 fois le SMIC) avec une augmentation moyenne de 11,4 % (en excluant le cas d’Edouard Michelin), alors que, dans le même temps, la moyenne des augmentations salariales en France a été de 2,5 %.
Le mieux payé, Lindsay Owen-Jones a reçu 548 fois le SMIC
Pour l’année 2004, ces patrons sont assurés
de gagner davantage.
Les avantages en nature sont divers et ne figurent pas tous dans les chiffres ci-dessus. On pense aux logements et voitures de fonction, mais il peut y avoir la prise en charge par l’entreprise d’un conseiller fiscal personnel pour le président, ou des assurances personnelles, ou un complément de cotisation retraite. Il faut cependant savoir que ceci ne concerne la plupart du temps que les « grands » patrons. Un grand nombre de patrons, en dehors du CAC 40, ne se reconnaissent pas dans ces salaires de stars.
Aux USA, le financier Warenn Buffet estime que ces rémunérations ont perdu toute justification économique !
De 2750 à 5885 SMICards
Si chacun de ces 33 grands patrons se « contentait » de 1 million d’euros par an (ce qui ferait quand même 83 000 € par mois), cela permettrait de récupérer 33 000 000 € soit de quoi payer 2750 SMICards pendant un an.
Si chacun de ces 33 grands patrons se « contentait » de 0,5 million d’euros par an (ce qui ferait quand même 42 000 € par mois), cela permettrait de récupérer 49 500 000 € soit de quoi payer 4125 SMICards pendant un an.
Si chacun de ces 33 grands patrons se « contentait » de 5 000 € par mois, cela permettrait de récupérer 70 600 000 € soit de quoi payer 5885 SMICards pendant un an.
C’était notre rubrique : libertés, égalité ....
A lire :
Les salaires fous
Le numéro 206 d’Alternatives Economiques explique pourquoi « le capitalisme doit changer » et montre que les salaires fous des dirigeants des grands groupes n’ont pas rendu le capitalisme plus efficace. Par exemple, Jack Welch, ex-patron de General Electric a perçu, l’année précédant son départ à la retraite, une rémunération correspondant à 9000 fois le salaire moyen américain. La revue explique aussi la faillite du tout-routier en Angleterre. En vente partout - 3,50 €
Lire aussi à ce sujet Le Monde Diplomatique d’août 2003(sur les salaires des « patrons-voyous »)
Ecrit le 10 juin 2004 :
Michelin gagne cher et licencie
Michelin, dont le patron a bénéficié en 2003 d’un salaire de 4 260 000 € (en hausse de 146 % par rapport à l’année précédente) devrait supprimer environ 2 900 postes en France sur trois ans. La direction précise que ces réductions d’effectifs se feront par départs naturels, sans licenciement ou plan social.
Si M. Michelin se contentait de 10 000 € par mois (soit 10 fois le SMIC, ce qui est déjà joli), celui permettrait de sauver 345 postes.
Ecrit le 29 mars 2006 :
Le plus gros
Le patron le mieux payé d’Allemagne est Joseph Ackermann, dirigeant de la Deutsche Bank qui a gagné 11,9 millions d’euros en 2005, soit 32 600 euros par jour, soit le salaire de 1190 SMICards. Que fait-il de tous ces zéros ?
Ecrit le 14 juin 2006 :
240 fois le SMIC
D’Ouest-France du 06/06 : la société de conseil aux actionnaires Proxinvest propose de plafonner le salaire des patrons des entreprises françaises à 240 fois le SMIC, s’ils n’en sont pas les fondateurs...
Ndlr : mais, que font les syndicats ?
Qu’est-ce qu’une transaction ?
Une transaction à 37 millions d’euros
Ecrit le 25 octobre 2006 :
Qu’est-ce quue l’envie ?
L’envie est un très très vilain défaut. Rendez-vous compte : il y a des salariés, chez Bull, qui protestent contre le gel des salaires que leur a imposé leur patron. Ces salariés vont jusqu’Ã envier ce pauvre patron, parce qu’il gagne 42 000 € bruts par mois et qu’il a obtenu, en plus, environ 300 000 € en 2005.
Si chacun des 180 salariés recevait une augmentation de 100 € par mois, cela relancerait la consommation et il resterait tout de même 24 000 € par mois au patron. Une misère !
A propos, vous souvenez-vous de la liste des sept péchés capitaux ? L’orgueil, l’envie, la luxure, la colère, la gourmandise, l’avarice et la paresse. Ce sont tout simplement des « péchés » inventés par les grands pour contraindre les petits à se tenir tranquilles.
Ecarts de revenus : Un bouton et un bouton ça fait ...