(écrit le 25 juin 2002)
Après les élections présidentielles et législatives de mai-juin 2002, il se trouve que la situation de l’assurance-chômage n’est pas bonne, au point que la baisse des cotisations, qui devait avoir lieu au 1er juillet, est reportée au 1er janvier 2003
De plus, « une majoration temporaire des contributions », de 0,2 point, sera appliquée entre le 1er juillet 2002 et le 31 décembre 2002.
Par ailleurs les signataires du PARE ont décidé d’augmenter le différé d’indemnisation (8 jours au lieu de 7) et le délai de carence (période pendant laquelle le demandeur d’emploi ne perçoit pas d’indemnisation après son inscription). Tous les salariés âgés de 55 ans et plus ne bénéficieront plus du système dérogatoire qui leur était jusqu’ici appliqué : dispensés de recherche d’emploi, ils avaient en effet l’assurance de percevoir leur indemnité pendant 60 mois, jusqu’Ã leur départ en retraite. désormais, cela sera réservé à ceux qui justifient d’une activité professionnelle de 25 ans. Selon la CGT, cette nouvelle condition, exclurait 24 000 personnes. Pour les autres, ce sera 45 mois d’allocation seulement. L’aide dégressive versée aux employeurs qui recrutent des salariés âgés de 55 ans et plus est également revue : elle sera appliquée aux personnes embauchées inscrites depuis au moins trois mois comme demandeur d’emploi et allocataire des Assedic.
Ca veut dire que pour les chômeurs les choses s’aggravent, d’autant plus que le Medef se réserve la possibilité d’obtenir des mesures beaucoup plus drastiques en 2003, comme par exemple le rétablissement de la dégressivité des allocations chômage.
écrit le 30 octobre 2002 :
Fillon lâche les freins du chômage
Les entreprises ont procédé à 150 000 licenciements économiques au premier semestre 2002. D’autres devraient suivre dans les prochains mois. François Fillon en profite pour suspendre pour dix-huit mois le volet anti-licenciements de la loi de « modernisation sociale » ce qui peut entraîner, dans l’immédiat, une forte hausse du nombre des plans « sociaux ». Des entreprises, dissuadées de licencier par l’allongement des procédures prévu dans la loi de modernisation sociale, pourraient maintenant être tentées de se « lâcher ».
Le gouvernement ne s’attend pas à une inflexion de la courbe du chômage dans les prochains mois au moment où tous les clignotants sont au rouge. Principal moteur de la croissance depuis des années, la consommation se tasse, compromettant un peu plus les chances de reprise
Le moral des ménages est lui aussi en berne et on ne voit guère, à moyen terme, ce qui pourrait l’améliorer : le chômage augmente depuis mai 2001. Les perspectives de redémarrage de l’activité s’éloignent. Et les entreprises françaises, qui investissent peu, ne seront pas les mieux placées pour bénéficier du mouvement de reprise mondial, lorsqu’il se produira.
La France va donc détruire des emplois en 2002 comme en 2003. Le nombre des chômeurs (2,4 millions) va continuer à croître. Et comme toujours en pareille circonstance, les chances de retour à l’emploi des personnes les plus fragiles (chômeurs de longue durée, personnes peu ou pas qualifiées, etc.) vont se réduire. Durant les années fastes, le gouvernement Jospin n’était pas parvenu à entamer ce « noyau dur » du chômage, et il a peu de chances de l’être dans les mois qui viennent.
Les entreprises sont, en effet, le pied sur le frein. Elles limitent les embauches, laissant augurer une nouvelle flambée du chômage des jeunes. L’Association pour l’emploi des cadres (APEC) relève une diminution de 42 % des offres d’emplois cadres publiées dans la presse. De son côté, le ministère du travail a constaté, au premier semestre, 40 000 licenciements économiques de plus que sur la même période de 2001. Et les annonces de plans « sociaux » s’accumulent, provoquant, dans certaines régions, la nervosité des préfets.
Plus encore que les plans sociaux des grands groupes, ce sont ceux des petites entreprises et les trains de suppressions de postes hors plan social qui fragilisent le tissu économique et social de nombreuses régions et peuvent déclencher des mouvements violents. « Il y a de plus en plus de plans sociaux portant sur des effectifs apparemment limités (15 à 20 personnes). Mais, ajoutés les uns aux autres, cela finit par faire beaucoup. Chaque mois, 200 à 300 emplois peuvent ainsi disparaître », témoigne un directeur départemental du travail du Sud-Ouest pour le journal Le Monde du 24 octobre 2002
DÉFICIT DE L’UNEDIC
Autre sujet d’inquiétude : les finances de l’Unedic, n’ont pas résisté à la poussée du chômage. Le déficit devrait être de 3,5 milliards d’euros à la fin de 2002. Le patronat et les syndicats, gestionnaires du régime, se retrouveront probablement en décembre, après les élections prud’homales, pour négocier de nouvelles dispositions. Mais les débats sur l’avenir du plan d’aide au retour à l’emploi (PARE) et sur un éventuel retour de la dégressivité des allocations pointent déjà .
Le premier Ministre admet désormais que la baisse des charges sociales, dans laquelle il voit un outil au service de la compétitivité des entreprises, prendra plus de temps que prévu et commence à comprendre qu’il devra réactiver le traitement social du chômage (CES, CEC, etc.) alors même qu’il vient de tenter le contraire.
Le début de l’année 2003 s’annonce redoutable pour le gouvernement, et notamment pour François Fillon, qui a promis d’ouvrir le dossier des retraites et devra affronter, mois après mois, l’augmentation du chômage.
Quant au Ministre de l’Intérieur, il ne doit pas s’attendre à une baisse de l’insécurité : le désœuvrement et le désespoir de nombreuses personnes condamnées au chômage, ne peuvent que les pousser à la dépression et à diverses extrémités.